TROIS ANTIDOTES POUR UNE ANNEE « INCONNAISSABLE » OU RISQUER «L’ENFER-MEMENT » ?



www.oneslife.fr                                                                      EDITO 1er semestre 2019

Par un néologisme utilisé à l’occasion d’une conférence donnée à l’automne 2016, Pierre GIORGINI, Président-Recteur de l’Université Catholique de Lille a nommé « inconnaissable »le système dans lequel le monde et nos sociétés s’avancent désormais.

Selon lui, nous sommes parvenus à l’orée d’un cycle, en rupture de références historiques connues et prévisibles et désormais entrés dans un paradigme inconnu et imprévisible, c’est-à-dire « inconnaissable ».

En posant son regard sur la France, l’Europe et l’Occident, chacun est frappé par le caractère éruptif d’évènements survenant ici et là, qu’ils soient spontanés ou en dominos. Cette situation surprend et questionne. 

Et si les soubresauts apparaissant ici et là dans les sociétés occidentales étaient l’expression de cet « inconnaissable » ? 

Quels en seraient les effets ? Posons l’hypothèse que nous sommes bien entrés dans cet « inconnaissable » et qu’il se caractérise notamment par trois phénomènes simultanés, 

-     l’hypermédiatisation de faits isolés ou répétés, avérés, biaisés ou même faux (les fake news audios ou vidéos peuvent être aujourd’hui techniquement indétectables), 

-     la mise en scène et l’hystérisation d’épisodes de violences, 

-     et l’affirmation d’un contexte d’urgence.  

Comment alors aborder cet « inconnaissable » ? Qu’en faire ? Est-ce que ce temps « inconnaissable » est une fatalité à traverser ou bien une opportunité pour progresser et grandir et, dans ce cas, comment faire ?Pour une année « inconnaissable », nous proposons ici trois antidotes. 

Quel antidote à l’hypermédiatisation, ce flot continue d’impulsions envoyées aux simples citoyens et internautes ? 

Notre conscience, sollicitée comme une témoin permanente et impuissante des évènements les plus sensationnels de notre société, oscille entre addiction, indignation et révulsion. 

Chacun sait que ces impulsions intrusives sollicitent le cerveau reptilien (rapide, reflexe, survie) qui fonctionne en mode automatique. 

Pour se défendre de ce stress entretenu, notre espace intérieur va se mobiliser sur ces représentations négatives. 

Or, l’antidote existe en chacun de nous.

L’accès à notre silence intérieur par des moments de paix, méditation, recueillement, contemplation ou création assure la protection de notre intériorité en la nourrissant. 

C’est la différence de comportement entre la réaction (réagir actionne le cerveau reptilien) et la réponse (répondre sollicite le cortex).

En résumé, pour répondre aux influx de l’hypermédiatisation, il importe de se tourner vers soi, de solliciter notre intériorité et lui donner du temps, de l’espace et du calme. Accueillir, ressentir et observer.Aller chercher ses valeurs, le sens. C’est faire vivre notre part d’humanité dans l’humain.

Quel antidote face à la tyrannie de l’urgence ? 

Le temps a toujours eu une dimension subjective et émotionnelle propre à chacun de nous.

Lors de ses séminaires, Tony ROBBINS (coach américain médiatique qui compte parmi ses clients Bill GATES, Bill CLINTON, Quincy JONES, Serena WILLIAMS, Anthony HOPKINS et beaucoup d’inconnus)propose une approche de l’urgence du temps organisée en 4 cercles concentriques :

-      ce qui est ni urgent, ni important : c’est la distraction.

Elle s’exprime notamment aujourd’hui par le divertissement en ligne, ces « illimités » qui occupent notre espace et créent leurs propres addictions ; 

-      ce qui est urgent et non important : c’est l’illusion. 

L’urgence agit à la fois comme une injonction tyrannique et une incantation illusoire car dépourvue de délai cadré. Passer une commande avec pour seul délai la mention « urgent » ferait sourire plus d’un commercial… 

-      ce qui est urgent et important : c’est l’exigence. 

L’effort doit porter sur l’évaluation de la demande et proposer une date de livraison au « client » avant d’agir sur le traitement à optimiser (sous-traiter, mettre en attente…) ;

-      ce qui est important et non urgent : c’est la zone.

On touche là à l’essentiel de notre existence. Le plus important n’est jamais urgent affirme ROBBINS. 

En résumé, face à l’urgence qui tente de prendre le pouvoir, se rappeler deux antidotes :

-     l’urgence quotidienne est illusoire et éphémère et s’oppose à l’organisation du temps ;

-     ce qui est important est bien au-dessus de l’écume de l’urgence.

Quel antidote face à la violence ?

Il n’est hélas pas question d’éradiquer la violence inhérente à la nature et à l’humain mais, lorsque cela est possible, d’en comprendre les causes afin d’instaurer un dialogue. 

Pendant plus de cinquante ans, Marshall ROSENBERG, Docteur en Psychologie clinique, a conçu et développé la Communication Non Violente (CNV). Suivre cette démarche très simple, c’est se donner les moyens

-     d’identifier les causes d’une situation violente,

-     de créer les conditions d’une écoute mutuelle, 

-     et d’enclencher un dialogue.  

La non violence nous renvoie à l’humanité, la civilisation, les Lumières, la raison…Cette méthode qui a connu un succès immense et discret, porte une belle histoire planétaire dans les banlieues, écoles, entreprises, administrations et dans les conflits géographiques chroniques. En Europe, elle poursuit son développement (cf. les livres et conférences de Thomas d’ANSEMBOURG, notamment). 

Quel est le processus de la CNV ? Il se décompose en quatre étapes simples à mettre en œuvre ! 

-      Observer et décrire une situation de manière objective et sans jugement. Ainsi, l’observateur ne dira pas « tu es en retard » mais « nous avions rendez-vous à 9h, il est 9h45 ». Une telle formulation évite à l’autre interlocuteur de se sentir agressé ; 

-      Formuler et inviter l’interlocuteur à exprimer ses propres sentiments face à une situation ;

-      Exprimer ou comprendre le besoin cachéderrière le sentiment.

Exemples : besoin de sécurité, de reconnaissance, d’appartenance, d’estime, de contribution, d’autonomie… 

Pour Marshall ROSENBERG, les besoins sont universels à tous les êtres humains. Ce point commun permet une meilleure compréhension et acceptation de l’autre. 

-      Formuler une demande ou une action concrète, précise, réalisable et satisfaisant toutes les parties

Le dialogue, maintenu ainsi ouvert, favorise la coopération pour apporter une solution.


En résumé, la méconnaissance du besoin profond de soi ou d’autrui, son déni ou son refus de prise en compte explique en soi la violence entre les personnes.Identifier ce besoin permet de désamorcer la violence, enclencher un dialogue et travailler sur la recherche d’une solution.

Face à « l’inconnaissable », nous avons le choix entre 

-     nous mettre en mode pilotage automatique et courir le risque de s’éloigner de notre sens de l’existence et de "l'enfer-mement" (Thomas d'ANSEMBOURG); 

-     nous réapproprier et réinvestir notre vie. Pour nous-même, nos proches ou nos collaborateurs. 

Réinvestir sa vie en une année « inconnaissable ». 

Tel est le vœu que nous vous adressons en ce début d’année nouvelle.

Le coaching de situation, de décision ou de vie ou les séminaires « projet de vie » s’inscrivent dans cette résolution.  

Nous sommes à votre disposition.                                                                                                         Nicolas SCHEIBLI/oneslife@oneslife.fr

                                                                                            

                                                                                                            



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