Taïwan : lorsque l’aigle toise le dragon
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Taïwan : lorsque l’aigle toise le dragon

Au moment où le conflit ukrainien monopolise toute notre attention, les préparatifs de la prochaine grande guerre vont bon train. Taïwan en est d’ores et déjà le prétexte tout indiqué, mais personne n’est dupe concernant ses motivations et enjeux véritables, d’un coté comme de l’autre.

Dans un entretien récent accordé au Financial Times, le lieutenant général James Bierman a fait des révélations déconcertantes par leur franchise, fort intéressantes par leur substance. Le haut-gradé s’exprimait en tant que commandant le III Marine Expeditionary Force (III MEF), l’un des piliers de la force de frappe américaine dans la région Asie-Pacifique. Il convient donc d’accorder le crédit nécessaire à ses paroles, et les disséquer avec toute l’objectivité possible.

Loin de nous l’idée d’émettre un jugement moral sur lesdites déclarations et des stratégies qui paraissent en découler, entreprise aussi vaine que prétentieuse. Il s’agira plutôt de soumettre le matériau collecté au filtre de l’analyse stratégique, en essayant d’en prédire les implications pour l’évolution d’une situation qui reste, au demeurant, potentiellement explosive.


La guerre en Ukraine comme laboratoire

Pour le haut responsable du Marines Corps, les déconvenues de l’armée russe en Ukraine sont loin d’être le fruit du hasard. Il explique qu’après l’annexion de la Crimée, les États-Unis et l’OTAN se sont activement préparés à la guerre contre Moscou. Ils ont notamment assuré, toujours selon notre source, la livraison de matériels divers et variés aux Ukrainiens, prodigué des formations techniques et opérationnelles poussées, mis en place des structures de soutien logistique et prépositionné un approvisionnement conséquent. Avec une liberté de ton remarquable, le général ajoute : “Nous appelons cela préparer le théâtre, et nous préparons le théâtre au Japon, aux Philippines, et d’autres endroits.” Paroles claires comme de l’eau de roche.

Le renseignement est un autre point fort des Américains en Ukraine. Peut-être même le plus déterminant. La préparation du théâtre Asie-Pacifique implique aussi un effort non négligeable pour l’acquisition et l’exploitation du renseignement. L’adage militaire dit à cet égard : “A la guerre, on fait ce que l’on peut avec ce que l’on sait. Pour pouvoir peu, il faut savoir beaucoup.” Les récentes accusations mutuelles d’espionnage, consécutives à ce que l’on a appelé avec légèreté “la guerre des ballons”, prouve que les protagonistes sont bien actifs dans ce domaine.

L’analogie entre l’Ukraine et Taïwan s’arrête ici, car si les préparatifs sont globalement les mêmes du point de vue opérationnel, ils se déploieront techniquement de manière différente autour de Taïwan, puisqu’il s’agira essentiellement d’un affrontement aéronaval, alors que le conflit en Ukraine est à dominante terrestre. Autre différence de taille, le scénario d’une guerre par proxy à l’ukrainienne paraît peu probable en Asie-Pacifique, les Américains s’étant maintes fois prononcé pour une intervention directe en cas d’attaque contre Taïwan. Ils disposent à cet effet de forces considérables stationnées dans la zone, et comptent sur de solides alliances militaires patiemment tissées avec les pays de la région, dirigées de moins en moins implicitement contre la Chine qui fait figure d’ennemi désigné.


Si vis bellum

Le général trois étoiles, décidément peu avare en révélations tonitruantes, évoque aussi des changements majeurs à l’œuvre pour préparer son armada à la guerre contre Pékin. C’est ainsi que la mission de la III MEF est “au cœur d’une réforme radicale du Corps des Marines.” Depuis de nombreuses années, la mission principale concernait “la guerre contre le terrorisme” au Moyen-Orient, et plus spécifiquement la lutte contre Al Qaïda. Aujourd’hui, il s’agit de “la création de petites unités spécialisées dans les opérations rapides et clandestines dans les îles et les détroits d’Asie de l’Est et du Pacifique occidental”, le but étant bien entendu de contrer les plans chinois.

Pour le volet opérationnel, le haut-gradé se dit satisfait de l’augmentation notable, en nombre et en volume, des exercices combinés américano-japonais dans la région depuis un an. Pour la première fois, des centres bilatéraux de coordination tactique au sol ont remplacé les traditionnelles liaisons avec un poste de commandement japonais distinct. Plus intéressant encore, le système de rotation des unités japonaises a été abandonné, et des unités spécifiques ont été désignées pour intégrer la “Force de réserve” aux côtés des Américains. Toutes les composantes du dispositif sont concernées : Marines, Navy et Air Force. Ces nouveaux aménagements poussent vers l’unicité de la chaîne de commandement et une plus grande intégration au niveau opératif. 

