Un détour s'impose sur : de Araminta Ross à Harriet Tubman
Harriet Tubman, la Moïse noire
[MAGAZINE PÈLERIN] Harriet Tubman ne cessa, sa vie durant, de lutter contre l’esclavage, puis la discrimination. Le 1er juin 1863, elle conduisit une expédition sur la rivière Combahee, en Caroline du Sud, pour libérer 750 esclaves.
Article publié dans Pèlerin n° 7066
Ils sont cinq, terrés dans un fossé. L’homme, sa femme et leurs deux enfants, tétanisés de peur, et Harriet Tubman, leur guide qui a perdu connaissance. Sans elle, ils sont perdus. En 1850, dans l’État américain du Delaware, tous savent les sévices réservés aux esclaves noirs fugitifs s’ils sont repris. La jeune femme revient à elle, la marche reprend.
C’est la première évasion qu’elle organise via le « chemin de fer » clandestin. Sous ce nom de code se déploie un réseau d’escales et d’itinéraires mis en place par des antiesclavagistes, blancs et noirs, pour conduire les esclaves vers le nord et la liberté.
Cet évanouissement est une séquelle d’un violent coup à la tête reçu à 15 ans. Tout comme la méchante cicatrice sur son front, de torturants maux de tête et des visions qu’Harriet Tubman attribue au ciel. Croyante, pénétrée des récits de l’Ancien Testament, sa préférence va à l’histoire de Moïse guidant les juifs hors d’Égypte. En alignant sa vie sur cet exemple, elle va devenir une figure majeure de la lutte contre l’esclavage.
Retourner sur ses pas pour chercher sa famille
Sa vocation de passeuse s’enracine dans dix ans de mauvais traitements. Née esclave vers 1822, dans le Maryland, la petite Araminta Ross (son nom de naissance) est « louée » dès 6 ans. À chaque maladresse, les coups de fouet mettent son dos à vif. D’une force physique rare, elle est affectée adolescente aux travaux des champs. Là, aux côtés de son père, elle apprend à déchiffrer les caprices du ciel, à interpréter les comportements des animaux, à se guider la nuit sur l’étoile Polaire ou la mousse des arbres. Un savoir salvateur.
En 1849, Harriet Tubman – elle a changé de nom en se mariant – s’enfuit, affrontant sur 150 km le danger des chasseurs d’esclaves. Enfin à l’abri, elle nourrit le projet fou de retourner dans l’enfer du Maryland pour en arracher les siens. Sa famille d’abord. Puis beaucoup d’autres. À treize reprises, « elle est revenue à l’endroit exact d’où elle s’était échappée alors que sa tête était mise à prix », souligne sa biographe américaine, Catherine Clinton.
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