Un emploi CICE coûte plus de 100 000 euros sans efficacité démontrée sur la baisse du chômage, un contrat aidé moins de 10000 avec une utilité sociale
C'est Muriel Pénicaud qui a ouvert les hostilités cet été sans s’embarrasser de nuances, elle déclare : « Les études de la Dares, de l’OCDE, comme celles de la Cour des comptes montrent trois choses. Premièrement, les contrats aidés sont extrêmement coûteux pour la nation. Deuxièmement, ils ne sont pas efficaces dans la lutte contre le chômage. Troisièmement, ils ne sont pas un tremplin pour l’insertion professionnelle. ».
Edouard Philippe renchérit : « Si les emplois aidés avaient été un instrument efficace de lutte durable contre le chômage, ça se serait vu » déclare-t-il le 18 aout lors d’un déplacement dans le Gers
Avec plus de 900 000 contrats aidés entre 1977 et 2000 (notamment avec les « emplois jeunes » du gouvernement Jospin), ces contrat ne représentent aujourd'hui que la moitié de ce chiffre. (Source : DARES juin 2017 N°039 : Les dispositifs spécifiques d’emploi aidé et de formation au 1er trimestre 2017). J'ai effectivement connu l'époque où, par exemple, la blanchisserie de l'hôpital de Nantes n'aurait pas pu fonctionner sans ses 40 CES (Contrat Emploi Solidarité).
Lorsque je consulte les indicateurs du Dares (Direction de l’Animation de la Recherche, des Etudes et des Statistiques du Ministère du travail), je lis qu'en 2015, les 60 000 contrats aidés supplémentaires créés ont permis une création nette d’environ 21 000 emplois. (Source : DARES mars 2017 N°021 : Les contrats aidés : quels objectifs, quel bilan ?)
La facture globale des contrats aidés prévue pour 2017 s’élève à 2,4 milliards d’euros. Ce qui est loin d’être négligeable. Mais ce n’est pas le poste le plus onéreux de la politique de l’emploi. Un contrat aidé coûte entre 7000 et 11 000 euros par an à l’État
Parallèlement, le crédit impôt compétitivité emploi (Cice) : 22,7 milliards d’euros en 2017 d'après France Stratégie (administrativement appelé Commissariat général à la stratégie et à la prospective, CGSP, rattachée au Premier ministre).
Je fais alors un petit rappel du Rapport Gallois pour le gouvernement en 2012 qui a décidé, pour relancer la compétitivité et l'emploi en France, la création du Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) :
"Le CICE représente un transfert de revenu des ménages et des administrations publiques vers les entreprises. Les mesures sont censées être financées ex ante, c’est-à-dire avant prise en compte des effets macroéconomiques.(....)
Représentant 20 milliards d'euros, son financement reposera pour moitié sur des économies supplémentaires sur les dépenses publiques, dont le détail n'a pas été précisé, et pour moitié sur des recettes fiscales : une réforme de la TVA à compter du 1er janvier 2014 et un renforcement de la fiscalité écologique." (Revue de l’OFCE sciences-po / Débats et politiques – 126; page 141). Les contribuables en contrats aidés apprécieront.....
"l’impact du CICE est légèrement récessif de 2014 à 2016, la perte de pouvoir d’achat des ménages liée aux hausses d’impôt, et la réduction des dépenses publiques (la consommation des ménages et la demande publique contribuant à -0,2 point de PIB en 2014, puis -0,4 point en 2015 et 2016) l’emportant sur la baisse des prix et le rétablissement des marges des entreprises" (Idem, P 149)
"Les effets négatifs liés au financement de la mesure entraînent temporairement une perte de pouvoir d’achat des ménages et durablement une baisse de la dépense publique, ce qui conduirait à détruire 26 000 emplois en 2018 (-41 000 en 2016). Au final, selon notre évaluation, le CICE créerait en 2018, soit cinq ans après sa mise en place, 152 000 emplois permettant une baisse du taux de chômage de 0,6 point" (Idem, page 153). Là tous les contribuables peuvent apprécier.
Le rapport 2016 du Comité de suivi (toujours France Stratégie) publié en septembre de la même année confirme l'absence d'effet du CICE. Le Laboratoire interdisciplinaire d'évaluation des politiques publiques (LIEPP) de l'Institut d'études politiques de Paris montre qu'il n'y a pas d'effet avéré du dispositif sur les exportations, les investissements et l'emploi en 2013 et 2014.
Le gouvernement d’Edouard Philippe prévoit de baisser le taux du CICE en 2018, avant de transformer ce dispositif – qui profite principalement aux très grosses entreprises – en baisse directe de cotisations pour les employeurs, en 2019. Le gouvernement espère avec le cumul de ces nouvelles exonérations créer 35 000 emplois en 2019 et 70 000 emplois en 2020.
Bref, faites le calcul :
Contrats aidées : 459 000 emplois, 2,4 milliards
Cice : 152 000 emplois, 22,7 milliards
Chef de service, chargé de projet/mission économie sociale et solidaire, insertion, secteur associatif, innovation sociale
7 ansBonjour, d'un côté, celui de l'individu en recherche d'emploi le contrat est "aidé", terme déjà stigmatisant, disqualifiant et qui renvoie presque à une forme de charité, de l'autre l'entreprise bénéficiant d'un crédit (normal !), nécessairement compétente et tournée vers l'emploi: "mal nommer les choses c'est ajouter au malheur du monde"...