Tour de France - Étape 3 : les à-côtés de la Côte
La Grande Bleue et l'arrière-pays de Cannes vus depuis les hauteurs des pré-Alpes, à Cabris (Alpes-Maritimes)

Tour de France - Étape 3 : les à-côtés de la Côte

Riviera, n.f. : "région caractérisée par le contact brutal de la mer et de la montagne". En France, depuis le récit de voyage publié par un certain Stéphen Liégeard en 1887, on dit plutôt "Côte d'Azur", mais l'idée est la même : entre Menton et Marseille, c'est bleu, et ça grimpe. Brutalement.

Surtout que si, en apparence, il y a deux options d'itinéraire (la côte ou l'arrière-pays ? : la côte bien sûr, se dira l'esprit de la cycliste un tantinet encline à l'économie d'efforts et à la perspective d'une baignade quotidienne), il ne faut pas bien longtemps pour se rendre compte qu'il n'y en a en fait qu'une. Les routes parfois étroites et à toute heure très fréquentées du littoral, l'urbanisation dense et quasi continue - l'agitation en somme, que peinent à faire oublier la brise légère dans les palmiers et la musique lounge montant des plages privées -, ont rapidement raison de moi : après deux jours, je décide de prendre le maquis. La Côte, c'est pour les road-trips en Vespa et pour "aérer sa Lamborghini le dimanche" (dixit le gardien d'un parking à Monaco) ; pour le vélo, il me semble préférable de prendre un peu de champ.

A côté de la Côte, on découvre Sainte-Agnès, le village littoral le plus haut d'Europe (tout de même!), suspendu à un piton rocheux où Maginot implanta le dernier bastion méridional de la fameuse ligne, et d'où l'on admire aujourd'hui Bordighera, la Corse par temps clair, la baie de Menton et le début de l'arc alpin. Un peu plus loin, les Grassois célèbrent la rose, les villages médiévaux du Haut-Var restent solidement perchés sur leur colline verte ou, comme à Cotignac, ancrés à même la grande falaise de tuf, le soleil fait rougeoyer la bauxite entre les chênes, les pins et les oliviers, et les cascades chantent comme la langue des Anciens à moustache qui se donnent rendez-vous au boulodrome.

Les à-côtés de la Côte, c'est une alternance de villes et villages provençaux de caractère, investis par les Anglais, les résidences secondaires de ceux qui travaillent dans les villes où il n'y a pas de place pour se garer, les galeries d'artistes et les restaurants inscrits au Michelin, et d'autres villes et villages provençaux de caractère, qu'à première vue rien ne distingue des premiers, mais où, à bien y regarder, les vieilles maisons ne sont pas aussi retapées et où l'on perçoit les stigmates de la pauvreté. A Brignoles, dans l'ancien palais des Comtes de Provence, on trouve aujourd'hui une micro-folie, et sur la place centrale c'est l'Accorderie qui se réunit, plutôt que le Rotary.

S'éloigner quelques jours dans l'arrière-pays, c'est aussi faire renaître le désir de la mer, celui qui donne la force de traverser les reliefs de la Sainte-Baume et des Calanques (on m'avait pourtant dit "promis, à partir de maintenant, ça descend !") pour s'approcher de la grande bleue et y plonger un orteil satisfait.

1er village bio de france

Un petit tour à correns entre cotignac et brignoles?

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Plus d’articles de Louise Haran

Autres pages consultées

Explorer les sujets