Tranche de vie au Jazz Ste-Foy...
31 janvier 2024 - Je suis allée travailler dans les lieux communs du Jazz Ste-Foy. Installée dans la bibliothèque et je me suis retrouvée spectatrice de la vie qui s’y déroule.
15h22 Mme Marjolaine arrive avec deux autres résidentes et s’assoient dans le salon. Elle allume le foyer et mentionne : « J’allume mon foyer ». « Oui, Marjolaine elle connait les lieux elle habite ici depuis longtemps » dit Mme X à l’assemblée. Les trois femmes sourient.
Je comprends que Mme Marjolaine arrive d’une convalescence, elle raconte son opération, sa convalescence et son retour. Madame Ghislaine arrive et crie de loin « Marjolaine, tu es de retour, oh je suis contente ». Elles se prennent dans les bras. Madame Marjolaine remercie Madame Ghislaine pour les petits plats qu’elle lui a préparé depuis son retour.
Madame Marjolaine dit à l’assemblée : « bon c’est vrai je suis enfin de retour chez nous ». Chez nous… c’est le Jazz Ste-Foy et je souris de l’entendre le dire.
Madame Gisèle arrive à son tour et se joint au groupe, une des femmes s’exclame : « Oh toi tu es toujours bien habillée, je suis jalouse de tes tenues » et elles rient de bon cœur en soulignant le look de Madame Gisèle.
Une nouvelle résidente se joint encore et chacun l’interroge sur son ressenti au Jazz, elle dit : « j’embarque, je suis le courant, la vague est parfois forte mais j’y arrive ».
Et là, dans l’heure qui suit leur arrivée, j’entends pleins de phrases qu’on pourrait penser tout droit sorti d’une campagne marketing qui vendrait les bénéfices de la vie en résidence :
« On est chanceux d’être là »
« Y’a pire que nous, moi j’ai de la joie de vivre, je suis positive »
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« L’âge d’or c’est quand on vieillit »
« Moi je trouve que c’est un privilège d’être ici, dans une belle bâtisse comme ça »
« Je suis bien trop jeune pour partir d’ici »
« Après souper, on va aller jouer aux cartes avec Arthur »
Je les écoute et je suis émue. J’ai signé quelques baux à ses femmes lors de mes années de conseillère en qualité de vie au Jazz Ste Foy et ça me frappe de voir à quel point elles sont heureuses, en paix. Il y a quelques années elles ne se connaissaient pas et aujourd’hui elles se rassemblent, se soucient les unes des autres, passent le temps ensemble.
Elles rient, parlent des circulaires, de leurs bobos, des activités de la semaine et de leurs vies d'avant. L’une d’elles mentionne qu’elle a 74 ans « une petite jeunesse » lui répond Madame Marjolaine.
On sous-estime, on ignore la vie qui se célèbre chaque jour en résidence. Je les trouve belles dans leur résilience, dans leur échange et j’imagine mes grands-parents, encore dans leur maison en France, seuls, qui seraient tellement heureux ici… au milieu de ses gens qui écrivent de jolies pages dans leur livre de vie.
Vivre en résidence pour aînés c'est un cadeau qu'ils se font et ils en ont pleinement conscience.