Un jour... une biographie d'auteur : 1.  Narcisse-Achille de Salvandy

Un jour... une biographie d'auteur : 1. Narcisse-Achille de Salvandy

Salvandy, Narcisse-Achille de, homme d’Etat et littérateur français, né à Condom (Gers) le 11 juin 1795, mort au château de Graveron (Eure) le 15 décembre 1856. Il fit, comme boursier, ses études au lycée Napoléon, à Paris, s’engagea en 1813 dans les gardes d’honneur, prit part aux campagnes de Saxe et de France en 1813 et 1814, et reçut le grade d’adjudant-major. A la première Restauration, il entra dans la maison militaire du roi et suivit les cours de l’Ecole de droit. Pendant les Cent-Jours, il fit paraître plusieurs brochures libérales qui passèrent inaperçues. En mars 1816, de Salvandy lança, sous ce titre : la Coalition et la France, un écrit chaleureux contre l’occupation étrangère. Les alliés demandèrent l’arrestation de l’auteur ; mais le duc de Richelieu refusa avec fermeté et récompensa même de Salvandy, après la libération de notre territoire, en 1819, en lui donnant la place de maître des requêtes au conseil d’Etat. A cette époque, il publia des articles dans le Journal des Débats et des brochures dans lesquelles il se prononçait en faveur de la politique quelque peu libérale suivie par le duc Décazes, et contre les tendances des ultra-royalistes. Aussi, lors de la constitution du cabinet réactionnaire de 1821, M. de Peyronnet le destitua de ses fonctions de maître des requêtes. Peu après, de Salvandy se maria avec Mlle Feray et, en 1823, il donna sa démission du grade d’officier d’état-major qu’il occupait depuis 1815. Tant que dura le ministère Villèle ; il lui fit une guerre acharnée, soit dans le Journal des Débats, soit dans de nombreuses brochures qui eurent du succès. Un roman historique, Don Alonzo (v. DON ALONZO), qu’il publia en 1824, dut aux circonstances, bien plus qu’au mérite de l’ouvrage, une vogue extraordinaire. En 1828, le ministère Martignac le nomma conseiller d’Etat et le chargea de soutenir le projet de code militaire devant la Chambre des pairs ; mais, à l’avènement du ministère Polignac, il se retira pour engager une polémique vigoureuse contre les idées réactionnaires qui dominaient dans les conseils du gouvernement, et écrivit à cette occasion à Charles X une lettre dans laquelle il essaya vainement de l’éclairer sur les périls de la situation.

Au mois de juin 1830, le duc d’Orléans donna à son beau-frère, le roi de Naples, alors à Paris, et au roi Charles X une fête magnifique au Palais-Royal. De Salvandy, qui y assistait, s’entretint avec un des membres du ministère des dangers de la lutte engagée contre l’opinion publique par l’autorité royale. « Nous ne reculerons pas d’une semelle, lui dit le ministre. — Eh bien ! lui répondit de Salvandy, le roi et vous reculerez d’une frontière. » Passant quelques instants après devant le duc d’Orléans, qui recevait de nombreux compliments sur sa fête, il lui adressa celui-ci devenu bientôt célèbre : « C’est une fête toute napolitaine, monseigneur ; nous dansons sur un volcan. » La métaphore de Salvandy était une prophétie qui ne tarda pas à s’accomplir. Un mois plus tard, le volcan faisait éruption.

