SOUNDJATA ou l’Épopée Mandingue – Djibril TAMSIR NIANE
Ce livre rend un vibrant hommage au peuple Mandingue, à l’histoire africaine, à la culture du continent noir. C’est l’histoire de Maghan Mari DJATA, dit Sogolon DJATA ou SOUNDJATA, descendant de la grande famille KEITA, famille royale. C’est l’épopée d’un conquérant et celle de son peuple délivré.
Il était un Roi
Les devins avaient prédit à son père une destinée extraordinaire pour ce fils. Celui qui allait marquer l’histoire naîtrait de l’union du roi avec une fille de Dô, au physique disgracieux et difficile à dompter: Sogolon, la femme buffle. Ainsi, lorsque deux chasseurs traversèrent sa cour suivi de cette dernière, il accorda du crédit à la prémonition du chasseur-devin venu à sa rencontre auparavant. Le mariage eut lieu. Il usa de ruse pour la dompter et elle conçut. Tout le royaume attendait cette naissance, et encore plus la première épouse du roi qui se sentait intriguée et menacée.
Le fils de Sogolon naquit. Mère et fils bénéficiaient des bonnes grâces du roi, attisant la jalousie de sa première femme. Trois ans, et l’enfant ne marchait toujours pas. Cela inquiétait le roi et le peuple qui se demandaient si la prophétie était vraie. Le griot du roi, son bras droit – celui qui maîtrisait toute l’histoire des générations ascendantes, les rouages du pouvoir et des traditions, et également devin – le rassura. Le temps passa. Sept ans, et il ne marchait toujours pas. Le roi sentant son heure arriver, confia à ce fils un griot, comme tout roi devait en avoir. Il mourut. Tout bascula.
Sogolon et sa progéniture furent jetés dans la partie la moins lotie de la cour royale. Le fils de Sassouma la première épouse fut intronisé roi, contre la volonté du défunt et de son griot. Mais l’infirmité de Soundjata ne convainquit pas.
La révélation
Un jour, Sogolon voulut des feuilles de baobab pour cuisiner. Il n’en restait plus et elle alla en demander à sa coépouse. Cette dernière l’humilia en lui rétorquant que son fils à elle allait lui en chercher quand il avait sept ans, contrairement au fils de Sogolon qui se traînait encore à cet âge. Sogolon partit en pleurant et conta son humiliation à son fils en le grondant. “Que veux-tu que je fasses ?” demanda-t-il. “Je veux tout l’arbre”, répondit-elle en sanglotant. “Aujourd’hui même je vais marcher !”, rétorqua-t-il en toute quiétude, puis il continua son repas.
Soundjata demanda à son griot de commander une cane au forgeron. Quand le griot arriva chez le forgeron, la cane était déjà prête. “Le moment est arrivé !”. Il la porta à Soundjata. De toutes ses forces, ce dernier s’aida de la cane pour se tenir debout. Devant sa mère et une foule stupéfaites, il fit ses premiers pas. Il trouva un baobab, l’arracha en entier et le porta jusqu’à sa mère. “Tu ne manqueras plus jamais de feuilles de baobab”, lui dit-il. Dès lors, tout le royaume de Niani eut vent de sa force et tous les princes des royaumes voisins venaient jouer avec lui. Il était un excellent chasseur, bourré de sagesse.
La reine mère sentit grandir la menace et complota avec des sorcières pour le tuer. Le plan échoua, et Soundjata sût même s’attirer leurs faveurs. Mais Sogolon, afin de protéger sa famille, dû s’exiler avec ses enfants.
La conquête
De nombreuses péripéties les entraînèrent de royaume en royaume. Partout, Soundjata s’illustra par sa force, son leadership, sa gesse – et gagnait ainsi l’estime de ses hôtes. Niani pendant ce temps, était tombé sous l’emprise du méchant et jusque là invincible roi de Sosso. Puis, Sogolon mourut.
Soundjata partit à la reconquête de son royaume avec ses compagnons. Plusieurs rois de royaumes vaincus vinrent lui porter appui. Forts de cette armée et de secrets mystiques, ils purent vaincre le roi de Sosso, délivrer Niani et les autres royaumes. Les royaumes alliés formèrent l’Empire Mandingue. Soundjata, Empereur et roi de Niani, restitua leurs pouvoirs aux autres rois qui devaient lui rendre des comptes; il établit aussi les règles régissant les différents royaumes. Le règne de Soundjata marqua une ère prospère pour tout l’Empire Mandingue.
Ainsi les KEITA seraient descendants de la famille royale et les KOUYATE de leurs griots. Un des descendants célèbres de Soundjata est Salif Keita, chanteur malien à la carrière bien garnie. Ce dernier a d’ailleurs connu le rejet de sa famille à ses débuts en raison du choix de sa carrière musicale, pourtant réservée aux griots.
Djibril Tamsir Niane, Soudjata ou l’épopée mandingue, Présence africaine, 2000, 153p.
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