Tech & santé - Cyberdépendance : un piège pour la jeunesse

Tech & santé - Cyberdépendance : un piège pour la jeunesse

« La frugalité guérit à court terme et construit à long terme » rappelle la psychosociologue Elise DURAND dans son dernier livre à paraître « Au service de la jeunesse » (Edition Harmonia). Le rapport de l’OMS sur l’enquête HBSC 2021/2022 révèle, chez les adolescents, une augmentation régulière depuis 2018 de la cyberdépendance. Celle-ci altère leur capacité d'attention, la qualité de leur communication et compromet leur intégration professionnelle. Le remède à la cyberdépendance pourrait résider dans la frugalité, qui maximise les ressources tout en minimisant les coûts. Corollaire de la frugalité, le temps long privilégie la durabilité, mais pose des défis économiques et démographiques, notamment en Europe.

Le rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé présente les résultats de l'enquête HBSC 2021/2022 (Health Behaviour in School-aged Children ou, en français, comportement en matière de santé chez les enfants d'âge scolaire) sur l'utilisation des médias sociaux et les jeux vidéo chez les adolescents en Europe, en Asie centrale et au Canada. Il examine la prévalence, les différences selon l'âge, le genre et le statut socio-économique, ainsi que les variations entre pays. Les résultats de l’enquête révèlent une augmentation de l'utilisation problématique des médias sociaux depuis 2018, passant de 7% à 11%. Le rapport souligne l'importance de politiques adaptées au développement, ciblées, inclusives et culturellement sensibles pour promouvoir une utilisation saine des technologies numériques chez les jeunes. Il fournit des données essentielles pour guider la recherche, les interventions et l'élaboration de politiques visant à améliorer la santé et le bien-être des adolescents.

Drogués du numérique

Ce rapport éclaire d’un jour différent l’attitude des entreprises envers les jeunes diplômés nées entre la fin des années 1990 et le début des années 2010. De plus en plus d’entreprises licencient un jeune diplômé recruté en cours d’année, invoquant des qualités relationnelles défaillantes ou absentes. Or, les licenciements pour un tel motif peuvent émaner d’un manque de confiance des jeunes en leurs capacités, alimenté par une consommation excessive d’activités en ligne à partir de l’adolescence, à la fois pour se démarquer de leurs parents et construire leur identité propre, au départ au travers d’un processus d’identification à des personnalités valorisantes. Les interactions en ligne, si elles permettent de recueillir l’approbation de ses pairs, génèrent aussi une sécrétion de dopamine à chaque approbation recueillie. Cette hormone de bien-être agit sur le cerveau à la fois comme une gratification instantanée et une motivation, tout en réduisant le stress. Un cercle vicieux de dépendance à cette sécrétion de dopamine s’enclenche alors. Cette dépendance réduit la capacité de l’individu à gérer des situations de stress. A cela s’ajoute l’habitude de recevoir des gratifications instantanées en ligne, alors que la réussite professionnelle se construit sur le moyen et long terme, et requiert patience et discipline. Ce refus de gratification instantané par l’univers professionnel provoque alors chez l’individu déception et dépression. L’initiation aux interactions sociales dès le plus jeune âge dans l’éducation et l’enseignement faciliteraient l’intégration en entreprise des jeunes diplômés, réduisant corrélativement les licenciements et les situations de cyberdépendance qui en résultent.

De l’écran à l’exclusion

L'augmentation de l’addiction aux jeux en ligne ou aux médias sociaux impacte cette tranche d'âge. Leur capacité d'attention et de concentration s’en trouve affectée. Cela peut nuire à leur apprentissage et formation professionnelle. Leur employabilité risque alors d'être réduite. Les difficultés rencontrées sur le chemin de l’insertion professionnelle peuvent créer un cercle vicieux d'exclusion.

De tels comportements de dépendance au numérique peuvent se cristalliser. Les compétences sociales "traditionnelles" moins développées se manifestent par une détérioration des relations interpersonnelles, notamment sur le lieu de travail. En résulte une adaptation au monde professionnel plus difficile, qui complique le maintien dans l'emploi.

La cyberdépendance des jeunes interroge, de par son existence, sur nos modes de vie. Et si nous étions allés trop loin ?

De la dépendance à la liberté

Le luxe de la simplicité

La SNCF aurait pu faire le choix de mettre ses vieux TGV à la casse et de répercuter sur ses voyageurs les onéreux péages des voies TGV. Un trajet environ 50 % plus court pour un prix fixe 50 % plus cher aurait ainsi attiré une clientèle haut de gamme. Finis les vélos qui encombrent, les enfants qui crient et qui pleurent. La rentabilité d’une ligne favorise sa fréquentation…Ce faisant, le principal acteur du déplacement en train aurait créé un mode de transport pour professionnels pressés.

