Télétravail : les secrets d'une organisation réussie

La crise COVID-19 relève de ce type d’évènement dont on ne peut évaluer vraiment les effets que beaucoup plus tard. Un tsunami dont nous effleurons seulement les transformations qu’il porte en lui.

Mais il est au moins un phénomène qui a été palpable immédiatement, c’est la capacité d’une partie des actifs à poursuivre une activité professionnelle malgré la fermeture des entreprises et des lieux de travail. En avril 2020 en France, plus d’un actif sur cinq s’est ainsi retrouvé en télétravail à temps plein. Grâce à la technologie et aux outils informatiques qui permettent d’organiser virtuellement le travail, une partie de l’activité économique s’est poursuivie comme si de rien n’était, contribuant à sauver de nombreuses vies humaines. Depuis, l’enchaînement du déconfinement, d’un été plus serein sur le front sanitaire puis d’une reprise marquée de la circulation du virus ont successivement rempli puis vidé open space et autres bureaux.

Le télétravail y a gagné en crédibilité alors que quelques mois plus tôt, cette situation aurait paru complètement impossible pour les salariés comme pour les employeurs. Chacun s’est rendu compte que non seulement une part importante de l’activité économique pouvait être assurée à distance, mais également que télétravail ne signifiait pas nécessairement inefficacité et oisiveté. Mais chacun a pu, aussi, mesurer les limites d’un travail à distance généralisé, imposé et à plein temps. Considérant la forte hausse des dépressions et autres troubles psychologiques post-confinement, nous ne sommes définitivement pas faits pour vivre constamment enfermés chez nous. L’individu, pour s’épanouir, a besoin de vivre en communauté. De même, la motivation comme la productivité ne pourraient se maintenir à bon niveau durablement en télétravail intégral.

Ces réserves ne doivent bien sûr pas condamner le télétravail mais nous permettre de tirer les leçons de cette expérience grandeur nature. Des solutions existent pour organiser de manière pérenne et efficace le télétravail. Nous en faisons d’ores et déjà l’expérience à la MAIF où nous avons signé cet été avec les représentants syndicaux un accord généralisant le télétravail à nos 8 000 salariés, à l’exception de ceux pour lesquels la nature de leur activité nécessite une présence physique sur site. En premier lieu, il est indispensable de respecter trois conditions simples mais incontournables.

• La première part du principe que le télétravail doit être un choix du salarié et n’être jamais imposé par l’entreprise.
• La seconde impose l’alternance présentiel et télétravail afin de préserver l’entreprise comme lieu de vie et espace où faire société.
• La troisième repose sur une exigence de performance et le cas échéant de réversibilité.

Mais une quatrième condition, plus exigeante et plus indispensable encore doit être remplie : la confiance.

Accepter qu’un collaborateur travaille depuis son domicile, hors de la surveillance immédiate de sa hiérarchie est une marque appréciable de confiance. Cette confiance sera ainsi d’autant plus honorée qu’elle constitue le mode habituel de relations dans l’entreprise. Le télétravail a alors toutes les chances de réussir s’il vient couronner une habitude de management.

Ainsi, si la généralisation du télétravail a pu s’appuyer à la MAIF sur le management par la confiance et un dialogue social riche, nous avons la conviction que l’application de ces 4 conditions peut inspirer d’autres organisations et permettre au télétravail de devenir un levier majeur de la performance et de l’épanouissement des salariés comme de la satisfaction clients.

Le télétravail est tout autant un outil pour nous permettre de mieux vivre une situation sanitaire inédite qu’une aspiration très forte des salariés. Il nous faut donc le généraliser avec méthode et confiance.

Ce qui peut paraître un vain mot n’en est pas un, la confiance est la condition sine qua non à l’avènement d’une société plus solidaire et plus résiliente.

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Tribune parue dans Les Echos