Le général Bierman a également évoqué un renforcement de la présence américaine aux Philippines, où il est question de prépositionner davantage de matériels de guerre. L’archipel est appelé à devenir “un point de levier, une base d’opérations, qui permet d’avoir une avance considérable dans différents plans opérationnels.” Le secrétaire américain à la défense a d’ailleurs annoncé, lors d’une visite récente dans l’archipel, que le nombre de bases militaires américaines passerait de 5 à 9. 

Cet autosatisfecit sur le niveau de préparation opérationnelle d’une éventuelle guerre avec la Chine est conforté par une augmentation considérable des dépenses militaires des États-Unis et du Japon. 

Ainsi, le nouveau budget de la défense américaine approuvé par le président Biden s’établit à 816,7 milliards de dollars, soit 45 milliards de dollars au-dessus du montant proposé initialement par la Maison-Blanche. Ce budget, le plus élevé de l’histoire des Etats-Unis, et de loin le plus élevé au monde, représente plus de 35% des dépenses militaires mondiales selon les chiffres du SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute). Il fait la part belle à la zone Pacifique, avec plusieurs milliards de dollars consacrés aux infrastructures militaires stratégiques, tels les dépôts de stockage de missiles, un nouveau Readiness Center prévu à Hawaï, sans oublier les commandes faramineuses de chasseurs F-35, de multiples navires de guerre, ainsi que deux sous-marins nucléaires d’attaque de classe SSN-774 Virginia. L’armée de terre n’est pas en reste, avec notamment un effort conséquent pour combler les lacunes capacitaires de l’artillerie, et adapter certains missiles air-sol et mer-sol à l’usage des fantassins.

Pour sa part, le gouvernement japonais s’éloigne de plus en plus du pacifisme de sa Constitution. Depuis les mandats de Shinzō Abe, les Forces Japonaises d’Autodéfense (FJA) ont été dotées de capacités offensives conventionnelles non négligeables. De même, la révision en décembre dernier de la doctrine de défense nationale parle sans ambages de la Chine comme un “défi stratégique sans précédent,” tout en consacrant le doublement du budget de défense entre 2023 et 2027 pour le porter à 80 milliards de dollars, soit 2% du PIB. Suivant les chiffres actuels, ce budget placerait les FJA au troisième rang mondial, devant la Russie. 

Les sommes débloquées serviront, entre autres, à acquérir de l’armement américain, notamment les missiles de croisière Tomahawk et JASSM (Joint Air-to-Surface Standoff Missile). Le pays du soleil levant s’enthousiasme aussi pour développer ses propres missiles hypersoniques et militariser l’ensemble de la première chaîne d’îles au large de la Chine en partenariat avec l’OTAN, dans le cadre de l’ITPP (Individually Tailored Partnership Programme), un programme de partenariat individualisé de l’alliance militaire proposant une coopération sur mesure aux pays non membres.

Ces élans guerriers n’enchantent pas particulièrement une population encore meurtrie par le souvenir de la guerre et l’occupation américaine qui s’en était suivie, à l’image de l’opposition marquée à la construction d’une base militaire à Ishigaki.


La valse des somnambules 

Que les militaires soient sur le pied de guerre n’a rien de proprement étonnant, mais la posture ouvertement va-t-en guerre des politiques est par contre assez inhabituelle pour être soulignée. Certains pourraient rétorquer que préparer le pire n’exclut pas d’espérer le meilleur, ce à quoi nous pourrions objecter que la gravité et la volatilité de la situation commandent de tout mettre en œuvre pour éviter le pire, en espérant que cela suffira à éloigner le spectre de la guerre. Mais l’inconséquence des politiques a de quoi laisser pantois.

Ainsi, la visite de Nancy Pelosi à Taïwan en août dernier n’avait aucun intérêt en soi, si ce n’est de provoquer l’ire de Pékin et susciter une réaction épidermique. La dangereuse démonstration de force qui en avait résulté a permis de nourrir le narratif huilé sur le bellicisme chinois, en feignant de ne pas comprendre que la visite du troisième personnage de la politique américaine à Taipei équivaut à une reconnaissance officieuse, ce qui contredit les engagements officiels de la Maison Blanche. Dans la même veine, mais à un niveau de représentation moindre, la visite en janvier dernier d’une délégation conduite par Terry McCartin, représentant américain adjoint au commerce, se voulait l’occasion de renforcer les liens commerciaux avec Taïwan, au grand dam de Pékin qui a exprimé sa ferme opposition à tout accord entre les deux parties, quelle qu’en soit la nature.

De son coté, le premier ministre japonais Fumio Kishida ne ménage pas sa peine pour consolider ses partenariats militaires tous azimuts. Une tournée en Europe et aux États-Unis au lendemain de l’adoption de la nouvelle doctrine de défense a été l’occasion de recueillir un large soutien occidental, couronnée notamment par un accord Tokyo-Londres-Rome pour le co-développement d’un nouvel avion de combat, un accord de défense permettant le déploiement réciproque des troupes anglaises et japonaises dans les deux pays, sans oublier les grandes annonces à l’issue de l’entretien avec Joe Biden. Le New York Times a ainsi rapporté que les deux dirigeants sont décidés à “travailler ensemble pour transformer le Japon en une puissance militaire capable de faire contrepoids à la Chine, et pour renforcer l’alliance entre les deux nations afin que celle-ci devienne le pilier de leurs préoccupations en matière de sécurité en Asie.” 

