Tous entrepreneurs !
Tous entrepreneurs !
Le concept d’entreprise libérée est galvaudé, et souvent critiqué à juste titre.
Beaucoup le voient comme une fausse innovation managériale : a-t-on attendu l’entreprise libérée pour apprendre la nécessité et l’intérêt de déléguer, de faire participer ? De quoi les collaborateurs sont-ils « « prisonniers », s’il faut les libérer ?
On le voit aussi comme un alibi pour faire des coupes claires dans les structures, et purger l’organisation de ses corps intermédiaires, jugés trop coûteux, trop exigeants, trop sclérosés…
On le voit enfin comme source de nombreux effets indésirables : perte de repères, de reconnaissance, d’efficience, stress…
Bref, une mode managériale vouée à passer à la trappe comme toutes celles qui l’ont précédé…
Et pourtant ?
S’il s’agissait simplement de permettre à chacun d’exprimer ses capacités d’entrepreneur, ce que l’on nomme couramment dans le jargon RH l’entrepreneurship ?
Si faire de chaque collaborateur un entrepreneur… pour innover, créer, développer, incarner l’entreprise auprès du client… était la véritable clé de la performance ?
Toutes les entreprises qui ont grandi et réussi l’on fait parce qu’elles possédaient en leur sein des entrepreneurs, capables de transgresser, d’innover, de faire valoir leur vision du monde, leur envie de le transformer. Croyez-vous sincèrement que Apple, Google, Microsoft ou, plus près de nous, Leroy Merlin ou OVH se réduisent à leur fondateurs ou à leurs dirigeants aussi visionnaires et charismatiques soient-ils ?
Non. Elles ont eu des parcours exceptionnels parce qu’elles ont su recruter, former, encourager des équipiers dotés de ce talent singulier, et leur permettre de l’exprimer, dans le cadre de leur mission (entrepreneurship) ou de l’entreprise (intrapreneurship).
Cela suppose un management responsabilisant, fondé naturellement sur la confiance, la reconnaissance, la coopération et l’autonomie.
Cela suppose aussi de l’autre côté des collaborateurs prêts à s’investir, à exploiter toutes leurs capacités, à s’engager positivement.
Il s’agit au final de permettre à chacun de prendre conscience de ses talents et confiance dans sa capacité à les exercer, de placer les managers en posture de coach latéral plus que de filtre chargés d’autoriser ou de censurer, de partager une vision et une culture commune de l’entreprise.
Bref, rien nouveau sous le soleil ! Point n’est nécessaire d’engager un processus de « transformation » radicale s’il suffit d’appliquer avec constance et détermination les bonnes pratiques de la gestion humaine : cultiver les talents, bien positionner le management, développer la coopération, partager le sens.
Alors, tous entrepreneurs ?
Yves Lacomblez
Co-fondateur de la SCOP Positif www.positif-conseil-nord.fr
Conférencier / Accompagnement en transformations
6 ansMerci pour cet article,mon cher Yves,qui replace bien les choses dans leur contexte.Le management,c’est avant tout du bon sens et il y a des invariants que tu soulignes bien.Le tout est...de les mettre en place et les faire vivre. Amitiés.
CCI HAUTS DE FRANCE
7 ansOui, je partage certains de vos arguments "résistance au changement". Je note également des freins tels que, perte du soi-disant monopole de certains cadres, confiance toute relative envers les autres de peur que... Bref, l'idée plus que séduisante de mener enfin l'entreprise vers le plus d'efficacité et de rayonnement, en mode implication tout naturelle de chacun des acteurs, ne passera que par la "révolution culturelle" de beaucoup... Je suis Fan, mais en attente de mouvement !
Dirigeant chez Sartorius Consultant
7 ansMerci à G. Mulliez de m'avoir permis d'etre entrepreneurs, ainsi qu'à des milliers d'autres collaborateurs .
Consultant en Stratégie et Performance Marketing & Commerciale
7 ansMerci Yves! Devant la déferlante de tous les pseudo "gourous" du Management et de leurs recettes plus ou moins "fumeuses" censées révolutionner la façon de travailler ensemble au sein de l'entreprise, ..., un rayon de fraîcheur, ... et de retour aux intangibles fondamentaux en la matière ne peut faire que du bien! (-: J'apprécie en particulier votre "chute" dont chaque mot est pesé et à sa place: "Bref, rien nouveau sous le soleil ! Point n’est nécessaire d’engager un processus de « transformation » radicale s’il suffit d’appliquer avec constance et détermination les bonnes pratiques de la gestion humaine : cultiver les talents, bien positionner le management, développer la coopération, partager le sens." ... pour illustrer votre "rien de nouveau sous le soleil", j'ai retrouvé ce texte: "... Car une entreprise est une communauté d'être humains. Son action est celle d'êtres humains. Une communauté humaine doit être fondée sur des croyances communes, elle doit symboliser sa cohésion par des principes communs. Autrement, elle se paralyse, devient incapable d'agir, de pouvoir demander à ses membres et obtenir d'eux une action et des efforts " Peter Drucker, "la Pratique de la Direction des Entreprise" ... 1954! PS: je suppose que la pratique de la SCOP n'est pas un hasard dans ce rappel (-: Bonne journée H Mercuri