Si on ne peut plus rire entre destructeurs de la nature...

Dans les petites actualités, il y a une douzaine de jours, pour le départ de la préfète Cécile Bigot-Dekeyzer, le président du Département des Hautes-Alpes Jean-Marie Bernard lui fait un cadeau… Des tourtons du Champsaur ? Du miel de mon copain berger Pascal Labbé ? Un maillot de coureuse pour grimper l’Izoard à vélo ? Du génépi du Queyras ?  Perdu : une queue de loup !

Un « clin d'oeil », selon les termes du facétieux élu… Bah oui si on ne plus rire entre destructeurs de la nature ! Non, ce n’est pas de mauvais goût, c’est juste quelques éleveurs et élus d’un département qui voudraient crucifier Jean-Michel Bertrand et son film « Marche avec les loups ». C’est sûrement une pratique culturelle qui faisait plaisir au Moyen Âge où on flinguait, piégeait du Ysengrin au km, on touchait des primes, autre temps, autres mœurs. Qui sommes-nous pour juger ? Mais au 21ème siècle… « Que me dites vous … ? Espèce protégée ? Crise de la biodiversité ? Mais vous parlez de quoi ? On est entre gens sérieux, notre problème c’est les canons à neige et les conséquentes subventions à l’élevage ».

La Sénatrice locale Patricia Morhet-Richaud, femme bosseuse, présidente du groupe pastoralisme souhaite le développement de mesures alternatives aux tirs de prélèvement pour réapprendre aux loups à se méfier et à se tenir à l'écart des Hommes – là, elle a raison – et au passage raboter la Convention de Berne qui protègent le canidé pour le cartonner encore plus.

Ce qui ne changera rien comme nous l’a très bien expliqué à ce micro le 12 janvier Jean-Michel Bertrand sur la dynamique de l’espèce. Réécoutez, podcastez, c’est limpide. Reconnaissons que le dit canidé n’y met pas du sien pour se faire accepter en trucidant joyeusement le fruit du travail des éleveurs, On comprend très bien le courroux, l’accablement de certains face à ce prédateur, oui… mais pas la haine. 

Au-delà de la question éthique, la question de la légalité se pose. Le loup est une espèce en théorie protégée. Il est illégal de transporter sa dépouille, ou une partie, sans autorisation et à fortiori d’en disposer pour faire un « cadeau » avec ou sans ruban autour.

Que fera le Procureur de la République de Gap, classera-t’il sans suite l’affaire ?  On a les élus progressistes qu’on mérite. Mais vive ce département où mon micro sera toujours éclairé par le bleu 05 et plein de belles âmes qui y vivent.

Et excellente nouvelle cueillie ce vendredi, cela fait suite au reportage Calanques de la semaine dernière. Quatre braconniers qui péchaient illégalement entre 2013 et 2017 sont condamnés à verser plus de 350 000€ de préjudice écologique au Parc National des Calanques. Oh…3 fois rien, 4,5 tonnes de poissons et de poulpes et plus de 16 000 douzaines d’oursins. Enfin une vraie première en France de cette envergure. Les gardes du Parc, la gendarmerie, le procureur, le tribunal correctionnel nous le disions sont très solides, déterminés sur le sujet, tant mieux. Et cela fera réfléchir les apprentis braconniers. Non ce n’est pas de l’écologie punitive, il s’agit de répliquer légalement à la crapulerie et au pillage de la biodiversité. Les familles éplorées des oursins, poissons et poulpes qui étaient revendus aux restaurateurs parfaitement au courant remercient l’Etat et ses agents d’appliquer le droit.

Denis Cheissoux