Sans nul doute, le Japon est une pièce de valeur dans l’escarcelle américaine. Si nous y ajoutons le renforcement des alliances militaires avec d’autres pays de la région, la nouvelle alliance AUKUS qui s’invite à la partie, et l’évolution notable de la position des membres de l’OTAN, dont le nouveau concept stratégique désigne clairement la Chine comme une menace à la sécurité, alors nous sommes forcés de reconnaître que la valse des somnambules pourrait bientôt laisser place à une violente charge de cavalerie.


Le “grand jeu” de Washington : incohérence ou ambiguïté stratégique ?

Il est particulièrement difficile de défendre la stratégie américaine ouvertement offensive sur le dossier de Taïwan, du moment qu’elle est en parfaite contradiction avec la “One China policy” adoptée officiellement par Washington au lendemain de la rencontre historique entre Nixon et Mao Zedong en 1972 à Pékin. Cette position, fruit de l’opportunisme géopolitique et du pragmatisme diplomatique de Kissinger, était intervenue au plus fort des tensions consécutives à la rupture sino-soviétique. Elle est gravée dans le marbre du Communiqué de Shanghai, premier jalon des relations diplomatiques sino-américaines. 

Déjà en 1971, la résolution 2758 de l’Assemblée générale de l’ONU reconnut les officiels de la République Populaire de Chine comme “les seuls représentants légitimes de la Chine à l’Organisation des Nations Unies.” Dans la foulée, le siège de membre permanent du Conseil de sécurité a été retiré à Taipei et attribué à Pékin. De même, les représentants du gouvernement de Tchang Kaï-chek ont été expulsés de tous les organismes rattachés au système onusien. Aujourd’hui, Taïwan n’est reconnue officiellement que par 14 pays, fragile vestige de son statut antérieur controversé.

Ceci étant dit, se prévaloir d’accords bilatéraux de sécurité avec Taïwan pour garder pied dans la région est certes intéressant du point de vue géopolitique et militaire, mais indéfendable du point de vue politico-diplomatique. Cette incohérence fondamentale, que certains qualifient insidieusement d’ambiguïté stratégique, est au centre du travail des “fabricants d’opinions” qui diffusent un narratif destiné à justifier la nécessité et même la légitimité d’une guerre pour défendre la démocratie et les libertés à Taïwan. Cette façon de faire a été décrite en termes peu équivoques par Soljenitsyne qui affirmait : “Tout homme qui choisi la violence comme moyen, doit inexorablement choisir le mensonge comme règle.”

En dépit de l’engagement américain solennel à défendre Taïwan, l’administration américaine envoie, peut-être sans le vouloir, des signaux contradictoires. Ainsi, sa dépendance vis-à-vis de l’ancienne Formose en matière de semi-conducteurs est bien connue et explique, en partie, les motivations américaines à défendre l’île. Moins bien connue est par contre la stratégie américaine de souveraineté technologique impulsée par Trump qui avait convaincu TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Company), leader mondial incontesté dans la conception et la fabrication de semi-conducteurs, d’installer une unité de production en Arizona. Biden vient d’inaugurer cette mega factory de 12 milliards de dollars, accompagné du président d’Apple qui en sera le client exclusif jusqu’à sa pleine montée en puissance courant 2029. Petite anecdote, Tim Cook a troqué pour l’occasion son habituel look décontracté contre un tailleur bien ajusté. Businessman accompli, il est aussi, comme tous les grands acteurs économiques américains, un acteur politique quand il le faut. Deux faces d’une même pièce. L’économique au service du politique et inversement. 

L’Etat fédéral et l’Etat de l’Arizona ont aussi mis la main à la poche, mais les représentants de TSMC n’en sont pas particulièrement ravis. Eux aussi sont des acteurs politiques. Ils comprennent qu’une souveraineté technologique américaine implique, presque mécaniquement, une dévaluation du poids stratégique de Taïwan pour Washington et un possible lâchage de l’île, comme les Américains ont la fâcheuse habitude de faire avec nombre de leurs alliés, lorsque le coût d’une intervention devient exorbitant au vu de son opportunité : Vietnam, Afghanistan, Géorgie, etc. C’est pourquoi Taïwan n’a pas prévu de produire le nec plus ultra des semi-conducteurs en Arizona. Les fameuses 3nm resteront l’apanage de Taïwan et constitueront accessoirement son ultime police d’assurance, alors que l’usine américaine ne pourra produire que les chips 4nm, soit la technologie N-1, mais pour combien de temps encore ?

