Un jeu passionnant...

Une fois n'est pas coutume, je souhaite partager l'un de mes écrits que je n'ai pas l'habitude de montrer.

J'écris depuis plusieurs décennies, mais je n'ai pas forcement envie de dévoiler l'ensemble de mes créations. C'est un peu mon jardin secret.

Participer au défi #jeramenmafraise et commencer à publier de manière régulière sur LinkedIn m'ont fait considérer mes écrits sous un autre angle.

J'aime depuis toujours participer à des jeux d'écriture, consistant à imposer des contraintes et ensuite de laisser libre cours à l'imagination.

La nouvelle que je vais vous partager a été rédigée en respectant les critères suivants :

• Tension, suspense, action.
• Amener le lecteur progressivement vers une fin inattendue.

Voici la première partie :

Paniquée, elle se précipita dans les toilettes les plus proches afin de s'y réfugier. Elle avait besoin d'un moment pour réfléchir à la suite.

Elle devait s’enfuir de ce petit village sans plus tarder. Se perdre dans l'anonymat d'une grande ville lui permettrait d’échapper au danger.

Son objectif était d'atteindre la gare, attraper le dernier train pour la capitale était son seul espoir et elle savait que celui-ci partirait dans moins de dix minutes.

Une course contre la montre commençait !

Dix minutes, c’était peu, mais possible en coupant à travers le centre commercial, qu'elle connaissait comme sa poche. Durant les deux derniers mois écoulés, depuis son arrivée dans la famille d'accueil, elle avait arpenté ces lieux tous les jours.

Le souffle lui étant revenu, elle quitta les toilettes et s’efforça d'adopter un pas nonchalant, espérant ainsi ne pas attirer l'attention.

Son objectif, contourner la galerie marchande, passer devant les restaurants, descendre d'un niveau et déboucher sur la place centrale juste en face de la gare.

Soudain, un cri déchira l'air.

— La voilà ! Arrêtez-la !

Se retournant instinctivement, elle aperçut deux agents de police dévalant les marches vers elle.

La peur au ventre, elle se mit à courir. La gare était si proche ; dans sa tête elle imaginait les portes du train se refermant derrière elle, telle la scène finale d’un film dramatique.

Elle espérait, elle priait, elle courait !

Dans sa ruée vers la sortie, elle faillit tomber à plusieurs reprises, son cœur martelant sa poitrine comme s'il voulait s'enfuir très loin, lui aussi.

Mais l'entrée principale ne fut pas une issue : deux policiers se trouvaient sur son passage. Rapidement repérée, elle pivota vers la gauche en direction des salles de cinémas, sans autre idée que de semer ses poursuivants.

Alors qu'ils gagnaient du terrain, une poussée d'adrénaline lui permit d'accélérer encore. Face aux portes de la section cinéma verrouillées, elle se heurta à l’inéluctable : elle était piégée.

Le premier policier l'atteignit, lui empoignant fermement le bras en lui criant de ne pas bouger. C’est alors qu'une rage incommensurable monta en elle.

Ce n’était pas juste !

Elle n'avait rien demandé : ni les viols répétés de son beau-père, ni la salle d'audience où elle fut traitée de menteuse.

Elle n’acceptait pas la déception et la peur de savoir cet homme libre, acquitté par un vice de procédure alors qu'il avait commis l'irréparable.

Elle désespérait d’apprendre qu’il se retrouvait de nouveau leur tuteur légal, a son petit frère et elle-même.

Plus tôt dans la journée, lorsqu'on lui avait annoncé que son beau-père était à l'étage, prêt à les emmener, elle était montée précipitamment.

À l'ouverture de la porte, elle s'était figée. Elle l’avait vu, maintenir son petit frère sur le lit, le pantalon sur les chevilles.

Sans réfléchir elle avait pris des ciseaux et l’avait frappé, dans un élan de protection fraternelle. Puis, sous le choc devant tout ce sang sur ses mains, elle avait pris la fuite.

Traquée telle une criminelle, alors même qu'elle n’était que victime, elle résista aux mains des policiers sur elle.

Elle lutta, avec griffes et dents. Elle lutta avec toute l’énergie du désespoir contre l'étau des menottes qui se refermaient sur sa liberté.

Finalement maîtrisée, elle s'abandonna dans un mutisme salvateur, ultime refuge pour son esprit épuisé.

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