La conquête spatiale à l'oeil nu
Mai 2021 : coup d'oeil sur le ciel, ses étoiles et ses… longues traînées de points blancs scintillants se succédant rapidement les uns derrière les autres ?? Ovnis, étoiles filantes ou une conquête spatiale… Réponse de Google (et Twitter) : non, simplement le lancement des satellites Starlink de l’entreprise américaine Space X, dirigée par Elon Musk, pour fournir un accès à haut débit à des endroits où celui-ci est peu fiable, coûteux ou totalement indisponible.
C’est un projet de méga-constellation placée en orbite basse, c’est-à-dire à une altitude comprise entre 328 et 580 kilomètres de la planète Terre, comme la station spatiale internationale notamment. Cette constellation devrait compter 12 000 satellites en orbite d’ici 2025, lancés progressivement par soixantaine, dont les trajectoires et les altitudes sont ajustées en fonction de l’évolution des législations relatives à la conquête spatiale et aux risques et conséquences engendrés par cette nouvelle constellation. À terme, ce sont plus de 42 000 satellites Starlink qui devraient investir le ciel. Ajoutés aux nombreux autres projets de connexion Internet à haut débit par satellites (Amazon, One Web, Hongyan…), le nombre de satellites en orbite basse dépassera bientôt le nombre d’étoiles que l’on peut encore observer depuis le sol.
Les conséquences de l’ambition spatiale des milliardaires des GAFAMs
Quatre mois à peine après le premier lancement Starlink, Aeolus, un satellite d'observation de la dynamique de l'atmosphère terrestre de l’Agence Spatiale Européenne, effectuait en urgence une manoeuvre pour éviter un satellite de la constellation Starlink dont le système automatique anticollision avait été désactivé pour des raisons toujours inconnues.
Dans un même temps, les astronomes alertent les pouvoirs publics sur la pollution lumineuse qui perturbe déjà leurs observations scientifiques, aux prémices seulement des projets d’envergure des mega-constellations : les astronefs dégagent une lumière si intense qu’elle est visible à l'oeil nu depuis le sol et laissent apparaître des traînées lumineuses obstruant les prises de vue et endommagent les données récoltées des satellites en orbite plus haute.
Avec une flotte de 42 000 satellites d'environ 250 kilos, les astronomes, l’Agence Européenne Spatiale (ESA) et la NASA craignent désormais un risque de syndrome de Kessler, résultat d’une croissance exponentielle des débris spatiaux. Plus il y a de débris en orbite, plus ils risquent de heurter des objets ou d’autres débris, conduisant un effet domino en augmentant de façon exponentielle le nombre de débris.
S’il se produisait, ce phénomène impliquerait la fin des technologies fonctionnant grâce aux satellites en orbite basse, comme l’analyse des sols et de l’atmosphère et les communications par satellites, impactant de nombreux secteurs comme les trafic maritimes et aériens et les récoltes agricoles, qui dépendent notamment des prévisions climatiques.
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Observer la conquête spatiale à l’oeil nu, depuis la plage
Nos soirs d’été sont désormais l’occasion d’observer les milliardaires des GAFAMs faire d’une ressource naturelle qui échappait jusqu’alors à la surexploitation, un réel marché économique. Space X en première ligne.
L’entreprise d’Elon Musk a ouvert la voie à la concurrence sur le nouveau marché spatial d’internet par satellite : les lancements se poursuivent et les projets de méga-constellation se multiplient. Alors que près d’un satellite en orbite basse sur trois appartient à Space X aujourd’hui, les autres géants du numérique travaillent à investir le ciel à leur tour : Amazon notamment avec son Projet Kuiper, des terminaux plus compacts et économiques que ceux de Space X.
Pour nous, les conséquences de la “pollution lumineuse” spatiale résultent dans l’observation des étoiles, dont la luminosité est désormais moins puissante que celle des satellites en orbite basse. S’il y a quelques années, nous chassions étoiles filantes ou satellites dans un tableau fixe, la transformation numérique anime progressivement nos paysages et bouscule la perception que l’on a de notre environnement. Nos civilisations investissent le ciel et ce qui nous échappait autrefois arrive aujourd’hui entre nos mains.
Mais l’inconnu ne disparaît pas, la technologie le repousse. Les risques doivent provoquer en nous la volonté de développer une nouvelle forme de technologie responsable et durable : Peut-être la Low Tech peut-elle connecter davantage les habitants de la planète, sans risquer de détruire sur son passage des décennies d’avancées technologiques et spatiales ?
Pour en savoir plus :
We never noticed the beauty of this world because we were too busy trying to create it. 🌳 🌴 🌵 #climateaction #IAfortheplanet #Rewilding #futureofmobility