Spotify, Apple Music, YouTube : les artistes réclament plus d’argent par chanson écoutée
La commission britannique rappelle plusieurs points qui ont motivé cette enquête. Le streaming génère plus de 50 % des revenus du marché de la musique. Il est aujourd’hui le moyen de contact privilégié entre le consommateur et l’artiste. Au Royaume-Uni, le streaming musical représentait en 2019 un chiffre d’affaires d’un milliard de livres sterling, pour 114 milliards de chansons streamées. Sur cette somme, seuls 13 % vont aux artistes (chanteurs, groupes, compositeurs, auteurs).
En 2020, la situation est certainement plus accentuée encore. Le confinement, également imposé aux Britanniques, a favorisé une augmentation de l’audience des plates-formes de streaming musical, au détriment des autres formes de diffusion. En outre, les artistes n’ont pu organiser des concerts ou participer des festivals. Si bien que les seuls revenus proviennent du streaming.
Les reversements des plates-formes sont trop faibles
Depuis un mois, la commission interroge les professionnels de la musique, notamment les artistes. Un article publié sur le portail de la BBC rapporte les propos tenus par certains d’entre eux auprès des parlementaires de la commission. Tous expliquent que les reversements des plates-formes de streaming sont « assez horribles ». Spotify, leader mondial, paie entre 0,22 centime et 0,43 centime (nous parlons bien de centime d’euro). Apple Music paie 0,66 centime par chanson. Et YouTube ne débourse que 0,06 centime.
Quand un artiste réalise plusieurs millions de streams par mois, les revenus sont relativement confortables. Mais que se passe-t-il pour tous les artistes plus confidentiels, ceux qui n’intègrent pas les playlists les plus populaires, ou encore les nouveaux artistes qui présentent leurs premières productions ? La situation est beaucoup plus délicate. Interrogé par les parlementaires britanniques, Ed O’Brien, guitariste du groupe Radiohead, explique qu’un jeune talent ou un nouvel artiste aura beaucoup de difficulté à vivre de son travail.
Nadine Shah, artiste britannique, ajoute que les revenus des artistes en provenance du streaming ne permettent pas de pérenniser la situation financière des musiciens, des chanteurs, des compositeurs et des auteurs, mais que ces derniers se taisent pour éviter de froisser les majors et les plates-formes de streaming : « Ils craignent d’être supprimés des playlists les plus recommandées s’ils en parlent ». Gay Garver, chanteur du groupe pop britannique Elbow et compositeur, va plus loin : « les plates-formes de streaming représentent une menace pour l’avenir de la musique ».
Une menace pour la pluralité de la musique
Des propos qui ont fait le tour des médias et des réseaux sociaux et qui ont dû irriter quelques personnes. À tel point qu’il a dû s’expliquer à plusieurs reprises sur son compte Twitter expliquant que les plates-formes de streaming sont d’une importance cruciale pour la musique : ils ont contribué à une baisse considérable du piratage musical et permettent aux artistes d’être rémunérés. « Le streaming a sauvé la musique du piratage », martèle-t-il sur Twitter.