De Salvandy resta simple spectateur de la révolution de juillet 1830 et se rallia sans aucune difficulté à la monarchie de Louis-Philippe. Il reprit sa place au conseil d’Etat, réorganisé le 20 août, et fut élu député, deux mois plus tard, par le collége électoral de La Flèche. A la Chambre, il se jeta aussitôt dans le parti de la réaction, manifestant une horreur singulière pour toutes les propositions inspirées par l’esprit démocratique, et attaqua avec une extrême ardeur le ministère pour avoir manqué d’énergie pendant les journées du 13 et du 14 février 1831. Non réélu aux élections générales de cette année, il publia des brochures pour attaquer le parti révolutionnaire et plaider la cause des derniers ministres de Charles X. En 1833, le collége électoral d’Evreux l’envoya à la Chambre des députés, où il fut rapporteur de la loi dite de disjonction, et vota avec le parti conservateur. Le 19 février 1835, il succéda à Parseval-Grandmaison comme membre de l’Académie française. Lors de la formation du cabinet Molé, le 15 avril 1837, de Salvandy y prit le portefeuille de l’instruction publique, qu’il conserva jusqu’en mars 1839. Pendant le temps qu’il resta à la tête de ce département ministériel, il améliora le sort des professeurs et des maîtres d’étude, institua des chaires de littérature étrangère dans les départements et donna jusqu’à la profusion des encouragements de toute nature aux professeurs et aux gens de lettres. Après sa sortie du ministère, il devint un des vice-présidents de la Chambre, où il représenta l’arrondissement de Nogent-le-Rotrou, puis celui de Lectoure. Nommé en 1841 ambassadeur en Espagne, il combattit, pendant un voyage qu’il fit en France, la politique du ministère au sujet du droit de visite. Au mois de novembre 1843, il passa à l’ambassade de Turin ; mais il revint peu après pour prendre part aux débats de l’adresse, vota contre cette adresse, dans laquelle un paragraphe infligeait un blâme aux députés légitimistes qui étaient allés rendre visite au comte de Chambord à Belgrave-Square (1840), et donna alors sa démission de ses fonctions diplomatiques. Louis-Philippe, après lui avoir tenu pendant quelque temps rigueur, consentit, le 1er février 1845, à lui donner de nouveau le portefeuille de l’instruction publique. Il reconstitua le conseil d’instruction publique, créa l’Ecole d’Athènes, restaura l’Ecole des chartes et présenta divers projets de loi sur la réorganisation des Ecoles de droit et de médecine, sur l’enseignement secondaire, etc. La révolution de 1848 rendit de Salvandy à la vie privée. Après avoir passé quelque temps hors de France, il habita tantôt Paris, tantôt son château de Graveron, s’occupant de littérature, d’agriculture et de politique. Ecarté des Chambres législatives sous la République, il continua à rester en relation avec les chefs de l’ancien parti conservateur qui fit une guerre acharnée à la liberté et aux institutions nouvelles. On le vit alors prendre part aux menées ayant pour objet la fusion des deux branches des Bourbons, et cet homme, qui avait contribué pour sa part au renversement de la branche aînée, se posa comme un des champions de la légitimité. De Salvandy était, lorsqu’il mourut, président de la Société d’agriculture de l’Eure. Il s’était fait, comme écrivain, une réputation fort exagérée et qui ne lui a pas survécu. Disciple de Chateaubriand, dont il exagéra les défauts, il tombait dans l’afféterie, aimait les images ampoulées, et son style se ressentait vivement de la tournure théâtrale de son esprit. Ce qu’il y incontestablement de meilleur dans son œuvre, ce sont ses articles de journaux et quelques-unes de ses brochures politiques. Indépendamment de nombreux articles publiés dans le Journal des Débats, le Courrier français, la Revue contemporaine, le Dictionnaire de la conversation, le Livre d’honneur de l’Université, le Livre des cent et un, le Keepsake des hommes utiles, etc., on lui doit : Mémoire à l’empereur sur les griefs et les vœux du peuple français (1815) ; Opinion d’un Français sur l’acte additionnel (1815) ; Observations critiques sur le champ de Mai (1815) ; la Coalition et la France (1816) ; Dangers de la situation (1819) ; Vues politiques (1819) ; Du parti à prendre envers l’Espagne (1824) ; le Ministère et la France (1824) ; le Nouveau règne et l’ancien ministère (1824) ; Don Alonzo ou l’Espagne, histoire contemporaine (1824, 2 vol. in-8°) ; les Funérailles de Louis XVIII (1824, in-8°) ; Islaor ou le Barde chrétien (1824, in-12) ; De l’émancipation. de Saint-Domingue (1825, in-8°) ; la Vérité sur les marchés Ouvrard (1825, in-8°) ; Discussion de la loi du sacrilége (1825, in-8°) ; les Amis de la liberté de la presse (1827, in-8°) ; Que font-ils ? (1827, in-8°) ; Insolences de la censure (1827, in-8°) ; Histoire de Pologne avant et sous te roi Sobieski (1827-1829, 3 vol. in-8°), ouvrage rempli d’inexactitudes et qui atteste une connaissance tout à fait insuffisante du sujet ; Seize mois ou la Révolution de 1830 et les révolutionnaires (1831, in-8°), réimprimé eu 1832 sous le titre de : Vingt mois, Paris, Nantes et la session (1832, in-8°) ; Lettres de la girafe au pacha d’Egypte (1834, in-8°) ; Discours prononcé pour la réception de Victor Hugo à l’Académie française (1841, in-8°) ; Rapport au roi sur l’état des travaux exécutes depuis 1835 jusqu’à 1847 pour le recueil et la publication des documents inédits relatifs à l’histoire de France (1847, in-8°), etc.

Pierre LAROUSSE - 1870 - Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle.

C'est quand même autre chose que wikipédia !!!


Serge VERNHET

Production d'ateliers d'Histoire de l'art et de produits mémoire pour Ehpad, Résidences Services Seniors et Cliniques

7 ans

Merci Frédéric, avec toutefois une réserve, wikipédia est une grande encyclopédie

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