Au lieu de cela, en septembre 2021, la SNCF annonce des trains à petite vitesse et bas coût pour Lyon et Nantes, avec des prix entre 10 et 30 €. En juillet 2023, la SNCF propose de nouvelles destinations à prix réduits, malgré l'inflation. La SNCF adopte une approche frugale en réutilisant d'anciens trains Corail, évitant ainsi les coûts de mise à la casse et les péages des voies TGV. Cette frugalité permet des trajets plus longs mais moins chers, offrant aux passagers une expérience de voyage différente. La SNCF pourrait redécouvrir l'importance des lignes secondaires et des trains autonomes.

La frugalité, dans le contexte de ce texte, désigne une approche économique et écologique qui vise à maximiser l'utilisation des ressources disponibles tout en minimisant les coûts et les déchets. Elle implique de réutiliser et de valoriser les anciens équipements plutôt que de les remplacer, et de privilégier des solutions simples et efficaces plutôt que des technologies coûteuses et complexes. Ce mouvement se retrouve à travers le mouvement slow life, invitation à privilégier un retour à l’essentiel, loin des excès de la vie moderne. Or, ce mouvement privilégie « la déconnexion régulière des appareils numériques permet de retrouver un lien authentique avec soi-même et les autres ». Ainsi perçu, un tel mouvement pourrait apparaître comme un remède à la cyberdépendance.

Cette notion de frugalité rappelle, à certains égards, le mode de vie des Amish américains. Cette communauté religieuse pratique une vie simple et frugale, évitant les technologies modernes et privilégiant l'autosuffisance. Les conséquences positives incluent une faible empreinte écologique et une forte cohésion sociale. Il reste qu’un tel mode de vie induit une limitation des opportunités économiques et un certain isolement social.

Autre exemple, tiré de l’univers cinématographique, les Na'vi dans le film "Avatar" : Cette civilisation fictive vit en harmonie avec la nature, utilisant les ressources de manière durable et évitant le gaspillage. Les conséquences positives incluent une planète préservée et une société équilibrée. Les Na’vi constatent cependant leur vulnérabilité lorsque débarque sur leur planète une menace extérieure technologiquement avancées, les habitants de la Terre. Une situation qui est transposable aux systèmes économiques terrestres.

Par ailleurs, des évolutions similaires apparaissent concurremment à celle du transport ferré français. La montée en puissance des voitures électriques et des véhicules autonomes développés par Tesla, montre une tendance vers des technologies plus économes en énergie et plus durables. De plus, le mouvement du "minimalisme" et du "zero waste" (zéro déchet) gagne en popularité, incitant les individus à réduire leur consommation et à réutiliser les objets. Enfin, le développement de l'économie circulaire prône la réutilisation des déchets comme matières premières pour de nouveaux produits, réduisant ainsi la consommation de ressources naturelles.

Si la frugalité entraîne la réduction des déchets et de la consommation de ressources, elle encourage l'innovation pour des solutions plus durables et moins coûteuse pour le consommateur. Revers de la médaille, les emplois dans les industries de masse s’en trouvent réduits, posant la question de la reconversion des personnes qui travaillent dans ces secteurs. En outre, le ralentissement de l’innovation dans les technologies de pointe serait, aux yeux des observateurs, le signal d’une stagnation économique due à une baisse de la consommation.

Parallèle à la frugalité, l’idée se développe de « laisser le temps au temps ».

Comme un temple japonais

Corollaire de la frugalité, le temps long induit une approche de la planification et de la gestion qui privilégie la durabilité et la pérennité aux gains immédiats. Les impacts à long terme constituent alors le socle des décisions prises. Ainsi, la SNCF propose des trajets plus longs mais moins coûteux, qui fidélisent le voyageur. Et passer du temps à découvrir et comprendre le monde extérieur au lieu de rechercher des gratifications intenses de brève durée permet l’accumulation, certes lente, mais plus stable de connaissances plutôt que les chocs successifs d’émotions positives ou négatives qui favorisent la cyberdépendance.

Une philosophie du temps long se répercute sur la durabilité des produits et services conçus, fondement de l’économie circulaire. Et les investissements à long terme stabilisent les économies et en réduisent les fluctuations. Toute médaille ayant son revers, une trop grande prudence trahit une stagnation économique et un manque de dynamisme dans l’adoption de nouvelles idées ou technologies. A cet égard, la démographie sert de lampe frontale pour comprendre les tendances géopolitiques et économiques. Or, la population européenne devrait diminuer après 2026, avec des baisses marquées en Grèce, Roumanie et Italie. L'Allemagne, malgré une légère croissance démographique, voit son PIB stagner. La France, malgré une fécondité élevée, pourrait aussi voir sa population diminuer. Ce vieillissement des populations entraîne des défis économiques, sociaux et budgétaires, comme en Allemagne et en France. A cela s’ajoute un positionnement sur l’échiquier mondial, dont la baisse des populations affaiblit la représentativité. Les solutions envisagées incluent l'augmentation de la productivité, l'immigration et des politiques familiales. Le Japon, en déclin démographique, est un exemple à méditer pour l'Europe, qui risque de devenir une "Europe des vieux".