En tout cas, TSMC n'est pas le seul opérateur à se projeter aux États-Unis. Le Chips and Science Act promulgué par l’administration Biden prévoit plus de 50 milliards de dollars pour booster les investissements et réduire la dépendance technologique américaine. Les résultats ne se sont pas fait attendre. Ainsi, Intel va débourser 40 milliards de dollars pour lancer deux nouvelles usines en Arizona et dans l'Ohio, Samsung prévoit 17 milliards de dollars pour la sienne au Texas, et Micron annonce un projet pharaonique de 100 milliards sur 20 ans dans la région de New York.

Le pragmatisme légendaire de Washington donne des sueurs froides à Taipei. Pourquoi le soldat Ryan viendrait-il échouer sur les plages de l’île si la souveraineté technologique est acquise? Pour sauver la démocratie taïwanaise? Il faudra vraiment qu’elle en vaille la chandelle.


Confrontation sino-américaine : deux rapports au monde, deux philosophies de la guerre

De Gaulle avait coutume de dire : “Au fond des victoires d'Alexandre, il y a toujours Aristote.” Une stratégie n’est jamais dictée exclusivement par les objectifs poursuivis. Des influences indicibles et tenaces pèsent de tout leur poids dans les décisions prises. Des réalités incontournables dictent souvent les postures adoptées. À cet égard, les représentations géopolitiques des acteurs et leur projection dans le réel doivent être examinées pour mieux appréhender les stratégies mises en œuvre. C’est ce à quoi nous nous emploierons dans ce qui suit.


Le particularisme civilisationnel chinois comme matrice géopolitique 

La Chine a ceci de particulier qu’elle se considérait, à travers son histoire millénaire, comme le centre du monde. Étymologiquement, le nom du pays se dit Zhongguo, qu’on traduit par “Pays du Milieu”. Les sinologues nous apprennent également que, jusqu’à l’aube du XXe siècle, la Chine se désignait aussi volontiers comme Tianxia, autrement dit : “Tout ce qui est sous le ciel”. Ces éléments symboliques ont de fortes implications qui finissent par façonner tout un système de représentations et déteindre sur le réel.

Ainsi, l’imaginaire géopolitique chinois prend racine dans une représentation civilisationnelle élaborée et très imagée, avec un centre (zhong) qui détient l’autorité et encapsule l’âme de la civilisation qu’il irradie vers la périphérie. Cette symbolique d’irradiation a des implications géopolitiques très concrètes : elle donne un monde en cercles concentriques. D’abord, l’espace chinois qui peut à son tour être décliné en plusieurs cercles représentant la catégorisation des classes sociales (cité interdite, aristocratie, etc.). Ensuite, le monde sinisé englobant les espaces d’Asie orientale qui entourent le premier cercle (Mongolie, Corée, Japon, Vietnam, Tibet). Vient enfin le cercle le plus périphérique, celui du monde dit barbare. Il est ainsi décrit non sur une base ethnique, mais à cause de son ignorance des rites et des mœurs civilisées du centre. Le narratif politique confucéen souligne que le souverain est censé “pacifier ceux qui sont au plus près, et attirer par sa bienveillance ceux qui sont au loin.”

Nous sommes donc en présence d’une représentation qui décrit un environnement hiérarchisé, articulé autour d’un centre civilisationnel. Cela explique pourquoi la Chine est longtemps restée un pays ethno-centré. Même les luttes pour le pouvoir, lorsqu’elles prenaient la forme d’affrontements armés, se cantonnaient toujours aux frontières du pays, comme le démontre la période des Royaumes combattants. En outre, les différentes dynasties qui se sont succédé sur le trône impérial avaient pour ultime objectif d’unifier le pays sous une seule bannière, elles portaient sur le monde barbare un regard altier. Ce n’est que sous les coups de boutoir des puissances occidentales que la Chine commence à s’ouvrir, à partir de l’épisode douloureux des guerres de l’opium. Une plaie toujours ouverte. Historiquement, les premières missions diplomatiques de l’empire chinois vers d’autres pays ne verront le jour qu’à partir du milieu du XIXe siècle.

La vocation “universaliste” de la Chine comme centre de la civilisation a certes été mise à mal par les puissances colonisatrices, mais elle revient en force aujourd’hui. Non pas comme une réminiscence, mais plutôt comme un substrat fédérateur du monde chinois contre l’intrusion du monde barbare. La capacité du modèle chinois à “irradier” vers l’extérieur est supposée permettre de prouver sa supériorité. Cette présomption mobilise l’argumentaire culturaliste en mettant en avant les valeurs confucéennes, érigées en pendant asiatique des droits de l’Homme défendus par l’Occident : primauté de l’ordre, obéissance aux dépositaires de l’autorité, effacement de l’individu devant l’intérêt du groupe et sacralité de la famille. Pour Pékin, la résurgence du modèle chinois devrait, in fine, permettre de réinstaurer une pax sinica qui couvrirait tout l’Extrême-Orient eurasiatique.


