SW8 : Disney face au dilemme de l'innovateur
On l’attendait de pied ferme; il devait renouveler la licence et insuffler un mélange salvateur d’oxygène et de midichloriens à ses fans agonisants.
La mission était impossible avec une ligne scénaristique contrainte par le respect des codes chers aux afficionados d’une part et la nécessité d’innover d’autre part.
Ce challenge est caractéristique de toute corporation réalisant son chiffre d’affaire sur des produits « vache à lait » et dépasse largement le domaine cinématographique; j’y reviendrai en conclusion.
Pour ce qui concerne ce dernier opus, la mission impossible est logiquement une déception. Le parti pris de compiler et remixer des scènes cultes de la première trilogie (les épisodes 4 à 6) impose d'éviter l'auto-plagia. Cet art délicat échappe encore à Disney qui tente de masquer son manque d'inspiration par un focus sur la mise en scène de "twists" à la construction fragile et des effets numériques (non, pas digitaux !).
On aurait pu s’en satisfaire si seulement on nous avait donné à voir et aimer des personnages charismatiques bons ou mauvais. Et pour le charisme, je cherche encore; je suis peut-être trop vieux pour me prendre d’affection pour des ados tourmentés par un pouvoir qui les dépasse et dont ils ne font pas grand chose. Vader, Solo, D2R2, Yoda nous manquent cruellement et Kylo, Poe, BB8 et Maz n'arrivent pas à nous faire oublier qu'ils n'en sont que des copies dénaturées.
Sans attachement, pas de tension et les effets spéciaux tournent à vide. Des dizaines de millions de dollars pour tirer un feu d’artifice en plein soleil.
Restait le scénario pour sauver ce qui pouvait l’être encore. Mais une heure de poursuite - au ralenti - entre la flotte impériale et le vaisseau mère des rebels à court de carburant met autant de pression au spectateur qu'une menace au sabre laser alimenté en 12 volts.
Les scénaristes sont tombés en panne sèche de glucose et leurs neurones hypoglycémiques ont accouché de cette idée absurde qui tue dans la même dynamique soporifique l’action, l’intérêt et la surprise.
On désespère, alors.
On a pourtant donné sa chance au produit: épisodes 1 à 3, puis 7 et 8; au total, 5 tentatives plus ou moins vaines de ressusciter le mythe.
Bien sûr, le film s’annonce comme un énorme succès populaire avec l’une des meilleures première semaine de l’histoire car la foule le juge probablement à l’aune des autres licences de science fiction qui font la part - trop - belle aux super héros.
Starwars a donc le mérite de proposer un autre univers à des spectateurs saturés de personnages bodybuildés. Cette licence s’inscrit dans le style Heroic Fiction ou post Steam Punk qui résiste assez bien aux délires générés par la peur de l’intelligence artificielle.
Disney met en scène des héros plus humanisés et connectés par autre chose qu’un smartphone reléguant la technologie au second plan, cantonnée dans un univers vintage très "eigthies" et jamais déterminante.
Je reste très déçu, certes, mais en empathie vis à vis de Disney qui ne peut réellement innover sans rupture. Ce « dilemme de l’innovateur » que beaucoup d'autres grands groupes ont - eu - à affronter trouve une issue dans la création de "spin offs".
Et dans le genre, « Rogue One » est encore ce que j’ai vu de mieux depuis l’épisode 5. On y trouve l'esprit de la saga et un jusqu'au boutisme interdit dans la branche principale de la série : pas de happy end, des héros plus libres qui meurent pour la cause portés par la Force qui n'est que suggérée comme un concept, une idéologie.
J’attends donc avec une certaine impatience de voir ce que les futurs « spin offs » sur « Solo », « Boba Fett », « Obi Wan » et « Yoda » nous réservent ; il y a assez de matière pour produire ce que l'on attend plus.
Dans cette attente, far far away, je vous souhaite de joyeuses Fett de fin d’année.
HR Career Manager chez BNP Paribas - IMEX
7 ansChaque moment passé dans un cinéma à regarder un nouvel épisode de la saga Star Wars a été un moment agréable de ma vie. Le dernier opus, Les Derniers Jedi, n’a pas échappé à cette règle. A peine assis dans le moelleux fauteuil mis à ma disposition en contrepartie d’une somme rondelette, à la vision du logo Star Wars, du générique d’introduction défilant dans les étoiles, enveloppé dans cette musique inoubliable, j’ai esquissé un sourire de contentement : je savais que j’allais vivre de nouvelles aventures inter–galactiques et m’échapper près de 150 min d’un monde réel dans lequel je tentais vainement depuis plus de 30 ans d’attraper la bouteille d’eau située à l’autre bout de la table en tendant le bras. Et je n’ai pas été déçu : j’ai eu mon compte de vaisseaux amiraux, de combats au sable laser, de planète minérale recouverte de sel, d’usage immodéré de la Force, d’animaux improbables et même attendrissants, Chewbacca ne me contredirait sûrement pas. Certes, à la sortie du film, j’avais un sentiment de « déjà vu » car, je te rejoins, l’innovation faisait cruellement défaut et chaque scène clé de cet épisode nous renvoyait à une scène plus ancienne, souvent issue de la première trilogie. Ce 8ème épisode ne sera donc pas classé parmi la liste des chefs-d’œuvre du 7 ème art mais il m’aura permis de me remémorer les instants magiques des premiers Star Wars : Han : « Je vous plais parce que je suis un vaurien et qu’il n’y a pas de vaurien dans votre vie» Leia : « J’aime les hommes gentils, c’est vrai » Han : « Je suis un gentil vaurien » Un gentil 8ème opus, en fait…. Très bonne année 2018 !!!
Chief Executive Officer of SKAIZen Group
7 ansJe ne sais pas ce que tu vaux en effets spéciaux mais pour le scénario du prochain je vais proposer ta candidature Bonne année et que la force reste avec toi
BNP Paribas CIB Regulatory Project Office
7 ansSuper article, bravo ...si je comprends bien tu vas voir tous les spin offs en espérant qu'il y en ait un de bien ...j’admire l’abnégation :-) Pour ma part je ne garantis rien, d'autant que mes enfants sont plus branchés Yokai que Yoda...