Cette vision rappelle celle développée par la culture japonaise. Elle valorise la durabilité et la pérennité, comme en témoigne la tradition de l'entretien des temples et des jardins sur plusieurs siècles. Ce respect du temps long a conduit à une préservation exceptionnelle du patrimoine culturel.

Le futur du travail : entre écran et interactions

« Il ne s’agit pas de supprimer le téléphone mobile, Netflix et l’ordinateur portable, il s’agit de consommer différemment… » indique le prospectiviste Philippe CAHEN lorsqu’il aborde le thème de la frugalité, vivre mieux avec moins, qu’il oppose à la sobriété, vivre moins avec moins.

Le rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé induit, en germe des conséquences sur de possibles évolutions du marché de l’emploi et des compétences sur le moyen et long terme. Celles-ci se répercuteront, par contrecoup, sur le marché du conseil en évolution professionnelle.

Évolutions possibles du marché de l'emploi et des compétences :

Les nouveaux héros du numérique

  • Émergence d'une catégorie de travailleurs "hyper-adaptés" au numérique.

De tels travailleurs bénéficieront de connaissances et d’aptitudes au filtrage, au traitement et à la diffusion de données complexes multicanal. Capable d’une concentration soutenue, ils auront développé d’excellentes capacités de lecture, un équilibre optimal entre attention et repos et une forte résistance à la fatigue oculaire. Les structures qui les emploieront devront néanmoins surveiller les menaces qui pèsent sur leur santé : fatigue musculaire intensive, troubles musculosquelettiques ou stress numérique chronique, etc. ainsi que la qualité de leurs rapports socio-professionnels.

  • Développement parallèle d'une catégorie de travailleurs spécialisés dans les interactions humaines.

Cette catégorie de travailleurs représente une réponse à la déshumanisation croissante des relations professionnelles. Leur expertise devient cruciale pour maintenir la qualité des relations humaines, assurer la durabilité des organisations ou développer la résilience collective.

Un risque de fracture existe néanmoins entre ces deux populations, au fonctionnement très différent.

Déconnexion : le nouveau Graal des employeurs

  • Demande croissante de "digital detox skills" certifiées

Cette certification représenterait un outil structurant pour l'évolution des pratiques professionnelles et l'adaptation aux enjeux numériques contemporains. Elle inclurait des comportements comme la maîtrise des techniques de déconnexion, la gestion autonome du temps d’écran ou la capacité d’évaluer sa dépendance au numérique en pleine autonomie. Les paramètres d’évaluation de cette « digital detox » prendraient en considération le temps d’utilisation quotidien d’outils numériques, la fréquence des pauses ou la durée des sessions de travail. D’autres paramètres qualitatifs, comme le niveau de stress numérique, la qualité du sommeil ou le bien-être général compléteraient l’évaluation quantitative.

  • Valorisation des compétences d'intelligence émotionnelle

A cet égard, les entretiens de recrutement évalueraient, chez le candidat, sa faculté à prendre conscience de ses états de manque numérique, à analyser ses modèles émotionnels ou à maîtriser ses comportements compulsifs. A cet égard, les travaux de Claude Robert CLÖNINGER sur la détection des personnalités à travers un bilan des neurotransmetteurs biochimiques prélevés à partir des catabolites urinaires servirait d’éléments de vérification pour établir des tendances comportementales.

  • Émergence de postes de "médiateurs numériques-réels".

Au sein de l’entreprise ou chez des structures partenaires, ces professionnels réaliseraient des diagnostics individuels ou collectifs, proposeraient des actions de sensibilisations, des prestations d’accompagnement ou de régulation individuelle ou collective.

·         Création de labels "workplace wellbeing" incluant la gestion du numérique.

L’obtention par une structure de ce label reposerait sur des paramètres comme les infrastructures et les aménagements des espaces physiques (zones déconnectées, espaces de socialisation, aires de pause numérique, etc.) des équipements (régulation lumineuse et acoustique, mobilier ergonomique, équipements d’activité physique ou de relations, etc.) ou du cadre de travail (charte d’usage numérique, protocole de pause, gestion des urgences, etc.).

Du télétravail au blended working : une évolution continue

  • Généralisation du "blended working" (mix présentiel-distanciel).