Déni d’accès : faire de la mer de Chine une Mare Nostrum

À partir des développements qui précédent, nous pouvons considérer la récupération de Taïwan comme la traduction d’une volonté de sanctuariser le centre contre une forme de “perversion” civilisationnelle portée par la périphérie. Il n’est pas pensable, du point de vue chinois, que l’irradiation symbolique se fasse dans le sens inverse. Autant il est possible de superposer d’autres grilles de lecture pour expliquer la projection de puissance chinoise à travers le monde, autant la symbolique civilisationnelle pourrait se suffire à elle-même pour appréhender la question de Taïwan.

Pratiquement, cela donne une stratégie militaire qui ambitionne d’interdire l’accès au premier cercle en faisant de la mer de Chine une Mare Nostrum, prélude à la réintégration de Taïwan au sein de la sphère chinoise. En termes de capacités militaires, cela suppose de pouvoir assurer :

  • le déni d’accès (Anti-Access ou A2), concept qui fait référence aux “capacités, généralement de longue portée, conçues pour empêcher une force ennemie de pénétrer dans une zone d’opération” ;
  • l’interdiction de zone (Area Denial ou AD), concept qui renvoie aux “capacités, habituellement de plus courte portée, consistant à restreindre la liberté de manœuvre d’une force ennemie dans la zone d’opération”. 

Cette stratégie ambitieuse, habituellement regroupés sous l’acronyme A2/AD, explique le renforcement spectaculaire des capacités de l’Armée Populaire de Libération (APL), ce qui constitue un puissant motif d’inquiétude pour Washington. Ces capacités à défendre le territoire national et à sécuriser les mers voisines reposent notamment sur le développement de programmes balistiques innovants, la militarisation d’un ensemble d’iles et d’ilots artificiels, sans oublier les capacités cyber et la dissuasion nucléaire. Mais le point d’orgue de cette montée en puissance reste sans doute le développement d’une puissante marine de guerre, deuxième au monde par son tonnage, mais déjà première par le nombre selon les chiffres du dernier rapport Military Balance de l’International Institute for Strategic Studies. Les Chiniois sont parfaitement conscients que sans une marine de guerre capable au moins de rivaliser avec la Navy, jamais ils ne pourront prétendre au statut de grande puissance au sens géopolitique.

L’effort naval chinois est historique. Il représente plus de la moitié du budget de défense et a permis de mettre à l’eau l’équivalent de la marine française en quatre ans. En outre, le troisième porte-avions de la marine chinoise, inauguré en grande pompe en juin dernier, est le premier de conception et de construction chinoise. On annonce déjà un quatrième à l’horizon 2027 qui serait équipé d’une propulsion nucléaire. 

Certains analystes soutiennent que les bâtiments chinois ne font pas le poids face à leurs équivalents occidentaux, mais cette assertion sentencieuse est partielle et surtout très partiale. Il faut d’abord comprendre que le volume est en lui-même une qualité opérationnelle. La guerre en Ukraine le démontre amplement. Ensuite, il est nécessaire de mitiger l’évaluation défavorable de la marine chinoise qui a certes un rattrapage technologique à combler face aux onze porte-avions nucléaires américains, mais elle progresse à une vitesse fulgurante. Elle peut aussi compter sur de redoutables armes de rupture comme les nouvelles versions du missile hypersonique Dong-Feng, capables selon les américains de percer le blindage d’un porte-avions, d’où leur surnom de Carrier killer. Une chose est sure, il faudra désormais compter avec la marine chinoise, et ce de l’avis même de ses adversaires potentiels. L’amiral américain Samuel Locklear, ancien commandant de la région Indo-Pacifique, soulignait en 2014 déjà les progrès enregistrés par la Chine, et lui reconnaissait une “capacité crédible de dissuasion en mer.” Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts.

Cela étant dit, l’expérience du combat reste le talon d’Achille de l’armée chinoise. Les exercices militaires ne peuvent en aucun cas s’y substituer. Néanmoins, elle peut se prévaloir d’une forte détermination impulsée par le pouvoir politique, faisant de Taïwan une question d’honneur national. Thucydide reconnaissait le caractère décisif de la ténacité lorsqu’il affirmait : “L’épaisseur d’une muraille compte moins que la volonté de la défendre.”


Déni d’accès, mais encore…

Avec le déni d’accès, la Chine joue sur un registre qui n’est pas ouvertement offensif, en cherchant d’abord à sanctuariser le territoire national et les espaces maritimes y attenant. Mais le fond de la stratégie chinoise concernant Taïwan demeure méconnu. Nous pouvons toutefois raisonnablement avancer qu’un affrontement militaire d’envergure avant le parachèvement de la montée en puissance militaire est un scénario abhorré par Pékin. A moins d’être acculés par Washington à tirer le premier coup de canon suite à une provocation (déclaration de l’indépendance de Taïwan, visite de hauts responsables américains, etc.), il n’est même pas sûr que les Chinois envisagent le scénario de la guerre ouverte en première intention. D’ailleurs, pour Sun Tzu, dont l’influence sur la stratégie chinoise est toujours aussi prégnante : “Le meilleur savoir-faire n’est pas de gagner cent victoires en cent batailles, mais plutôt de vaincre l’ennemi sans combattre.” 

