Stress, épuisement, burn-out... avez-vous le profil de la victime idéale ?

A travers mon parcours professionnel en entreprise, les organisations et clients que j'accompagne, mes nombreuses lectures, force est de constater qu'il existe des récurrences dans les profils des victimes du stress (stress chronique, épuisement professionnel, burn-out). Quels que soit l'âge, le sexe, la fonction, le secteur d'activité, le niveau hiérarchique, certains traits de caractère et comportements sont communs à toutes et à tous.

[Précision: je n'aborde pas ici l'angle fondamental de l'organisation du travail (qui est le nerf de la guerre de la prévention des risques psychosociaux), mais celui de l’individu].

Je vous propose donc un portait synthétique de Vic, notre victime idéale, et de ses 6 facettes incontournables ! (notons que d'après les statistiques, Vic a 2 fois plus de chance d'être une femme qu'un homme... il se peut que ce chiffre s'explique notamment par le fait que les femmes aient un peu moins de difficulté à en parler que les hommes).

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1 - Un fort investissement de la sphère professionnelle

Vic occupe la majeure partie de son temps par le travail. Que ce soit par son temps de présence au bureau ou sa connexion à distance (le soir, le week-end, pendant les vacances), il/elle a peu de vie sociale ou familiale, peu de place pour des loisirs, et éprouve une réelle difficulté à (re)trouver un équilibre professionnel/personnel. Il/elle s'est un peu éloigné(e) des notions de plaisir, de joie, et les expressions "il faut", "je dois", "je n'ai pas le choix" font partie de son vocabulaire préféré.

Vic, et si tu apprenais à prendre soin de toi et à profiter des plaisirs simples de la vie ?

Pistes de travail : redéfinir ses priorités, apprendre à déconnecter, instaurer du temps pour soi et des moments de plaisir dans l'agenda.

A lire : Brigite Bellégo "Vie pro/vie perso : comment les (ré)concilier"?

2 - Forte tendance au perfectionnisme, haut niveau d'exigence

Vic a sans aucun doute le goût du travail très (trop?) bien fait. La plupart du temps, il/elle aime réellement son travail et se donne à fond pour atteindre ses objectifs, satisfaire ses clients/sa hiérarchie/ses collègues...Bref, pour être au top.

Vic n'a quasiment jamais connu d'échec dans sa vie, ce qui fait qu'il/elle le connote de manière très négative. Il n'est pas envisageable pour il/elle de ne pas réussir (selon ses propres critères de réussite). Il/elle est généralement très critique envers lui/elle-même, et par conséquent souvent aussi envers les autres.

Il/elle a très souvent un 'driver' de type "sois parfait(e)" et/ou "sois fort(e)". Un 'driver' est un message contraignant, une injonction, hérité de son éducation et de ce qui a été vu, entendu et/ou ressenti des figures parentales (ils sont au nombre de 5, les autres étant "fais plaisir", "dépêche-toi" et "fais des efforts"). Un driver se met en place lorsque, inconsciemment, l'enfant comprend que ce comportement est la condition pour obtenir la reconnaissance de ses parents (ou de ceux qui ont participé à son éducation). Il agit comme un programme qui s'exécute automatiquement sur un ordinateur, particulièrement en situation de stress.

Et puisque la perfection n'est pas de ce monde, Vic ne fait jamais assez bien. D'ailleurs elle vie en colocation avec son juge intérieur qui le lui rappelle en permanence (critiques, jugements, dévalorisation, ruminations, pensées négatives...).

Vic, change donc de coloc, et prends-en un(e) plus cool !

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Pistes de travail : apprendre la bienveillance envers soi-même, utiliser son perfectionnisme quand il est vraiment utile, reconsidérer son rapport à l'échec, changer son regard sur les situations (focale positive), se reconnecter à la joie

A lire : Fabrice Midal "Foutez-vous la paix" - Charles Pépin "Les vertus de l'échec"




3 - Manque de confiance en soi et/ou mauvaise estime de soi

Petit rappel, car ces 2 notions sont souvent confondues. Pour faire simple, avoir confiance en soi, c'est croire en son savoir-faire, ses compétences, sa capacité à affronter une situation particulière. Elle permet de se sentir capable, à la hauteur, d'oser. L'estime de soi est plutôt le reflet de la concordance avec ses valeurs. Elle permet de s'aimer, d'être conscient de sa valeur, de son importance. Vic

Vic peut manquer de l'un, de l'autre, ou des deux. C'est ce qui le/la poussera à en faire toujours plus pour obtenir de la reconnaissance, l’impression d'être "capable" et/ou d'être "valable" ou "aimable". Sauf que l'amour / le regard / la reconnaissance des autres ne suffira jamais à combler son désamour pour elle-même (cercle vicieux).

Vic le sait (et le sent tout au fond), il/elle n'est pas complètement en phase avec ses valeurs dans son job. Si la magie existait ? il/elle vivrait de sa passion (la peinture, la moto, les plantes, le crochet, la pêche à la mouche !...) ! Mais bon, pas la peine de rêver, il/elle n'est pas assez bon(ne) pour cela, et ce n'est pas à 'vrai métier'.

