Santander cherche acquéreur pour les actifs toxiques issus de Popular
La banque veut réduire son exposition au secteur immobilier et cherche un fonds d'investissement pour acheter 51% du portefeuille de biens et crédits douteux
Santander cherche un partenaire pour gérer un grand nettoyage. Il s'agit de se débarrasser des actifs toxiques, immeubles et crédits, hérités de Banco Popular , acquise en juin dernier pour 1 euro symbolique, alors qu'elle était au bord de la faillite. Santander demande 5 milliards en échange de 51% d'un portefeuille dont le montant global est évalué à 30 milliards.
La banque a reçu lundi soir trois offres des fonds d'investissements Lone Star, Blackstone et Apollo. Elle devrait étudier les dossier et trancher dans les prochaines semaines.
Moins de deux mois après l'absorption de Popular, la présidente du groupe Santander, Ana Botin, a pris les choses en main. Elle a lancé une augmentation de capital de 7 milliards pour faire face à l'intégration de la petite banque et mobilisé 7,2 milliards destinés à couvrir provisions et impayés liés au secteur immobilier.
Trancher dans le vif
Elle s'est donné 18 mois pour se débarrasser des actifs toxiques dont sa banque vient d'hériter. C'est précisément ce que Popular avait refusé durant des années , résistant à brader son encombrant patrimoine dans l'espoir d'une reprise prochaine du secteur, avant de se voir tirer vers le fond par son boulet immobilier.
Santander ne commettra pas la même erreur. Habituée à trancher dans le vif, la banque déjà été capable de réduire drastiquement son exposition au secteur immobilier qui a diminué de 60% depuis 2012, quitte à se débarrasser d'immeubles avec un discount de jusqu'à 70% plutôt que de les garder dans ses livres de comptes.
La banque paraît décidée à appliquer la même méthode, préférant lever les tapis et vider les armoires, en vendant les immeubles avec une décote de 40% s'il le faut. Son objectif est bien que l'intégration de Popular soit fructueuse pour l'actionnaire. Elle devra commencer à porter ses fruits à partir de 2019, avec une rentabilité de l'investissement, à hauteur de 13 ou 14 % d'ici 2020.
Une évaluation des actifs complexe
Malgré ce volontarisme, il est difficile de voir clair dans les affaires de la petite banque. Au moment de l'ouverture de l'augmentation de capital le 4 juillet, Santander avertissait d'éventuels "risques occultes" sur les comptes de l'entité. Les candidats au rachat du portefeuille immobilier se heurtent au même flou.
L'évaluation des actifs accumulés par Popular est compliquée, avec au total quelques 130.000 immeubles et crédits en souffrance. Les candidats avancent à l'aveuglette, estime un analyste du secteur et les mauvaises surprises sont possibles pour le futur acquéreur. Même si l'appréciable reprise du marché immobilier espagnol devrait aider à arrondir les angles.
CecileThibaud Lesechos.fr