Transparence dans la mode : Y-a-t-il un vitrier dans l’avion..?

Transparence dans la mode : Y-a-t-il un vitrier dans l’avion..?

Temps de lecture : 4mn30 // Par Aymeric Déchin & Chloé Dalibon

Une mode verte et plus engagée émerge, pleine de promesses, pleine de bonnes intentions. Ce nouveau marché entend s’engager pour la planète, face à une industrie polluante et vieillissante. Chez Faume, nous sommes porte-parole de cette nouvelle génération de créateurs qui communiquent sur leurs modes de travail, sur leur production, qui remettent l’humain au cœur du projet. Une transparence qui a été initiée d’abord à la demande du consommateur, mais jusqu’où peut-on aller ?

Pourquoi parle-t-on de transparence dans la mode ?

Vous vous souvenez des SOS d’ouvriers turcs cachés dans les vêtements, des multiples et tragiques événements survenus dans les usines des grandes enseignes de la Fast Fashion ? Tous ces événements qui ont fait la Une, toutes les catastrophes écologiques, ont permis une réelle, une nette évolution des mentalités. 

Le consommateur a changé ses habitudes et il veut, à son échelle, prendre soin de la planète dans ses gestes quotidiens. Si se vêtir en fait partie, il est difficile de travailler et d’évoluer en société avec une feuille de vigne en guise de vêtement...Et ça tombe bien, puisque l’industrie textile voit l’apparition de nouvelles marques qui semblent prendre les choses en mains. Elles offrent de nouvelles alternatives en utilisant du coton biologique, des produits labellisés, les plateformes de seconde main ont explosé également. Mais ces nouvelles marques, qui se veulent plus « vertes », plus respectueuses de l’environnement, des conditions de travail des ouvriers, plus soucieuses des matières premières, sont-elles vraiment transparentes ? Peut-on vraiment s’y fier ? 

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Il est difficile de remonter la longue chaîne du produit, même lorsque les marques veulent bien faire. Et on entend tout un tas de chose. Le coton serait moins écologique qu’une matière synthétique comme le polyamide par exemple. Lorsqu’on est client, on a du mal à savoir, en regardant une simple étiquette, l’origine des matières utilisées. Ce qui est « bien » pour la planète et ce qui l’est moins. La transparence c’est donner les clés au consommateur. Mais encore faut-il pouvoir lui donner… 

Qu’est-ce que c’est la transparence ? 

En partant du principe que l’on veut consommer mieux, le consommateur s’intéresse de près à ce qu’il va acheter. Comment est fabriqué ce t-shirt ? Dans quelles conditions ? Quels produits chimiques ont été utilisés ? Les vêtements sont fabriqués à partir de matières parfois animales, comme les moutons, les vaches, les alpagas etc. Mais vivent-ils dans de bonnes conditions ? Quelle empreinte carbone ce vêtement a-t-il laissé ? Alors y’a de quoi s’interroger : pourquoi est-ce que ce n’est pas clairement écrit, sur une étiquette par exemple ? Quitte à faire des longues étiquettes qui grattent, avec des pictos qu’on ne comprend pas et écrit en 12 langues.

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 Déjà, parce qu’en Europe, la législation oblige à fournir la composition du vêtement (la fameuse étiquette qui gratte) mais en aucun cas une entreprise n’est obligée d’être transparente quant à l’origine de la fabrication, les conditions, ou la composition. Les entreprises qui mettent en avant ces détails, comme celles que nous recensons sur Faume, le font parce qu’elles ont envie de montrer qu’elles sont allées chercher des informations et que leurs produits sont « responsables ». Mais en fait, même si une certaine démarche est faite, il est difficile de savoir d’où vient une matière, car les fournisseurs restent souvent flous. Pas par envie, mais parce qu’il est extrêmement difficile de savoir d’où vient une matière comme le coton et son trajet jusqu’à nous. 

Le coton peut provenir de plusieurs producteurs pour mille raisons (le marché, la météo, mais aussi un certain type de coton rare peut provenir de différents pays et être réalisé différemment pour n’en former qu’un à la fin…) Les entreprises qui s’engagent dans une démarche responsable essayent au mieux de s’entretenir avec des fournisseurs qui leur donnent le maximum d’informations sur leurs tissus. Mais c’est surtout compliqué parce que c’est tout récent ! Avant, on se souciait peu de savoir comment et où et par qui étaient fabriqués ce qu’on avait sur le dos, pourvu que ce soit à bas prix. Les mentalités évoluent et, nous espérons que bientôt, la traçabilité sera rendue plus facile. Mais pour l’instant, lorsque l’on veut lancer sa marque avec une démarche transparente, on est souvent confronté à la scène des 12 travaux d’Astérix où chacun se renvoie la balle de bureaux en bureaux. Cela demande énormément d’investissement, voire d’investigation. 

Il est également plus simple de répondre aux critères de la mode éthique et responsable sur une petite production que sur une grande. Un peu comme au restaurant. On a plus confiance dans la fraîcheur des produits sur un menu limité que sur une carte qui propose un tour du monde des 5 continents !

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De nombreuses choses peuvent mettre la puce à l’oreille. On peut se méfier d’une marque qui propose du made in France, mais qui derrière a une très longue chaîne de matières venant des quatre coins de la planète. On se méfie en gros de ce qu’on appelle le greenwashing. Des marques qui, surfant sur la tendance du green, vont mettre en avant un catalogue varié mais sans réelle transparence quant à leur démarche environnementale. Il est certes plus facile pour les grandes enseignes de luxe d’avoir une traçabilité parfaite, en contrôlant de A à Z la chaîne de production (à quel coût !) mais une petite structure peut mettre en avant un vrai savoir-faire et une transparence poussée grâce à un cahier des charges rigoureux. Globalement, lorsqu’une marque fait les efforts nécessaires pour être transparent, cela est mis en avant sur leur site car cela demande énormément d’effort. 

Est-il possible d’être transparent à 100% ? 

Il est difficile pour une marque de justifier la totalité de sa chaîne de production, même si certains articles vous expliqueront, photos à l’appui, les équipes sollicitées, les usines qui respectent les droits des travailleurs, les matières premières utilisées. Mais certaines marques ont compris que pour être transparent, il fallait travailler en circuit court, et avec le moins d’intermédiaires possibles. Il ne faut pas perdre de vue que c’est une grosse machine qui est en train de se restructurer de fond en comble et que cela prend du temps, mais les choses bougent pour le mieux ! Le plus important c’est que vous avez du poids dans cette évolution positive, vous faites avancer les choses ! 

Merci de votre intérêt ! Découvrez en davantage sur notre site Faume

Lumière, action !

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Badis Kouidrat

Chief Executive Officer chez EQUALIX

5 ans

Bel article qui pose les bonnes questions.

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