A tous les déçus du monde d’après, soyez patients!

Dans notre monde connecté qui tourne à 100 à l’heure, nous avons pris l’habitude d’avoir tout, tout de suite. Les nombreux tenants du changement dans le monde d’après font pour beaucoup preuve de ce biais et déclarent leur déception: "Tout redevient comme avant, et même en pire", disent-ils. Il est pourtant indispensable de se rebrancher sur le temps long et de remettre les événements en perspective:

- la crise est encore jeune: certes le confinement nous a semblé très long, mais n’oublions pas que la crise a démarré en décembre, il y a moins de 8 mois; il faut bien plus de 8 mois pour que les grands changements se mettent en place

- la crise n’est pas terminée: si le gouvernement a mis fin au confinement, la crise sanitaire, elle, continue avec de nombreux rebondissements à prévoir, et la crise économique ne fait que commencer

- le 1er réflexe, revenir aux habitudes passées: en sortie de crise, la plupart des opérateurs reviennent par réflexe à ce qu’ils connaissent, c’est à dire au monde d’avant; pour faire redémarrer des activités qui ont été bouleversées par la crise, il est en effet plus rassurant de faire ce que l’on maîtrise le mieux

Mais il ne fait pas désespérer. Les graines du changement ont été plantées. L’histoire montre que les bouleversements majeurs arrivent rarement immédiatement en sortie de crise. Raymond Aron, le philosophe français, a justement constaté que, durant la 2e guerre mondiale, beaucoup avaient fait le constat que l’inefficacité du système politique des partis de la 3e république était l’une des raisons majeurs de l’effondrement français de 1940; beaucoup d’ailleurs appelaient, à la libération, à une réforme en profondeur du système politique français, voire à une révolution. En fait, la 4e république, mise en place à la sortie de la guerre, ressemblait d'assez près à sa prédécesseur. La révolution est arrivée, en fait, plus de 10 plus tard, en 1958, avec l’avènement de la 5e république.

Les changements sont en route mais il faut laisser du temps au temps pour les voir arriver et les sentir, même de nos jours. le monde d'après sera différent mais pas immédiatement.

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