Taux de chômage, notre village Potemkine
7.4%, le taux de chômage en France. Les Ministres s’enthousiasment, les oppositions sont béates, l’heure est à l’euphorie et au sentiment de satisfaction. Pourtant ce chiffre est une illusion.
Prenons une minute, fastidieuse, pour regarder les chiffres. La population active française est composée de 29.8 millions de personnes. Avec 2.2 millions de de demandeurs d’emploi à la fin du 4e trimestre 2021, CQFD le taux de chômage est de 7.4% (29.8/2.2*100 = 7.38)
Or, le nombre de personnes inscrites à Pôle Emploi, pour cette même période, est de 5.65 millions, dont 3.35 millions pour la catégorie A, c’est-à-dire des personnes n’ayant aucune activité.
A l’incohérence apparente des chiffres, la réponse est prête. Il s’agit des chiffres au sens du Bureau International du travail (BIT) qui définit un chômeur “comme une personne ayant recherché activement un emploi dans le mois précédent et qui se dit disponible pour être employée dans les deux semaines”. Considérant le fonctionnement actuel de Pôle Emploi, le fait qu’en moyenne une personne inscrite dans cette institution a un rdv tous les deux mois, on se demande bien qui peut déterminer les paramètres précités…Certains économistes alertent sur le chiffres des radiations
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une petite manipulation des chiffres tolérée semble-t-il par le personnel politique (“de bonne guerre” en période électorale où chacun se dit peut-être qu’il ferait pareil).
Toutefois, à bien regarder les données publiques, nous trouvons aussi le “halo” du chômage. Le halo ? “Des personnes sans emploi qui en souhaitent un mais ne satisfont pas les autres critères du BIT”. Il s’agit en France, aujourd’hui, de 1.9 millions de personnes… Soit presque autant que le chômage officiel.
La réalité apparait plus lisible avec le taux d’emploi, et au quatrième trimestre 2021, il est de 67.8%. Ce qui signifie que, sur 100 personnes en âge de travailler en France, 67.8 ont un emploi. Soit, si nous reprenons notre population active (29.8 millions de personnes), seules 20.2 millions d’entre elles ont un emploi. Près de 10 millions sont en âge de travailler et ne le font pas. Même en enlevant les étudiants et les “jeunes retraités”, nous sommes en situation de sous-emploi chronique.
Dès lors, les chiffres du chômage sont faux. Il en résulte une illusion sur l’état de notre société et l’efficacité de notre pacte social (notre village Potemkine). De là, l’incapacité du personnel politique à proposer des solutions nouvelles, le ripolinage permanent du service public de l’emploi (dont “France travail” n’est que le dernier avatar), et les fractures grandissantes au sein de la société française dont le taux d’abstention à l’élection présidentielle ne serait qu’un des symptômes.