Vic, tu es unique et formidable, et tout est possible pour toi, même si tu ne le sais pas encore. C'est toi qui pilote, alors donne-toi les moyens, et pars à la recherche de ton potentiel de dingue !

Pistes de travail : avoir une vision lucide de ses forces et faiblesses et savoir les utiliser, apprendre à s'aimer et à s'accepter telle que l'on est, apprendre à se détacher du regard de l'autre.

A faire : petit cahier d'exercice des éditions Jouvence "la bienveillance envers soi-même"

4 - Difficulté à dire non, à poser ses limites

Vic dit très rarement non. Un nouveau dossier ? OK. Il le faut pour ce soir ? OK. Une réunion dans 5 minutes qui n'était pas prévue ? OK.

Pourtant il/elle sait au fond d'elle que cela sera difficile, et même dans certains cas impossible. Mais que penseraient les autres si il/elle disait non ? qu'il/elle ne sait pas résister à la pression, ne tient pas ses objectifs, n'est pas fiable, risque de décevoir les autres, etc.

Pourtant, dire non permet de s'affirmer, de poser ses limites, de dire : stop, là cela dépasse mes ressources disponibles ici et maintenant. Lorsqu'une limite est franchie, cela relève aussi bien de la responsabilité de celui ou celle qui franchit la limite que de celui ou celle qui laisse la limite être franchie.

Vic, écoute ton cœur, tu sauras ce qui est juste et acceptable ou non pour toi. Poser tes limites, c'est te respecter !

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Pistes de travail : prendre conscience de ses limites, apprendre à dire non, se positionner grâce à la communication en mode Adulte (analyse transactionnelle, communication non violente...)

A lire : Marshall Rosenberg "Les mots sont des fenêtres"

5 - Difficulté à gérer ses émotions

Lorsque Vic est submergé(e) par ses émotions, c'est comme un tsunami qui débarque n'importe quand et avec n'importe qui. Alors sa réaction est souvent inappropriée, pas au bon moment, ni avec les bonnes personnes. En apprenant à gérer ses émotions, il/elle évitera l'effet 'cocotte-minute' qui explose !

Et comme il/elle n'est pas à l'écoute de ses émotions, il/elle n'est pas non plus à l'écoute de ses sensations physiques, de ses symptômes (maux de tête, de ventre, de dos...) qui sont autant de signaux d'alerte que son corps lui envoie pour lui signifier son ras-le-bol. Et si Vic ne l'entend pas (soit parce qu'il/elle ne les voit pas, soit parce qu'elle refuse de les voir..."ca va aller", "ça ira mieux dans quelques temps"...), ça va taper de plus en plus fort à la porte. Parque "tout ce qui ne s'exprime pas s'imprime", jusqu'à une maladie plus sérieuse (le "mal à dire").

Vic, n'aie pas peur de tes émotions, elles peuvent être tes meilleures amies si tu apprends à mieux les connaître !

Pistes de travail : comprendre à quoi servent les émotions, les reconnaître dans son corps et dans son cœur, apprendre à les exprimer, se reconnecter à son corps (yoga, méditation, pleine conscience, massages...)

A regarder : "Vice Versa", le dessin animé de Disney

6 - Isolement, difficulté à demander de l'aide

Comme toutes les victimes de stress, Vic éprouve de la difficulté à en parler. Il/elle ressent de la culpabilité, de la honte parfois, vit son état comme une faiblesse, une vulnérabilité à propos de laquelle il n'est pas envisageable de se confier. Pourquoi passerait-il/elle si elle prenait le risque de se livrer sur son état ?

Comme il/elle se doit d'être parfaite, demander de l'aide serait reconnaître son imperfection. Impensable ! Il/elle va donc progressivement se renfermer. S'isoler. Ne plus aller aux pauses-café. Manger un sandwich devant son ordinateur le midi, jusqu'à peut-être ne plus déjeuner du tout. Jusqu'à l'implosion.

Vic, parles-en, à qui tu veux/peux, mais parles-en ça fait du bien, et c'est une première étape pour aller mieux !

Pistes de travail : en parler dans l'entreprise selon le degré de confiance (hiérarchie préventeur, RH, CSE, médecine du travail) et/ou en dehors (famille, amis, médecin traitant...). Ecrire si c'est trop difficile d'en parler.

A lire : Aude Selly "Burn-out, et après ?"

"On ne peut pas arrêter les vagues, on peut juste apprendre à surfer" (J.Zabat-Khin)


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Si vous vous êtes reconnu(e) dans ce portrait, soyez rassuré(e) : ce n'est pas une fatalité que de subir le stress. Il n'est jamais trop tard pour faire évoluer ses comportements, même si seul(e) cela est un peu plus long et difficile. Un accompagnement peut aider à gérer ses émotions, à s'affirmer, à être davantage bienveillant envers soi, à s'aimer... Beau programme, non ?

Regardez cette petite fille : elle se lance, elle pratique, elle teste, et malgré sa technique 'différente' et peut-être un peu risquée, elle réussit et en est fière ! Et elle n'en est sûrement pas à sa première fois. Et vous essayez quand ? :-)

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