Un instant de réflexion...
La sagesse porte vers l’humilité, et cette dernière est rarement appréciée à sa juste valeur.
C’est avec une certaine condescendance que d’aucuns parlent des gens humbles, comme s’ils n’étaient quelque part méritants qu’à ce seul titre et par ailleurs peu gratifiés par la vie et dignes d’éloge.
Le modèle de réussite qui nous est souvent opposé est celui de personnes conquérantes, sûres d’elles, extraverties, étalant leur savoir avec assurance…
La personne qui réfléchit, doute, hésite à se presser, sait qu’elle ne sait pas tout, écoute plus qu’elle ne parle, prend des avis, consulte, fait preuve de tact, s’extrait du manichéisme, est souvent humble et apparaît à beaucoup « sans éclat ».
L’humilité vient avec la prise de conscience que la somme de nos connaissances est toujours inférieure à celle de nos ignorances. « Minus saepe pecces, siscias quid nescias » On ferait moins de fautes si l’on savait combien de choses on ne sait pas…
Au contraire, l’arrogance naît du sentiment d’en savoir toujours assez, ajouté à la conviction que ce que l’on ignore a peu d’importance.
L’humilité est la condition première de l’apprentissage, l’arrogance mère de la présomption, est la condition première de l’échec.
« Nulli impones quod, ipse ferre non queas »… N’exigez de personne ce que vous ne pouvez souffrir vous même. Soyez humble avant de vouloir qu’autrui le soit.
Le management fait partie des métiers qui demandent beaucoup d’humilité, et pourtant dans l’appréciation des qualités et des performances des managers, elle est rarement encouragée et encore moins valorisée.
Un manager « humble » est souvent perçu comme un « bon soldat », et le manager « arrogant » est souvent considéré comme exemplaire.
Pourquoi ?
Notamment parce que l’arrogance fait prendre des risques, que la prise de risque est associée au courage, et que le courage est dans l’esprit de tous une qualité, alors que l’humilité est associée à la timidité, que la timidité est dans l’esprit de beaucoup associée à l’absence d’ambition et que cette dernière est un handicap dans une société compétitive.
« Nemo timendo ad summum pervenit locum »… Jamais on ne parvient à la première place par une conduite timide.
Et pourtant, « Quam magnum est, non laudari, et esse laudabilem » … Qu’il est grand de ne point rechercher les éloges et de les mériter.
Les aphorismes de Publilius Syrus (85-45 avJC) contiennent beaucoup de sagesse pragmatique et pourraient aider nombre de managers à trouver le bon équilibre entre estime de soi et humilité, sagesse et hardiesse, fierté et simplicité, bienveillance et lucidité.
« Omnes aequo animo parent, digni ubi imperant »… Tout le monde obéit avec plaisir à des hommes dignes de commander.
Allier l'assertivité à l'humilité, être capable de s'évaltonner (selon Monsieur Littré: Prendre un ton dégagé, s’émanciper, devant un « supérieur »), est une voie...
Bien cordialement
Gdc
Relations Entreprises - Partenariats - Business Development-
5 ansVotre réflexion ne concernerait elle pas surtout certains pays occidentaux, chez qui l'assurance doit être affichée, signifie la connaissance et la compétences etc, sans aller au-delà des apparences? Contrairement à des cultures asiatiques? (cf votre photo)
Stratégie - Gouvernance - Gestion des risques
5 ansBonjour Gérard, dans un autre registre cela évoque pour moi la distinction entre pouvoir de domination (souvent arrogant) et pouvoir de service (davantage dans l’humilité). Merci de ces belles et profondes réflexions
IS / IT / Sécurité / geek de la poésie
5 ansBonjour Gérard Carton, je suis soufflé par votre éloquence et vos arguments faisant la part belle à l'humilité et aux sages dictons latins. Merci de tout coeur.
National Physician " Senior Medical Science Liaison " at Akcea Therapeutics
5 ansJe vois l’humilité comme une manifestation d’une très grande intelligence, une grandeur d’âme rare, une façon extrêmement subtile d’attirer les bons esprits, presque malgré soi car sans intérêt. Elle est le lot des plus grands.
Manager gestion immobilière
5 ansJ’ai beaucoup de plaisir à n’être qu’ »bon soldat ». Merci pour ce rappel que l’humilité n’est pas servilité mais bien une profonde connaissance de soi et de ses limites.