Tu seras un homme, ma fille

Tu seras un homme, ma fille

Ce titre un peu ironique fait référence au poème éponyme, ou presque, de Rudyard Kipling qui, dans une litanie de toute beauté, dit à son fils les missions impossibles desquelles il devra s’acquitter pour être un homme, un vrai.

Mais à trop tendre vers la perfection, l’homo sapiens v.2000 a décidé de s’arrêter en chemin pour respirer et voir si, en faisant un petit « chouia », il n’y avait pas moyen que sa compagne l’aide un peu, beaucoup, passionnément…

Je force le trait à dessein mais c’est vrai que, question tâches domestiques, hommes et femmes ne sont pas traités sur un pied d’égalité, c’est le moins qu’on puisse dire.

 Je me souviens d’avoir lu, il y a longtemps, le livre d’un sociologue qui décryptait, au sein des couples français, ce qui se jouait dans un fait aussi anodin que celui de faire la lessive.(La trame conjugale, Analyse du couple par son linge – Jean Claude Kauffman)

 Il y trouvait, en héritage, toutes les habitudes familiales qui s’opposent, consciemment ou pas, chez le jeune couple, à coup de « chez moi, on fait comme ça », ou de « ma mère ne fait pas comme ça, elle » …

Ces phrases, prononcées dans la tête ou à voix haute, cristallisent des schémas mentaux qui, souvent, opposent le duo amoureux pour savoir qui aura le dernier mot sur les consignes qui règnent à la maison.

En France, le sujet, même s’il évolue beaucoup, continue d’être majoritairement à la charge des femmes.

Chez nous, la question ne se pose même pas tant la gestion domestique relève presque exclusivement du périmètre féminin.

C’est même quelque chose de revendiqué : le savoir-vivre et le savoir-recevoir à la marocaine sont des sujets de fierté assumée.

Être « hadga » ou ne pas être, telle est la question.

 Cette image de « perfect housewife » n’a en rien été érodée par le fait que les femmes d’aujourd’hui travaillent de plus en plus et que leur job contribue de manière significative au revenu de la famille.

Le taux d’activité des femmes urbaines, en hausse ces dernières années, n’a en rien affecté la pression qui pèse sur les épaules de la femme quand elle doit recevoir, petits plats dans les grands, ses invités, sa famille ou ses amis.

 

Cette injonction forte, de devoir mener de front, à la fois ses vies professionnelles, familiales et personnelles est bizarre. Parce qu’en fait, il s’agit de réunir toutes ces vies, et leurs contraintes, en une seule portée par une seule et même personne.

Cette charge, lourde, comment faire pour en alléger le poids des épaules de nos filles et leur faciliter la voie, pour un meilleur équilibre de vie, demain ?

Certainement en faisant quelques efforts, invisibles, mais certainement payants : en ne les sollicitant pas systématiquement pour débarrasser la table à la place de leurs frères, comme on en a tellement l’habitude dans nos familles ou alors en faisant entrer toute la fratrie à la cuisine pour préparer les repas du dimanche ou encore en leur montrant de manière factuelle que la gestion domestique est partagée au sein du foyer et non pas l’apanage de leur seule mère.

Ces petits pas sont certainement de ceux qui nous permettront de changer de modèle et de lever, symboliquement, la charge qui pèse sur nos filles quant à la gestion du dedans et celle qui pèse sur nos garçons quant à la gestion du dehors.

Dans un monde qui n’est ni noir ni blanc, profitons du gris qui se dessine pour tracer un nouveau chemin pour nos enfants.

A suivre.

 


Nathalie Tapia

Head of Learning & Coach interne

3 ans

Bravo mimi ! Belle plume as usual... quel scoop ! 😉

Nadia Bensouda

Business Développement & PR

3 ans

bravo et bon courage pour le reste ;)

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Plus d’articles de Meriem Alaoui Rizq

  • Tu veux ma photo ?

    Tu veux ma photo ?

    Je ne sais pas vous, mais je les trouve bien ennuyeuses, moi, toutes ces photos corporate qui circulent sur Linkedin…

    8 commentaires
  • Highway to hell

    Highway to hell

    C’est une litote que de dire que les marocains ont un drôle de rapport à la route. Cette vérité est valable pour toutes…

    5 commentaires
  • Femmes, je vous aime

    Femmes, je vous aime

    « On ne frappe pas les filles, pas même avec une rose » C’est ce disent bon nombre de mamans à leurs jeunes garçons à…

    6 commentaires
  • Le poids des mots

    Le poids des mots

    J’ai très souvent été interpellée par la richesse et souvent l’ingéniosité du lexique déployé par les experts du…

    4 commentaires
  • Même pas peur

    Même pas peur

    « Maman, est-ce que toi aussi tu as peur, des fois ? » La question, venue il y a quelques temps de la bouche de ma…

    7 commentaires
  • Sacrées femmes

    Sacrées femmes

    Ces dernières années, des termes très tendance sont venus interpeller mes oreilles, comme la notion de « féminin sacré…

    2 commentaires
  • The Voice

    The Voice

    J’aimerai parler aujourd’hui de la voix, celle qui nous permet de nous faire entendre et remarquer. Je voudrai parler…

    3 commentaires
  • Mode inclusive… pour qui ?

    Mode inclusive… pour qui ?

    A ceux qui me font l’honneur de me lire et me demander mes chroniques, je voudrais m’excuser de mon mutisme, dû en…

    6 commentaires
  • Suggestion

    Suggestion

    Aujourd’hui, je voudrai vous parler du verbe « suggérer » qui, selon ce qu’en dit le Petit Robert, signifie « faire…

    4 commentaires
  • La bienveillance, l’opium des temps modernes

    La bienveillance, l’opium des temps modernes

    Beaucoup d’entreprises mettent aujourd’hui le « well being », cette promotion du bien être en milieu professionnel, au…

Autres pages consultées

Explorer les sujets