Sarah Halimi : "un procès aux Assises aurait éclairé l'environnement socioculturel de l'assassin"

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Meurtre de Sarah Halimi: «Un procès aurait éclairé l’environnement socioculturel de l’assassin»

L’essayiste Barbara Lefebvre juge que la responsabilité de Kobili Traoré méritait d’être étudiée aux assises, quitte à ce qu’un jury populaire le déclare irresponsable.

Par Alexandre Devecchio

Publié le 19 décembre 2019 à 20:45,

LE FIGARO. - Regrettez-vous l’absence de procès? Comprenez-vous cette décision?

Barbara LEFEBVRE. - C’est une décision de justice qui doit être respectée en tant que telle. Les recours existent, notamment un pourvoi en cassation, mais s’agissant du fond de l’affaire, il ne fera plus l’objet d’une nouvelle procédure. Cela dit, tout citoyen est en droit d’en discuter le bien-fondé au regard des faits qui ont été décrits, notamment lors de l’audience du 27 novembre, à laquelle j’ai assisté. À l’instar du psychiatre Daniel Zagury et des parties civiles, je pense que la responsabilité de Kobili Traoré méritait d’être étudiée aux assises, quitte à ce qu’un jury populaire le déclare irresponsable. Or, la décision prise jeudi par les juges de la chambre de l’instruction ouvre la voie à sa prochaine libération. Les experts présents à l’audience ont admis qu’il ne présentait aucun trouble psychotique, il va bien. Sommes-nous en URSS où on enfermait à vie dans un hôpital psychiatrique des gens bien portants? Notre logique judiciaire veut qu’il soit libéré. Or, ce trentenaire a été décrit par les experts psychiatres comme un sociopathe. Il a réussi durant son internement à se procurer du cannabis, ce qui a provoqué une nouvelle bouffée délirante.

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En quoi ce procès aurait-il pu être éclairant?

Il aurait permis d’approfondir une enquête où des éléments sont restés inexploités ou superficiellement traités, sans parler du refus de procéder à une reconstitution. Les débats aux assises auraient éclairé la personnalité de l’assassin, surtout son environnement socioculturel: croyance dans les envoûtements, fréquentation d’une mosquée islamiste, délinquant multirécidiviste et surconsommation de stupéfiants. La bouffée délirante aiguë qui a conduit au meurtre n’est pas survenue sur un terrain vierge. Les délires mystiques sont pourvoyeurs d’actes criminels, ici la vulgate antijuive islamique dans laquelle Kobili Traoré a baigné lui a fait considérer le Juif comme l’incarnation vivante du Mal. Ce sheitan, qu’il s’est vanté d’avoir tué après avoir massacré Sarah Halimi. La dimension antisémite du crime a d’ailleurs été reconnue lors de l’instruction par la défense qui n’a pas cherché à la contester.

Vous avez suivi l’affaire depuis le début. Que dit-elle de la société française?

La nation française a hélas été découpée en parts de marché communautaire. Un journaliste a osé écrire après la mort de Sarah Halimi en avril 2017: «la mort d’une vieille dame émeut la communauté juive». Madame Halimi était une citoyenne française, la réduire à son identité juive, est-ce dire que seuls les Juifs sont concernés? On avait déjà vu ce procédé après l’assassinat d’Ilan Halimi ou l’attentat de l’école juive de Toulouse. Il serait temps que certains faiseurs d’opinion cessent de diviser la France en communautés pour mieux excuser certains d’en violenter d’autres. Les Français juifs sont, depuis deux décennies, les cibles privilégiées de ceux qui menacent la France tout entière: l’islam politique allié à la délinquance incrustée dans les quartiers. Qu’on cesse avec le «devoir de mémoire» pour agir concrètement contre la peste islamiste.