Un million d'espèces menacées d'extinction !
Lundi 6 mai, le groupe d’experts de l’ONU sur la biodiversité (IPBES) a dévoilé les conclusions de son rapport sur l'état de la biodiversité.
Un million d'espèces menacées d'extinction !
« Beaucoup pourraient disparaître “dans les prochaines décennies”, et les choses devraient même empirer si des “changements profonds” de société ne sont pas engagés au plus vite.
le chemin vers la restauration des écosystèmes dégradés par l’Homme passe par une réforme du système agro-alimentaire et changements des modèles de production et de consommation.
Dans ce rapport sans précédent, les scientifiques peignent un tableau sombre de l’avenir de l’être humain qui dépend de la nature pour boire, respirer, manger, se chauffer ou se soigner.
75% de l’environnement terrestre a été “gravement altéré” par les activités humaines et 66% de l’environnement marin est également touché.
“Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier”
Déforestation, agriculture intensive, surpêche, urbanisation galopante, mines
Les principaux coupables sont clairement identifiés
- l’utilisation des terres (agriculture, déforestation), Nourrir 10 milliards de personnes en 2050 de façon “durable” implique une transformation de la production agricole (agro-écologie, meilleure gestion de l’eau) mais aussi des habitudes de consommation (régime alimentaire, gaspillage)
- l’exploitation directe des ressources (pêche, chasse),
- le changement climatique, les pollutions et les espèces invasives.
“Nous saluons l’appel à un changement des régimes alimentaires, vers une nourriture plus basée sur les végétaux pour réduire la consommation de viande et de produits laitiers qui a des impacts négatifs bien connus sur la biodiversité, le changement climatique et la santé humaine”, a commenté Eric Darier, de Greenpeace.
La synthèse adoptée par les délégations samedi n’appelle pas directement à manger moins de viande, la formulation ayant été affaiblie depuis la version préliminaire obtenue par l’AFP. Un signe probable de l’hostilité de certains pays producteurs de viande.
“Des changements profonds peuvent entraîner une opposition de la part de ceux qui ont des intérêts directs au statu quo, mais une telle opposition peut être surmontée pour l’intérêt général”, commente Robert Watson.
“Nous ne voulons pas seulement survivre”
Mais alors que ce rapport évoque des pistes, sans être prescriptif, reste à savoir si les Etats membres de la Convention de l’ONU sur la diversité biologique (COP15) se fixeront lors de leur réunion en Chine l’an prochain les objectifs ambitieux espérés par les défenseurs de l’environnement pour une planète durable en 2050.
Le rapport de l’IPBES évoque d’autres outils à disposition des gouvernements pour améliorer la “durabilité” du système économique, comme des quotas de pêche “efficaces” ou une réforme des aides publiques et de la fiscalité. Il évoque même la nécessité de s’éloigner du dogme de la croissance.
“Il s’agit de considérer la qualité de vie et non la croissance économique comme objectif”, indique à l’AFP l’un des principaux auteurs, Eduardo Brundizio.
Alors que l’Homme dépend de la nature pour vivre, est-il pour autant condamné à l’extinction ?
“Probablement pas”, et certainement pas à court terme, répond un des autres auteurs Josef Settele. Mais “nous ne voulons pas seulement survivre. C’est tout l’enjeu de ce rapport”, tempère Eduardo Brundizio, insistant à nouveau sur la “qualité de vie”.
Qualité qui risque de se dégrader encore plus pour les plus pauvres de la planète, note le rapport, et pour les régions abritant les peuples autochtones très dépendants de la nature.
Ces derniers sont parvenus par leurs savoirs ―intégrés et reconnus pour la première fois à ce niveau― à limiter ce déclin de la biodiversité, qui toutefois se trouve “sous une pression de plus en plus importante”.