Il est évident que le meilleur scénario pour Pékin, qui semble aussi être le moins probable, consisterait en une réintégration de Taïwan sans coup férir, à la faveur de négociations politiques. Mais avec une force militaire au point, la Chine pourrait être tentée de se montrer plus entreprenante pour faire bouger le statu quo. Une stratégie d’étouffement progressif qui s’apparenterait à un blocus maritime semble une option tout à fait envisageable. Pour se faire, les capacités A2/AD ne sauraient suffire, une véritable projection de forces dans le cadre d’une stratégie offensive d’interdiction maritime (Sea denial) devra être envisagée pour resserrer l’étau autour de l’île.

Cette stratégie aurait le double avantage d’éviter la confrontation militaire directe grâce à la dissuasion d’un appareil militaire au point, tout en provoquant le pourrissement puis la chute du “fruit taïwanais”, coupé de tout soutien. L’intervention militaire directe n’interviendrait qu’en cas d’inefficacité ou d’échec de cette stratégie, mais elle aurait un coût humain et matériel potentiellement élevé, Taïwan s’étant préparée avec l’aide de Washington à s’opposer aux manœuvres de débarquement. Toute la question est de savoir si l’actuel président chinois peut se permettre de jouer la montre, alors qu’il a ouvertement fait savoir qu’il ne comptait pas léguer ce dossier à son successeur.


Air-Sea Battle : un concept stratégique pour contrer la Chine

La “pause stratégique” conséquente à la chute de l’URSS offrait une fenêtre d’opportunité pour l’armée américaine, afin d’effectuer un saut technologique tel qu’il la placerait d’emblée en position de force face à l’émergence d’un nouveau peer competitor. L’évolution vertigineuse de l’appareil militaire chinois après la troisième crise de Taïwan en 1996 donnera rapidement raison aux défenseurs de la nécessité d’une RMA (Revolution in Military Affairs). Dès lors, les Américains comprennent qu’il leur faudra être désormais prêts à opérer dans des contested commons. Autrement dit, ces espaces dont la libre utilisation ne peut plus être assurée, à savoir les étendues maritimes qui nous intéressent ici au premier chef, mais également l’espace, le cyber et l’espace aérien.

Or, l’un des piliers de la puissance américaine réside justement dans son extraordinaire capacité de projection pour assurer une présence dissuasive, tout en garantissant la libre circulation maritime pour permettre les échanges économiques. Nous retrouvons ici les thèses du stratège anglais Mahan que les Américains ont repris à leur compte, incarnant à la perfection le concept de Seapower. En tant que puissance maritime, Washington perçoit les océans non seulement comme un vecteur de la liberté de mouvement et du commerce, mais surtout comme un formidable support de diffusion de son modèle et de ses valeurs : démocratie, libertés individuelles et liberté de marché. Il n’est pas exagéré d’affirmer que la stabilité de l’architecture du système international repose, du point de vue américain, sur un accès libre à ces espaces dits “communs”. Le corollaire de cette logique est que les océans, et a fortiori les détroits, doivent demeurer des voies navigables internationales en toutes circonstances. A cet égard, il est bon de savoir que le détroit de Taïwan a enregistré le passage d’environ 48 % des 5.400 porte-conteneurs en opération dans le monde en 2022, ainsi que 88% du trafic des plus gros cargos, selon l’agence Bloomberg. Il est donc hors de question pour Washington de le laisser aux mains des Chinois.

Le pivot américain vers l’Asie-Pacifique renforcera grandement la légitimité et même la priorité de ces considérations stratégiques, impliquant pour le Pentagone le développement de capacités opérationnelles spécifiques pour contenir la Chine dans une dimension strictement continentale. Elles donneront lieu, en amont, à une production conceptuelle militaire très riche visant à s’opposer en priorité au déni d'accès et à l’interdiction de zone.

Ainsi, la directive du Département de la Défense de 2012 consacrant le pivot vers l’Asie-Pacifique énoncera la “projection de force en dépit des capacités adverses A2/AD” comme la troisième mission assignée aux forces armées américaines, après l’aptitude à dissuader et contrer une agression, la mission principale étant la lutte contre le terrorisme. Pour réussir cette mission, le concept de référence est le Joint Operational Access Concept (JOAC). Il préconise de contrer les capacités adverses par la cross-domain synergy, soit des capacités transversales couvrant l’ensemble des contested commons. Cela passe par des actions très concrètes : variation des options de déploiement sur zone, actions simultanées sur plusieurs lignes d’opérations, manœuvre depuis des distances stratégiques, création de situations de supériorité localisée, attaque des capacités adverses dans la profondeur, etc. En outre, devant la forte probabilité d’opérations avec une chaîne de commandement dégradée, le JOAC insiste sur la décentralisation de celle-ci, couplée à un plus grand degré d’initiative accordé aux échelons subordonnés. 

