Trilogie de la bienveillance… ce petit plus qui fait toute la différence

Trilogie de la bienveillance… ce petit plus qui fait toute la différence

Pour commencer une question : Pourquoi s’intéresser à la bienveillance ?

D’abord parce que tout le monde en parle, ensuite parce qu’elle est pleine de paradoxes et qu’elle ne va pas de soi …

La bienveillance est avant tout un état d’esprit qui vise à porter une attention sincère à l’autre, à faire preuve d’humanité, à voir le verre d’eau à moitié plein et surtout à capitaliser sur les succès et les points forts plutôt que de pointer du doigt ce qui ne va pas ou ce qu’il faudrait mieux faire. Je constate que l’on confond souvent bienveillance et gentillesse. D’où le côté mièvre, guimauve, le monde de « oui-oui » qui génère bien sûr du rejet. En effet, la gentillesse revient à satisfaire le désir de l’autre et lui faire plaisir, rien à voir avec la bienveillance. C’est pourquoi, la bienveillance est souvent associée l’exigence. Or, ces deux principes sont tellement opposés que les associer revient à se donner bonne conscience alors qu’en réalité (en tous cas dans la culture française) l’exigence domine. En effet, voir le verre d’eau à moitié vide, chercher à améliorer en permanence, correspond précisément à l’exigence. Alors il faudrait parler d’exigence avec bienveillance pour pouvoir regarder aussi ce qui va bien, s’intéresser aux réussites et arrêter un instant de chercher la remise en cause et l’amélioration continue. A l’autre extrême, la culture américaine avec son excès de positif peut induire le fait de ne plus écouter ce qui est dit noyé par un flot de paroles qui ne peut pas être sincère (trop de confiture sur la tartine qui nous écœure) d’où le fait que trop de bienveillance conduit également au rejet où à l’attente du fameux MAIS sans réellement intégrer ce qui est dit avant.

Intéressons-nous maintenant à l’autre extrême de la bienveillance, à savoir la malveillance. Décrite comme une mauvaise disposition de l’esprit à l’égard de quelqu’un. Dans le monde du travail peu de personne avoueront être malveillantes intentionnellement, dans la vie privée encore moins d’ailleurs. Pourtant qui n’a jamais ressenti une forme de malveillance ou d’acharnement de son manager qui faute de réussir à nous faire changer met la pression pour que les choses soient faites telles qu’il l’entend. Quel manager n’a pas dérapé en suivant les messages renvoyés par la peur (de perdre son pouvoir, de ne pas être apprécié…) ? Je suis convaincue que l’on récolte toujours ce que l’on a semé. Par conséquent si on maltraite ses collaborateurs (même de façon inconsciente ou en tous cas sans se rendre compte) en plus des risques encourus pénalement, ou sans aller jusqu’à cette extrémité il y a fort à parier qu’ils le rendront bien d’une façon ou d’une autre.

La bienveillance est en risque chaque fois que la forme de l’échange laisse passer l’émotion d’agacement générée par le comportement de l’autre. Comment savoir ce qui est bienveillant pour l’autre sans avoir une idée de ce qu’il pense de ses propres comportements ?

Or, lorsque je sollicite des personnes sur ce qu’elles viennent de réussir dans le cadre d’un jeu de rôle et donc à faire preuve de bienveillance envers elles-mêmes, la plupart du temps elles ne savent pas quoi dire alors qu’elles sont prêtes à exprimer sur le champ ce qui n’allait pas. Une extrême exigence avec soi-même alors qu’il faudrait développer l’auto-compassion et une forme de générosité envers soi-même.

Ainsi, cette bienveillance envers soi-même ou auto-compassion ne va pas de soi, loin de là alors forcément vis-à-vis des autres ... Peut-on s‘auto-proclamer bienveillant alors qu’au-delà de l’intention de l’émetteur encore faut-il que cette bienveillance soit perçue par le récepteur ? Trop peu de bienveillance génère des tensions relationnelles mais à l’excès la bienveillance génère de la méfiance et donc aussi de probables tensions relationnelles. Un juste équilibre est donc à trouver.

En théorie se concentrer sur le positif améliore l’image que l’on a de soi, son niveau d’énergie et ses relations tandis que se concentrer sur ce qui ne va pas peut dégrader l’image de soi et aussi les relations.

Ma pratique du changement comportemental me confirme qu’il est impossible sans adhésion, sans une forme de prise de conscience. La bienveillance devient donc indispensable si je veux me donner toutes les chances de faire évoluer certains comportements durablement dans mes équipes. Si je ne suis pas dans cette bienveillance je crée des blocages inutiles et surtout contre-productif par rapport à mon objectif de prise de conscience. Dans ma pratique de coach je veille à ce que les personnes que j’accompagne se sentent solides sur leurs points forts et leurs aptitudes, ce qui n’exclue pas de leur indiquer un sujet sur lequel elles peuvent progresser mais toujours avec bienveillance c’est-à-dire de manière à ce que cela soit entendu positivement ; comme comprendre qu’en agissant sur le sujet, je vais y trouver des bénéfices et éviter de générer des perceptions négatives de mon entourage professionnel.

 

Plus le niveau d’exigence est élevé dans l’entreprise (car encore une fois il est culturel et donc très présent en France) plus il faudrait pouvoir développer une culture de la bienveillance ; cela permettrait d’éviter compétitions, rivalités et l’aigreur des relations pour générer de la confiance et de l’estime de soi.

Indispensable au progrès et à la qualité des relations, la bienveillance se travaille et à ses prérequis. J’y reviendrai la semaine prochaine et la semaine suivante je propose d’éclairer la bienveillance en lien avec la question du feedback et du fait de se dire les choses telles qu’elles sont.

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