Temps nuageux avec risque de pluie et d'orages ...

Temps nuageux avec risque de pluie et d'orages ...

Il y a quelques jours, j'ai publié une nouvelle sur LinkedIn et Twitter suite à la publication d'une enquête réalisée par EuroCIO auprès d'une centaine de ses membres, des grands comptes européens.

Le constat était clair : le mécontentement grandit envers les principaux fournisseurs de cloud public.

Aujourd'hui, il me semble important de rappeler quelques vérités, à mes yeux, quitte à m'attirer les foudres de certains. Pas de soucis, c'est le jeu du débat.

Non, le cloud public n’est pas la solution miracle à tous les problèmes des DSI ! N'en déplaise aux nombreuses rubriques de BFM TV (et d'autres ...) !

Non, le cloud public ne réduit pas systématiquement les coûts. Ce serait trop simple, et une grande nouveauté dans le monde de l'informatique. Je passais déjà ce message lors d'une réunion du CRIP dédiée au cloud en 2016 ! Si le cloud n'est pas utilisé à bon escient, avec une gouvernance déficiente, et bien il coûtera sensiblement plus cher (jusqu'à +30%) à terme qu'une solution "On Premise" avec une architecture pertinente et bien gérée.

Non, ce n’est pas l’adoption du cloud public qui va permettre de "matérialiser" de nouveaux besoins. C'est une expression des besoins complète, rigoureuse et factuelle qui permettra de justifier ou non l’intérêt du cloud public. Souvent les clients déploient des services dans le cloud public pour "voir" en espérant que cela provoquera une étincelle et l'émergence des besoins. Cela n'a jamais fonctionné comme cela (combien de produits prennent la poussière depuis des années sur les étagères sans réel usage ...). On n'adopte pas de la technologie pour faire comme les autres ou être dans le "Buzz" mais pour répondre à un besoin !

Oui, le cloud public impose une gouvernance sans faille afin de contrôler les budgets et garantir les niveaux de service. Et surtout les contrats ne seront d’aucune aide. D'ailleurs ils sont en général impossible à décrypter (des centaines de pages!). C’est avant tout une question d’infrastructure bien construite (performance, résilience, protection, évolutivité), d’outils adaptés pour assurer le suivi et surtout de bonnes compétences en interne ou avec des prestataires !

Oui, le déploiement du cloud public doit être envisagé comme l’infogérance dans le passé, avec deux règles d'or :

  1. On externalise bien que ce que l’on maîtrise bien ! Penser que le fournisseur de services saura faire fonctionner (comment ??? les cierges c'est bien mais tout de même ...) ce qui ne marche pas est la meilleure façon de faire tourner la machine à avenants à plein régime, ou pour être dans son temps, de faire constamment gonfler la note que reçoit le directeur financier à la fin de chaque mois, jusqu'à la prise de conscience souvent violente et brutale (et dans ces moments là, il est prudent de raser les murs ...)
  2. C'est une erreur majeure de supprimer massivement des ressources dans les 12 premiers mois sous prétexte que le fournisseur de services s'occupe de tout ! Vos équipes connaissent les applications qui vont migrer dans le cloud ainsi que les principes d'exploitation en vigueur. Et cette période sera utile pour l'apprentissage ! 

Oui, le SaaS est la version moderne du « vendor-lock-in » mais en plus "hype" : faire le choix de SAP, Oracle, Microsoft, Salesforce dans le cloud c’est avant tout faire un choix structurant pour l’entreprise comme à la bonne époque des choix de progiciels ERP, SCM, RH qui engageaient les sociétés dans des chantiers sur plusieurs années ! Les contraintes fonctionnelles restent les mêmes. Il faudra soit adopter les principes de la solution au détriment des vôtres, soit partir dans des personnalisations complexes et coûteuses. Rien n’a changé !

Oui, le cloud public doit être multiple et diversifié afin d'éviter d’être à la merci des « humeurs » d’un fournisseur (changement de tarif du jour au lendemain …) avec les outils pour passer simplement de l’un à l’autre, non pas via des migrations statiques mais bien en temps réel et en mode « agile. Ce n'est pas de la science-fiction, cela existe !

Non, la richesse des offres des fournisseurs comme AWS et Azure n'est pas synonyme de pertinence par défaut. Certes elles proposent un large éventail de possibilités, souvent innovantes, mais la sur-abondance ne veut pas dire que votre entreprise y trouvera La solution adaptée à SES besoins ! En fait, tout dépend du contexte, métier, technique et surtout humain en termes de compétences. Et il existe des alternatives tout aussi riches, comme l'open source ...

Oui, une période d'apprentissage est une nécessité absolue pour se roder aux nouveaux paradigmes techniques apportés par le cloud public et à sa gouvernance. Aller dans le cloud, c'est dérouler un véritable projet, en mode agile ou non, peu importe, avec des pilotes, des succès et des échecs, et des mises en production progressives. Ce n'est pas activer un beau matin une simple fonctionnalité depuis une boite à cocher. Et il faut être conscient de ses limites : avoir déployé une plate-forme virtualisée au sein de l'entreprise, même de taille conséquente, n'est souvent pas représentatif d'une approche de type cloud : approvisionnement automatique, élasticité dans les 2 sens, évolutivité massive, accès aux nouvelles technologies, catalogue de services adapté, engagement de services, facturation en interne (souvent le plus difficile ...). Restons humbles. Il y beaucoup à apprendre et à créer. Donc il faut s'accorder le temps nécessaire.

Ceci étant dit ...

Le cloud public est devenu une réalité incontournable avec de véritables opportunités pour les entreprises pour gagner en flexibilité, en réactivité, en sécurité, tout sujet où il y a souvent beaucoup à apprendre (soyons honnêtes : le niveau de sécurité mise en oeuvre dans le cloud public est souvent plus élevé que celui déployé au sein des entreprises !)

Voilà, j'ai l'impression d'avoir énoncé des banalités et rappelé des évidences. Peut-être. Certainement. Cependant mes échanges récents avec des clients m'amènent à penser qu'il était utile de rappeler que le bon sens, la prise de recul et surtout le recours aux compétences adéquates seront toujours de bonnes et sages décisions, pour aller vers le cloud public avec succès.

Joyeux Noël !

La conclusion est aussi pertinente et valable pour le cloud public que pour le cloud privé : "la prise de recul et surtout le recours aux compétences adéquates seront toujours de bonnes et sages décisions, pour aller vers le cloud avec succès."

Thibaud Thouvenin

Senior Sales Account Executive chez Cohesity

6 ans

Contraria contrariis curantur!... ;)

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