"Tranformateurs" - Co-innover, au-delà des start-up

De plus en plus d’entreprises en ont conscience : dans un monde d’échanges rapides, globalisés, où le numérique est omniprésent, il faut s’ouvrir au maximum pour pouvoir tenir le rythme. Un objectif plus facile à dire qu’à faire ! Surtout, quand les organisations ont été habituées pendant des années à innover seules, autour de leur R&D, et que leurs systèmes d’information ont été pensés comme des « châteaux forts », dotés d’étroites meurtrières pour regarder le monde.

Le credo « Créons de la valeur ensemble » est alors difficile à enclencher… C’est pourtant le premier défi des entreprises et aucun secteur n’y échappe.

Heureusement, depuis plusieurs années, l’open innovation (ou innovation ouverte) s’installe peu à peu dans la culture des entreprises et devient leur piste privilégiée pour s’adapter à ce monde qui change. La surmédiatisation de l’effet « start-up » est cependant à double tranchant. Oui, une meilleure coopération entre petits et grands est indispensable.

Non, cela ne doit pas être le seul point d’attention pour mettre en place un processus d’ouverture et construire une dynamique de transformation de son business model.

L’innovation se trouve autant chez nos jeunes pousses, qu’au coeur des centaines d’ETI et PME que compte la France et qui ne bénéficient pas de la même exposition. Ces acteurs ont tout autant intérêt à s’ouvrir, à innover et à « créer de la valeur ensemble », qu’elles en ont à collaborer avec des start-up ou à enrichir les chaînes de valeur des grands donneurs d’ordres. Comme l’ont compris ses transformateurs, il n’y a pas une seule recette pour créer un véritable écosystème, il y en a mille.

Lydia Babaci-Victor (Vinci Energies)

Pour la directrice du développement et de l’innovation de Vinci Energies, il est illusoire de penser qu’une entreprise peut innover seule. La filiale du constructeur sait de quoi elle parle puisqu’elle rassemble près de 1 600 entreprises qui traitent près de 200 000 projets par an. La récente création de « La Factory », un lieu d’innovation où se retrouvent les directions des cinq marques du groupe, les équipes dédiées au tertiaire et à la ville intelligente ainsi que plusieurs startup, en est la parfaite illustration. Lydia Babaci-Victor, à son poste depuis novembre 2014, parie sur cette convergence d’expertises pour accélérer le nombre d’expérimentations et de « proof of concept » afin de co-construire leurs offres de demain.

Christel Heydemann (Schneider Electric)

Elle a été nommée, début avril, présidente de Schneider Electric France, en remplacement de Luc Rémont, désormais directeur des Opérations internationales. Le groupe connaît des transformations profondes sur l’ensemble de ses activités, qui bouleversent son rôle et sa place dans son écosystème. En arrivant chez Schneider Electric fin 2013, Christel Heydemann, alors en charge des partenariats stratégiques, a géré l’accélération des solutions prenant en compte l’IoT. Forte de trois années passées dans la Silicon Valley, elle sait que le groupe doit continuer son accélération, notamment grâce à de nouvelles formes de coopérations au-delà des alliances habituelles du groupe.

Pascale Montrocher (Dassault Aviation)

La chief information officer (ou directrice de l’information) du célèbre constructeur aéronautique compare la complexité actuelle de la gestion des systèmes d’information à celle d’un avion de combat Rafale. On ne peut lui donner tort. Dans le rôle de fond qu’une DSI doit porter pour aider à la transformation de son entreprise, Pascale Montrocher se veut pragmatique et appelle à ne pas tomber dans un « modernisme » qui pousserait à tout prix au remplacement de systèmes et technologies anciens. Admettre que le legacy peut aussi être une force, rend parfois plus aisé de garder le lien entre transformation, stratégie de l’entreprise et réalités des processus industriels.

Emmanuel Morandini (April)

Directeur général du groupe April depuis décembre 2016, après l’avoir rejoint deux ans plus tôt en tant que directeur général délégué, Emmanuel Morandini a pour mission d’assurer la pérennité de la transformation de l’assureur. Il pourra notamment s’appuyer sur un comité numérique de trentenaires qui a pour mission de pousser toute l’entreprise dans le changement. Convaincu qu’on ne peut pas juste « plaquer » les nouveaux modes de production et de distribution du numérique sur une culture, des modes de travail et des technologies qui n’ont pas été pensés pour, il veut agir à tous les niveaux de l’organisation, en commençant par la question du management de l’innovation.

Christophe Leray (PMU)

L’extension des systèmes d’information accompagne la digitalisation profonde des activités du spécialiste des courses hippiques auprès de ses 6 millions de parieurs. Pour intensifier les relations autour de la notion de communauté, fluidifier la transmission d’information et développer la co-création de valeur avec ses clients, l’entreprise doit s’appuyer sur de nouvelles opportunités numériques tout en capitalisant sur son héritage. Pour Christophe Leray, le directeur des opérations et des systèmes d’information, il est impératif de savoir travailler avec les deux faces de cette pièce. La gestion de la complexité reste tout simplement un enjeu managérial plutôt qu’une question technologique.