Tour de contrôle, ici PhD, autorisation de rouler et instructions pour le décollage !

Tour de contrôle, ici PhD, autorisation de rouler et instructions pour le décollage !

Vous êtes doctorant et vous envisagez de partir à l’étranger ? Roger that. Mais avez-vous anticipé les différentes étapes de cette mobilité ? Non ? Et bien voici quelques conseils pratiques pour vous guider tout comme le contrôle aérien avec les avions.

  1. La phase de préparation du vol

Pour cette phase, le pilote et le co-pilote passent en revue la check-list avant décollage. Ils calculent le volume de carburant nécessaire pour le vol, vérifient que tous les instruments et la mécanique de l’appareil fonctionnent, demandent le bulletin météo pour connaître les conditions de vol… Ils s’assurent également que le plan de vol a bien été transmis au contrôle aérien.

En tant que pilote de votre projet de mobilité, à vous également de préparer votre plan de vol et votre check-list avant départ :

  • En quoi ce projet de mobilité sert-il votre projet professionnel ?

Pour certains employeurs, académiques ou industriels, une expérience à l’international fait partie des critères de recrutement (par exemple Bayer, ONERA… ). Mais pour d’autres, la mobilité internationale n’est pas impérative, auquel cas ce sera à vous de démontrer en quoi ce choix de partir à l’étranger était cohérent avec votre projet professionnel. N’oubliez pas que cette étape internationale doit servir votre prochain poste : acquisition d’une compétence ou technique indispensable pour ce poste, publication de haut-niveau, première collaboration avec le monde industriel pour faciliter la transition vers ce secteur par la suite.

  • Quelles sont vos motivations ? Quelles sont vos attentes ?

Les motivations sont tous les éléments, internes et externes, qui vous poussent à agir et à poursuivre vos efforts sur la durée, notamment en cas de coups durs (et la mobilité n’est pas un long fleuve tranquille !). Identifiez-les et sachez également comment vous arrivez à vous remobiliser en cas de baisse de motivation : vous fixer de nouveaux objectifs challengeants ? Des discussions avec vos pairs, amis, membres de la famille… ?

N’oubliez pas non plus de vous poser la question suivante : qu’est-ce que j’ai envie de vivre là-bas ? Cela va forcément impacter la préparation de votre projet. Avez-vous des attentes uniquement sur le plan professionnel (par exemple intégrer un super laboratoire, travailler avec un scientifique de renom…) ou avez-vous aussi des attentes plus personnelles, comme la découverte d’une nouvelle culture ? Auquel cas cherchez autant que possible les interactions avec des personnes du pays et pas uniquement les chercheurs étrangers comme vous !

  • Quelles sont vos contraintes ? Quels sont vos freins ?

Au-delà des contraintes administratives (par exemple l’obtention d’un visa), pensez aussi à vos contraintes plus personnelles, notamment lorsque vous êtes en couple, avec ou sans enfants. Partir à l’autre bout du monde en laissant derrière mari ou femme et enfants n’est certainement pas la meilleure idée… Si votre conjoint n’est pas dans une logique de conjoint-suiveur, peut-être serait-il plus pratique de choisir un pays avec lequel les allers-retours entre vous et votre conjoint sont facilement réalisables sur un week-end par exemple.

Si en revanche vous partez à deux, il y aura peut-être des concessions à faire de part et d’autre : lesquelles ? Et n’oubliez pas que de plus en plus d’employeurs proposent des services spécifiques pour les couples à double carrière (comme par exemple L’Oréal et l’Université de Nuremberg ), pensez à les solliciter.

Quant aux freins, sont-ils incontournables ? Par exemple, vous ne parlez pas la langue du pays. Vous pourrez très bien vous débrouiller dans la plupart des cas avec l’anglais, au début. A charge ensuite d’apprendre la langue sur place, d’autant plus que les employeurs proposent souvent des cours de langue pour leurs salariés étrangers.

  1. La phase de roulage et le décollage

Une fois l’autorisation de rouler obtenue, l’avion va se détacher de la passerelle d’embarquement et rouler jusqu’à l’entrée de la piste de décollage. C’est durant cette phase que le personnel navigant commercial (PNC) vous présente les consignes de sécurité. Et enfin, le pilote et le co-pilote poussent les gaz à fond pour permettre à l’avion d’atteindre la vitesse de rotation et de décoller.

La phase de roulage de votre projet de mobilité va consister à mettre en œuvre toutes les actions nécessaires pour partir dans de bonnes conditions : faire des demandes de financement dans le cadre d’un postdoc (par exemple actions Marie-Sklodowska-Curie , FNS pour la Suisse, DAAD pour l’Allemagne, JPSP pour le Japon…), préparer ses candidatures en tenant compte des codes professionnels et culturels (un CV allemand ne ressemble en rien au CV français), recherche un appartement ou une colocation (beaucoup plus fréquent à l’étranger qu’en France), recherche des informations et cibler vos employeurs potentiels en fonction de vos envies professionnelles, vous renseigner sur les modalités d’immigration dans le pays ciblé…

Votre phase de rotation sera votre recrutement et hop, vous vous envolez pour une nouvelle et belle aventure humaine et professionnelle (du moins si vous avez fait de vrais choix et non pas des choix par défaut).

