Sourds et malentendants : des conditions de travail délétères selon l'INPES
En parcourant les sites web et forums à propos de la surdité, on trouve facilement un constat assez sombre de l’accès des sourds et malentendants à l’emploi.
Extraits du « Rapport à la santé des personnes sourdes, malentendantes ou ayant des troubles de l’audition » de L’INPES issus du chapitre « IV.1. Des conditions de travail souvent délétères » :
Au travail, les difficultés de communication et leurs conséquences sont exacerbées en raison de la pression économique et de l’inadaptation des postes tandis que le bruit (open spaces, souffleries, chantiers, enfants en milieu scolaire…) est, plus qu’ailleurs, source de fatigue. Certains risques d’incidents ou d’accidents sont majorés. Même si cela ne concerne pas toutes les personnes interrogées, les possibilités d’évolutions, les prises de responsabilités sont souvent limitées, des carrières professionnelles s’avèrent chaotiques, descendantes, avec des reclassements à des postes moins bien côtés sous des prétextes parfois jugés fallacieux. Beaucoup d’efforts (souvent à sens unique) sont fournis pour rechercher les informations transmises oralement et qui leur échappent, pour s’adapter à l’environnement de travail, avec pour conséquence une pression et du stress qui retentissent sur la santé…
Les vexations, mises à l’écart, formes de stigmatisation semblent fréquentes. D’après Thomas (44 ans, sourd signant), le manque de possibilité de communication génère des situations de harcèlement moral, des formes d’oppression et de la discrimination. Aussi, les relations au travail peuvent occasionner de grandes souffrances (dépressions, angoisse, sentiment d’isolement) et de la fatigue, en particulier pour ceux qui se trouvent isolés parmi les entendants ou amenés à communiquer fréquemment oralement, par téléphone ou lors de réunion …
Ensuite, un sentiment de solitude, voire de marginalisation sur le lieu de travail peut s’accompagner d’humiliations, par exemple quand des collègues rendent public le dégoût occasionné par la manipulation des appareils auditifs. S. Dalle-Nazébi (2009) parle ainsi d’une « succession de violences ordinaires », aggravées ou cumulées par le fait que les personnes sourdes (signantes dans l’étude) se voient incriminées pour leurs faiblesses psychologiques lorsqu’elles réagissent à ce manque d’empathie et d’échanges et par l’absence de possibilité d’exprimer leurs difficultés du fait de l’absence de personnel qualifié en LSF.
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La totalité de ce rapport est trouvable sur le site de l’INPES. On y perçoit une inadaptation des postes et un manque de sensibilisation des équipes : un manque au niveau technique et au niveau humain.
https://www.santepubliquefrance.fr/content/download/141370/2118021?version=1