UK et UE: Stress test ou crash test ?

UK et UE: Stress test ou crash test ?

Nous sommes maintenant dans le dévoilement. D’abord des intentions des classes dirigeantes anglaises : une partie de l’establishment avait parfaitement anticipé, même quand elle ne le manifestait pas sous forme d’un soutien au Brexit, les opportunités de la sortie de l’UE. Elles font maintenant le pari politique d'une « mollesse continentale » qui permettra au Royaume-Uni d’obtenir un statut à la norvégienne. A partir de là, elle escompte faire de la
« little anglia » un grand Singapour, non seulement de services mais aussi industriel. Baisse des charges, des impôts, et du capital,assouplissement des normes, vont permettre de se poser comme une plateforme d’attrait des capitaux provenant du monde anglo-saxon et des pays émergents, et d’abord de la Chine ; mais aussi de réindustrialiser les terres perdues des anciennes zones industrielles du Pays de Galles, et du Nord. Piloter l’Europe par les centres financiers, la concurrencer avec des coûts plus bas, bénéficier de normes et de règles plus souples. Ce pari de « free rider » peut achever l’Europe en dix ans ; et réarrimer, par son dynamisme économique, l’Ecosse à l’Angleterre. Entre les lignes, c’est le projet que vient déjà d’esquisser Theresa May ; et que rumine à sa manière James Corbyn. Il est ainsi désormais devenu, en quelques heures, un projet faisant l’objet d’un formidable consensus national.

Et en face, quel sera le projet de l’Europe dite « Unie » ? On le pressent déjà ; une vulgate de bons sentiments mélangés à des coups de menton, et une absence de méthode. Nos responsables européens n’ont aucune épine dorsale, et il y une panne de leaders. Les Etats-Unis feront pression sur des politiciens européens, qui, comme sur la communication des données personnelles, vont plier. Déjà à Aix en Provence, il y a dix jours le manifeste annuel du « Cercle des Economistes » a appelé devant Moscovici et Macron, qui n’ont rien dit, à un statut norvégien pour le Royaume-Uni. Laissons de côté l’impasse du repli, incarnée il y a encore quelques jours par Hubert Védrine dans un interview au Monde : il donne finalement raison aux anglais et il conduit l’Europe à la stérilité, à l’autocritique et à l’immobilisme. Ne reglissons pas non plus vers un rêve fédéraliste ; c’est moins que jamais le moment. Quant au traité sur les frontières de Sarkozy, ce n’est qu’une manipulation électorale identitaire scabreuse. La tournée européenne de François Hollande est, quant à elle, une billevesée, une agitation inutile et démonstrative.

La réalité est que le moment est celui d’un pragmatisme qui doit être basique et entêté : seuls deux pays, la France et l’Allemagne sont capables, en bilatéral, de conclure un pacte politique solide, de l’appliquer dans leur politique nationale et de le proposer, en le faisant évoluer, à leurs partenaires. Si Hollande et Merkel ne se grandissent pas vite, avant leurs échéances électorales de 2017, en se montrant courageux et dignes du moment, nous en paierons le prix. Celui d’une classe politique européenne qui n’est pas aujourd’hui à la hauteur de l’histoire et de l’héritage qu’elle a reçus. Alors : stress test ou crash test ?

Signez la Pétition du Forum des Générations et de Sauvons l'Europe sur Wesignit: europedebout.fr/fr

 

Toujours aussi lucide Regis.

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