  1. La phase de croisière : entre grand soleil et turbulences

Une fois la phase de montée terminée, l’avion est à son altitude de croisière et au-dessus des nuages, temps clair et ensoleillé. Sauf que parfois, le radar météo de l’avion prévient le pilote et son co-pilote d’éventuelles dégradations météorologiques et donc des conditions de vol moins agréables : turbulences, trous d’air…

Un séjour à l’étranger n’est pas de tout repos, en fonction de la durée du séjour et de la proximité culturelle avec le pays d’accueil. Une fois la couche de nuages traversée (c’est-à-dire les démarches administratives notamment !), grand soleil : vous vous émerveillez devant votre nouvel environnement, social et professionnel. Tout est différent donc tout est mieux !

Mais voilà, cette phase de découverte ne va pas durer. Plus vous serez immergé dans cette nouvelle culture, plus vous vous rendrez compte que ce n’est finalement pas si simple. Des comportements que vous trouviez « étonnants » au départ commencent à vous déstabiliser (comme par exemple au niveau de la communication : des choses sont dites et finalement veulent dire autre chose), vos habitudes « d’origine » sont mal perçues ici (par exemple ajouter spontanément un sujet de discussion pendant une réunion en Allemagne dont l’ordre du jour avait été fixé une semaine avant)… Bref, vous ne comprenez pas les autres et les autres ne vous comprennent pas. Sans compter que vous commencez à avoir le mal du pays. Bienvenue dans le choc des cultures ! Mais rassurez-vous, cela finit par passer : demandez à celles et ceux qui sont partis, ils vous le confirmeront !

  1. La phase de descente et d’approche initiale

Cette phase consiste à faire descendre progressivement l’avion tout en se rapprochant de l’aéroport de destination. Le pilote et le co-pilote vont alors demander au PCN de préparer la cabine pour l’atterrissage, vérifier les conditions météo sur l’aéroport, contacter le contrôle aérien pour connaître les consignes d’approche, passer en revue la check-list pour l’atterrissage…

La phase de descente correspond à la phase retour de votre mobilité. Tout comme l’avion, vous devez vous-aussi préparer cette phase car elle peut être délicate.

Pour un atterrissage en douceur, voici nos conseils pratiques :

  • Si vous devez passer des concours, pensez à noter les dates importantes : date de pré-inscription, date limite d’envoi du dossier (et pensez à vous renseigner en avance sur les pièces à fournir !), date de l’examen et des entretiens…
  • Vous êtes parti longtemps, votre ancien environnement professionnel vous a certainement oublié. Sauf si vous avez maintenu le contact avec vos anciens collègues ou la DRH. Comment ? En leur envoyant par exemple des informations sur vos derniers travaux, en leur rendant visite pendant vos congés, en développant une collaboration avec votre ancien laboratoire… Restez visible pour qu’on pense à vous pour d’éventuelles opportunités !
  • Explorez le marché de l’emploi et tenez-vous informé des tendances du recrutement : qui recrute ? Quelles compétences ? Quel profil ? Vous pourrez ainsi préparer au mieux vos futures candidatures.
  1. La phase d’approche finale et l’atterrissage

Le contrôle aérien continue de guider le pilote et le co-pilote pour qu’ils alignent l’avion sur l’axe de la piste. Sur la toute dernière phase de la descente, ils relèvent légèrement le nez de l’avion, ils le redescendront une fois le train d’atterrissage posé sur le sol, avec plus ou moins de délicatesse. Il ne leur reste plus qu’à freiner puis rouler jusqu’à leur point de stationnement, d’où ils débarqueront passagers et bagages.

Le retour dans votre pays peut être tout aussi brutal que le contact du train avec le sol, là encore tout dépendant de la durée de votre séjour et de votre degré d’adaptation à la culture d’accueil. Vous allez revivre ce que vous avez vécu à votre arrivée dans le pays d’accueil, c’est ce qu’on appelle le choc culturel inversé. Vous vous sentez étranger dans votre propre pays, dans votre propre famille. Pas de panique, on s’en remet !

Pour ne pas se crasher, l’avion relève son nez légèrement avant l’atterrissage. Pareil pour vous : ne vous focalisez pas uniquement sur votre retour et anticipez ce que sera votre prochaine étape professionnelle. En levant le nez, vous pourrez aussi plus facilement mettre en perspective cette aventure à l’étranger, il vous sera plus facile d’en parler face à un recruteur.


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Cet article est le quatrième de la série « vacances d’été ». Pour (re)lire les articles précédents :





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