TRACES
"Je pense à ce héros d'Une Vie de Maupassant qui découvre après la mort de sa mère une boîte qui contient toutes sortes de papiers insignifiants - enfin "insignifiants" oui mais pour qui, apparemment pas pour elle puisqu'elle les avait conservés dans ce qu'elle appelait sa "boîte à reliques"
(reliques
1- ce qui reste du corps des saints
2 - Objet témoin du passé auquel on
attache le plus grand prix
3 - dernier représentant d'un groupe
ancien autrefois prospère - Larousse)
donc précieux parce que validés par la haute autorité de la religion, d'un sentiment ou de la science. Dans tous les cas : objet disparu - (...) Pour ce qui est de moi c'est clair, je peux cocher la case "disparu", qu'il s'agisse de notes, papiers, cartes ou cartons qui ont appartenu à des inconnus et sont arrivés sous mes yeux par hasard, ou de mes propres notes, papiers, cartes ou cartons dont je ne sais même plus ce qu'ils ont signifié ni à quel événement de ma vie ils renvoient, peu importe j'ai autant d'émotion à les découvrir, de soin et de précautions à les conserver que l'archéologue en a à découvrir un tesson qui lui permettra de dater une époque, ou encore l'os humain le plus ancien de tous les temps... Non ce n'est pas mon passé que je cherche à conserver mais LE passé. Le passé comme existence énigmatique, le "trou noir" où se sont effondrées des vies."
(Extrait d'un roman en cours de travail, repris d'ailleurs d'un très ancien texte des années 90, achevé mais abandonné parce que je n'en étais pas contente. C'est ma méthode habituelle, je laisse toujours passer les années, de nombreuses années, pour que le texte vieillisse en moi... comme le vin. Bon ? C'est à voir)