Le JOAC entérine au niveau interarmées un autre concept qui cristallise le débat sur la réponse américaine au déni d’accès, à savoir l’Air-Sea Battle (ASB). Globalement, il s’agit d’une combinaison entre les capacités de projection, de manœuvre et de puissance de feu de la marine, conjuguées à la souplesse d’emploi et la force de frappe de l’aviation. Les capacités balistiques et celles couvrant le spectre des contested commons viennent compléter le tableau. Les implications du concept sont multiples. D’un point de vue opératif, il questionne le modus operandi d’une opération en synergie cross-domain, alors que sur l’aspect institutionnel, il implique des changements de structures au sein de la Navy et l’US Air Force. En même temps, le concept a des implications matérielles, puisqu’il suppose des stratégies d’acquisition intégrées. Les acteurs concernés pour la mise en œuvre du concept ont été regroupés au sein de l’ASB Office dès 2011, et cet organe a déjà fourni une liste de recommandations capacitaires.

L’ASB étant un concept aéronaval, les forces terrestres (Marines et US Army) ont élaboré conjointement le concept Gaining and Maintaining Access, dit GMAC, pour mieux intégrer leurs forces dans la bataille. Il s’agit d’une planification d’ensemble d’opérations dispersées de forces conventionnelles ou spéciales, de nature amphibie, aéroportée ou aéromobile, en misant sur la déception et l’effet de surprise. L’objectif affiché est de neutraliser les capacités d’interdiction de zone, notamment les systèmes G-RAMM (Guided Rockets, Artillery, Mortars, and Missiles), éventuellement assorti d’une occupation du terrain. Parallèlement, les Marines développent leurs capacités amphibies à travers le concept Single Naval Battle, prônant une meilleure intégration de ces opérations à la planification et conduite des opérations aéronavales ayant pour mission le contrôle des mers ou la projection de puissance.


L’ASB et le piège de la prophétie auto-réalisatrice

Le concept ASB apporte, du point de vue militaire, une plate-forme intéressante pour assurer une meilleure synergie trans-domaines entre les composantes de l’armée américaine, tactiquement et techniquement. Il commet néanmoins l’erreur majeure de poser les termes de la confrontation en un choc frontal qui, quoi qu’on en dise, demeure sensiblement symétrique, avec des prévisions de pertes très élevées sans garantie de succès final. La réflexion n’a pas été étendue à des aspects innovants pouvant éventuellement déboucher sur des technologies de rupture assurant un avantage opérationnel décisif. Le raisonnement en vase clos évacue également le statut nucléaire de Pékin et sa riposte face au déploiement américain dans la zone. Il présuppose aussi que l’adversaire ne cherchera pas à utiliser les options de confrontation classique, conscient de la supériorité américaine en la matière. Cela fait beaucoup de trous dans la raquette, partant d’une surestimation de ses capacités propres, et d’une dangereuse sous-estimation de celles de l’adversaire.

Finalement, l’ambiguïté de la stratégie américaine qui prône la fermeté sans préconiser ouvertement la confrontation fait de l’ASB le terreau d’une prophétie auto-réalisatrice, en donnant aux Chinois une bonne raison pour continuer la modernisation à marche forcée de leur appareil militaire. L’ASB est un piège qui enferme le développement de la situation dans un choix unique funeste. Des voix de plus en plus audibles plaident pour une stratégie de blocus naval de la Chine, dite Offshore Control, mettant à profit la profondeur océanique stratégique dont jouissent les Américains dans le Pacifique, tout en évitant le risque d’une confrontation directe avec l’APL. 


Lorsqu’on a un marteau pour seul outil…

Nous pouvons voir la guerre en Ukraine et l’intensification de la confrontation avec la Chine comme les deux faces d’une même pièce : la thalassocratie qui vient défier la tellurocratie. L’objectif étant de casser l’élan des puissances eurasiatiques et mettre un terme à leur inquiétante montée en puissance, à défaut de pouvoir contrôler efficacement et entièrement cette zone clé, le fameux Heartland de Mackinder.

Lorsqu’on a un marteau pour seul outil, on a tendance à voir tous les problèmes sous forme de clous. Les Américains ont certes une boîte à outils fournie, mais leur statut d’hégémon semblait les dispenser de recourir aux subtilités de la diplomatie depuis la chute de l’URSS. Or, mobiliser cette logique pour gérer la rivalité systémique avec la Russie et la Chine est une invitation au suicide collectif. Un pas de plus vers la destruction mutuelle assurée (Mutually Assured Destruction).

