Travail et handicap
Atteinte depuis ma naissance d’une maladie rare, orpheline et dégénérescente, je n’ai cessé de chercher ma place dans le monde du travail. Avec le temps, Je suis passée d’un handicap invisible a visible.
Aujourd’hui en attente d’une greffe rénale et sous dialyse depuis 9 ans, diabétique depuis 10 ans et devenue malvoyante depuis 5 ans, je suis devenue coach certifiée et conférencière.
Dans une société ou le taux de chômage chez les personnes en situation de handicap est de 19%, dur de trouver un métier qui soit motivant, inspirant et adapté .
Pour moi tout ne vient pas uniquement du monde du travail, mais regardons un peut plus en amont :
Ma scolarité.
Faire face a la maladie, au handicap et suivre une scolarité normale n’est pas évident...
• Des établissements, instituteurs ou professeurs non formés, ni sensibilisés pour
agir en conséquence.
• Des études supérieures pas forcement accessible à certains types de handicap.
La première difficulté se situe ici.
Les première conséquences sont là :
• Niveau scolaire bas
• Peut diplômé
• Manque de qualification
On constate bien comment c’est difficile en temps normal pour un valide de trouver du travail quand il est peu qualifié alors pour une personne en situation de handicap....imaginez !
Pour ma part, j’ai eu une scolarité chaotique et j’ai été orienté en filière professionnelle …Comptabilité !
Le conseillé d’orientation, un acteur qui doit accompagner l’élève dans son parcours scolaire, voir les points forts, les envies et déterminer la motivation et non faire faire un choix pour l’élève.
Je n’ai pas aimé du tout cette filière, on a estimé que pour mon bien le mieux était de travailler dans un bureau (handicap, fatigue..) de plus mes résultats scolaires n’étant pas bon, je n’ai pas eu le choix.
Ne pas avoir le choix de mon futur avenir professionnel ne m’a pas motivée à progresser. Je rêvais de liberté, d’actions , d’échanges, un métier qui me fasse bouger. J’ai quand même eu mon BEP comptabilité mais la suite n’a pas été concluante et j'ai arrêté les études après le bac que je n’ai pas eu.
J’ai ma RQTH * depuis mes 23 ans, un diplôme en poche mais pas le bac et pas d’expérience pro dans ce domaine… et surtout pas motivée pour poursuivre dans la comptabilité.
La formation :
De 15 a 25 ans il existe la mission locale, des conseillers, un accompagnement pour accéder a des formations et trouver un emploi etc…
Toutes les formations ne sont pas adaptées à certains handicaps, et pour changer d’orientation, il faut être convainquant.
Trouver un emploi qui me motivait et m’inspirait était primordial alors je me suis formée, j'ai eu mon diplôme d’animation socioculturelle ; un BPJEPS*
Mais toute formation n’est pas accessible et convaincre les autres que son projet est viable malgré le handicap est aussi un combat.
Manque de diplômes, de qualifications et de formations adaptées fait que sur le marché du travail il y a un déséquilibre, et même si la loi oblige les entreprises a embaucher des personnes RQTH à hauteur de 6% de leurs effectifs, le manque de qualifications joue énormément.
J’ai travaillé durant plus de 15 ans dans le domaine que j’ai choisi ! Animatrice socioculturelle auprès des adolescents. Un travail qui m’a beaucoup apporté, mais ma maladie a évolué et je suis devenue malvoyante.
Un premier aménagement de poste a été mis en place ce qui m’a aidé mais au travail on finissait par me retirer des taches et des responsabilités. La hiérarchie décidait pour moi ce que je pouvais faire ou non. Le manque de sensibilsation, les idées reçues donnent ce genre de comportement .
Suite a un long arrêt maladie, je voulais reprendre mon travail, la médecine du travail n’a pas été de cet avis. La malvoyance est très mal apprécié et être malvoyant ne signifie pas ne rien pouvoir faire. C’est là où la sensibilisation au handicap est très importante, elle permet de se rendre compte de la réalité et non de l’imaginaire.
On m’a proposé une reconversion au sein de mon travail, standardiste, mêmes horaires et même salaire. Ca été la douche froide bien évidemment.
J’ai alors refusé et pris le licenciement pour inaptitude, je me refusais a exercer un métier qui ne le plaisait pas.
Quand on est atteint d’une maladie grave on vois les choses différemment, mais surtout on sait que garder un bon moral est important. Je savais que si je prenais ce poste qui ne me convenait pas cela jouerait sur mon moral et fatalement sur mon état de santé déjà fragile.
J’ai entamé une reconversion professionnelle, coach praticien mais là encore j’ai du me débrouiller seule.
Pas de formation adaptée, pour les financements, il me fallait remplir des tas de conditions, faire des enquêtes et prouver que ça marcherait… Moi c’etait maintenant que ça se jouait pas dans 2 ans ou plus...
Alors j’ai financé ma formation avec l’argent de mon licenciement et je me suis adaptée, j’ai eu ma certification et aujourd’hui, je suis coach et conférencière!
Je peux être fière de moi ! Mais je sais que tout le monde ne peut pas le faire, manque d’énergie, handicap lourd, fatigue et bien d’autres raisons sont des obstacles de taille.
La précarité, le manque de moyens et la fatigue physique et mentale des personnes en situation de handicap n’est pas simple. La fragilité de ces personnes, le manque de qualification, de formation non adaptée et les différents combats personnels font que trouver du travail reste complexe.
Amplifier la formation et la sensibilisation au handicap, accompagner les personnes dans leurs recherches d'emplois en tenant compte de leurs envies et compétences plutôt que de pointer du doigts leurs difficultés. Leurs faire confiance sans se projeter dans leur handicap et ouvrir, élargir notre vision du handicap est primordial.
L’inclusion passe par l’ adaptation de touts les acteurs. Penons exemple sur les autres pays, apprenons des personnes en elles-mêmes. La diversité fait partie de l’humain nous avons tous a y gagner