A cet égard, le recul de certaines organisations sur le télétravail pourrait s’inscrire dans cette transformation. Cette généralisation, pour optimiser le travail réalisé sur site, nécessite cependant de prendre en considération les tâches pouvant être intégralement accomplies à distance.

  • Développement de postes spécifiques pour les profils à usage numérique intensif.

La définition de tels postes aboutirait à l'émergence d'un nouveau segment du marché du travail, nécessitant une approche spécifique en termes d'organisation, de management et de support. La réussite de ces postes dépendrait alors de la capacité à maintenir un équilibre entre performance numérique et bien-être des collaborateurs.

  • Création d'espaces de travail différenciés selon les profils numériques.

Une telle approche représenterait un investissement significatif mais potentiellement rentable en termes de performance et de satisfaction des collaborateurs.

La conception et le déploiement de ces démarches suggère une transformation profonde des métiers de l'accompagnement et de l'insertion, nécessitant une adaptation continue des compétences et des approches. Les structures devront développer des offres de plus en plus spécialisées tout en maintenant une approche holistique de l'accompagnement.

Réapprendre les codes sociaux : le défi post-numérique

Des programmes de "détox numérique" adaptés aux jeunes et de resocialisation intensive pourraient voir émerger des centres de "désintoxication numérique" conventionnés et des services de médiation familiale spécialisés dans les conflits liés au numérique. Les acteurs de l’insertion socio-professionnelle suivraient une ou plusieurs formations pour appréhender ces enjeux spécifiques. Ils se familiariseraient avec des protocoles d'évaluation des compétences sociales post-numériques, des programmes de réapprentissage des codes sociaux, voire des approches thérapeutiques spécialisées. Ces formations déboucheraient sur une certification des conseillers en « équilibre digital-social » ou sur une labellisation des établissements d’insertion au titre de la « Maturité Numérique Professionnelle », qui leur permettrait d’animer des bilans de compétences numériques et relationnelles, des séances de coaching en équilibre numérique professionnel ou des programmes de reconversion « Digital to human ».

Addiction numérique ? Cela reste à voir…

Il reste que des zones d’ombres subsistent sur la cyberdépendance des jeunes franciliens :

  • Quel est le taux d'usage numérique problématique des 16-25 ans franciliens ?
  • Quels sont les impacts précis sur les compétences professionnelles ?
  • Quelles sont les bonnes pratiques d'accompagnement existantes ?
  • Comment mesurer l'efficacité des actions mises en place ?
  • Quels sont les freins et leviers spécifiques au territoire francilien ?

Cyberdépendance : à la recherche du temps perdu

L’une des clés de la lutte contre la cyberdépendance peut se trouver dans le développement de comportements attendus en contexte professionnel :

  • Gestion du temps et de l'attention
  • Communication interpersonnelle en présentiel
  • Capacité à travailler en équipe physique
  • Adaptation aux codes professionnels traditionnels
  • Équilibre entre usages numériques et interactions réelles

Pour aller plus loin

Liens accessibles le 31 octobre 2023

ACADEMIE DES SCIENCES COMMERCIALES – Entretien avec Philippe CAHEN – 6 mars 2024

CAHEN Philippe (LE JOURNAL DE L'ECONOMIE) - Le futur de la SNCF passe aussi par la frugalité - 5 août 2023

GUILHEM Julie - Le mouvement slow : redécouvrir la simplicité au quotidien - 25 avril 2024

INSEE – L’essentiel sur L’Ile-de-France – 20 octobre 2023

ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTE - Un focus sur l'utilisation des médias sociaux et des jeux vidéo par les adolescents en Europe, en Asie centrale et au Canada (en anglais)

INTELLIGENT.COM - 1 entreprise sur 6 hésite à embaucher des jeunes diplômés - 13 septembre 2024

LABORATOIRE BARBIER & LABORATOIRE VERNY – Bilan santé neuropsychique

RECLUS Philippe (ANTIDOX) – Sommes-nous condamnés à devenir « une Europe de vieux » ? 23 novembre 2023

SINEK Simon (DEEPLY THOUGHTS TV) - La dépendance aux réseaux sociaux et aux smartphones vous rend dépressif ! (En anglais)

Hervé KERCRET

Conseil et prévention des conduites addictives - Patient expert certifié / Formateur Indépendant / Conférencier / Coach professionnel membre EMCC 🦋

1 mois

J'ai rarement lu une analyse aussi fine et complète de ce sujet. Je partage la nécessité de ralentir notre propre fonctionnement et de prendre le temps de s'interroger sur nos actions, et nos pensées.

Patrick CUENOT

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1 mois

Merci pour le 👍 Pierre. Et nous, en tant que professionnels du renseignement et de l'analyse documentaire, de par le temps que nous passons devant un écran, comment gérons-nous le risque de cyberdépendance ?

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