A notre humble avis, privilégier l’échiquier militaire dans la confrontation avec la Chine est une erreur monumentale pour au moins quatre raisons :

  • Le postulat de base des Américains est qu’ils disposent d’une supériorité militaire incontestable. Or, rien n’est moins sûr. Il faut se souvenir que Washington n’a gagné aucune guerre depuis 1945, à moins de considérer le Vietnam et le chaos irakien comme des victoires, ou la débâcle d’Afghanistan contre des guerriers en sandales comme une réussite stratégique. Il est d’ailleurs aberrant de parler aujourd’hui de victoire militaire au moment où les rapports de force théoriques volent en éclat au premier coup de canon. En cas de guerre ouverte contre la Chine, une victoire à la pyrrhus pourrait être le scénario le plus optimiste pour Washington qui, dès lors, devrait se poser la question autrement : où se situe la limite d’un acceptable loss?
  • La supériorité chinoise en matière de missiles hypersoniques pose la question de la sacro-sainte sanctuarisation du territoire américain. Si, d’aventure, Pékin répliquait à l’intervention militaire américaine, dans ce qu’elle considère finalement comme une affaire sino-chinoise, avec des salves de missiles dirigées contre des objectifs américains, il serait très intéressant d’observer la réaction de Washington face à la mobilisation de sa propre population qui estime que les luttes géopolitiques lointaines ne méritent certainement pas de sacrifier l’American way of life.
  • Le partenariat stratégique sino-russe pourrait très bien se transformer en alliance militaire pour sanctuariser conjointement l’espace eurasiatique. Il est vrai que beaucoup de choses séparent les deux géants, mais ils sont fortement unis par leur refus de l’hégémonie occidentale et la peur de revivre une nouvelle période d’humiliation. La chute de l’URSS et les guerres de l’opium sont des marqueurs forts de l’identité géopolitique contemporaine de Moscou et Pékin. Ne pas comprendre cela c’est mésestimer profondément la force du ressentiment comme moteur de l’action géopolitique.
  • Pour Pékin, la récupération de Taïwan est d’abord une question d’honneur national. Autant dire un enjeu de vie ou de mort pour un pays de culture confucéenne. On peut y voir un axiome suranné ou l’expression d’un nationalisme conquérant, mais là n’est pas le problème. Faire fi de cette représentation, de cet imaginaire, et tenter à la place d’imposer sa propre volonté par la force aux premiers intéressés est une stratégie dont l’inconscience aveugle dépasse l’entendement. Il faut bien comprendre et contextualiser aujourd’hui les paroles de Confucius, quand il dépeint l'homme d’honneur comme un être émancipé de toute crainte : “Celui qui sait ne doute pas, celui qui est bon n’est pas inquiet, celui qui est brave n’a pas peur.”


Pour clore

Placer le rapport de force avec la Chine dans une dimension militaire avant tout enferme les protagonistes dans un choix unique. Chaque jour qui passe rend plus difficile l’affrontement à venir, les différentes parties s’employant furieusement à fourbir leurs armes. Qu’importe la force contre un adversaire déterminé comme la Chine? De même, que vaut l’irrédentisme de Pékin face à l’impressionnante armada américaine qui piaffe d’impatience? Le général prussien von Moltke nous a prévenu : “Aucun plan de guerre ne résiste au premier coup de canon.”

Penser la question de Taïwan en évacuant ses racines historiques ou l’instrumentaliser pour briser l’élan de la puissance montante seraient de gravissimes erreurs. Le beau métier de diplomate, qui s’est par ailleurs fortement déprécié, aurait certainement un rôle central à jouer, pour autant qu’on veuille bien le mobiliser.

L’ordre mondial construit après 1945 est moribond, et les prémisses du monde nouveau sont déjà perceptibles. Il est regrettable que ce dernier soit voué à naître dans la douleur et le fracas des armes, car entre l’hubris hégémonique et l’intransigeance de la fierté nationale restaurée il ne peut y avoir d’entente ni de compromis. C’est comme si l’Histoire ne nous avait rien appris. Condamnés, nous le sommes, à reproduire aveuglément les erreurs du passé, en espérant benoîtement qu’il en sortira autre chose qu’une tragédie dont les actes sont déjà écrits.

Michel Posternak

PhD in physics, consultant at Private

1 ans

Ce dont l'auteur de ce très intéressant article ne parle pas, c'est comment les USA pourraient mener de front la guerre (par procuration) contre la Russie d'une part, et une guerre contre la Chine d'autre part. J'imagine dans ce cas que les USA laisseraient tomber leur soutien au conflit ukrainien, le laissant entre les mains des Européens déjà exsangues aujourd'hui. Cela pourrait signer à terme la fin du conflit ukrainien ???

Jacques Darboux

retraité actif et en mouvement

1 ans

Les Américains en faillite croient qu'une guerre est la solution

Joël Toussaint

MD & Founder MAXIMedia

1 ans

Magistral. Les multiples facettes abordées justifient la longueur.

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