Un voyage au pluriel

Cotonou, le 25 février 2018, me voici de retour dans ma seconde patrie si on considère que le patriotisme se mesure au nombre de miles acquis lors de chaque trajet en avion. A peine débarqué de l’avion, mon téléphone m’avertit que “le bagage n°354883 a été égaré et qu’Air France met tout en œuvre pour le retrouver“. Seule chance dans mon malheur, ma trousse de toilette se trouvait dans une valise qui, elle, n’a pas connu la mésaventure de sa grande sœur. Quand je pense au mal que je me suis donné pour emmener ces 70 kilos avec moi, avec changement d’aéroport à Paris, négociation avec le personnel au sol pour qu’il ferme les yeux sur l’excédent de bagage...

Ce voyage est très important à plusieurs égards : tout d’abord, je ne voyage pas seul cette fois-ci mais avec 3 accompagnateurs. Un ami cameraman qui va, je l’espère, signer de plus belles images que les miennes (ce qui ne constituerait pas un exploit), une adolescente germano-française de 16 ans et un jeune majeur de 18 ans, tous deux désireux de se mettre au service d’une humanité malmenée. Quelle maturité que la leur… j’aurais presque honte de l’adolescent que j’étais au même âge. Dire qu’il m’a fallu attendre d’avoir 40 ans pour réaliser ce dont ils sont pleinement conscients à leur jeune âge.

Je suis heureux que cette caravane m’accompagne car j’ai l’impression de transmettre un témoin, de passer le flambeau. Je me sens tellement seul parfois à la tête de ma micro-association que cette compagnie me donne l’énergie qui me fait parfois défaut. J’espère qu’ils aimeront cette expérience comme je l’ai aimée.

La deuxième raison qui donne à ce voyage un caractère exceptionnel est que nous allons amener l’électricité au village de Togbota ! Pour la première fois de leur longue histoire, les villageois de ce trou perdu de la vallée de l’Ouémé, vont sortir de la nuit dans laquelle ils sont plongés depuis que les premiers habitants ont construit leurs cases de chaume et de terre battue au bord du fleuve Togbo.

Les panneaux solaires sont partis du nord du Bénin ce matin et nous les attendons pour demain matin. C’est ensuite que nous partirons pour le village, à 2 heures de piste cabossée de Cotonou. Les habitants de Togbota et les autorités gouvernementales m’attendent avec grande impatience car vous comprenez, l’électricité c’est quand même quelque chose ! Il parait que tout la village ne parle que de ça. Pourtant, cette “lumière“ que j’amène grâce à la générosité de Jean-Pierre Ting qui a financé l’expédition, est bien modeste : les panneaux ne pourront éclairer que 2 salles de classe sur les 5 que compte l’école mais c’est un début. Plus rien ne m’arrêtera : les 3 autres suivront un jour, je le sais.

Je profite également de ce voyage pour financer des travaux importants : la réfection de la Case des Enfants qui prenait l’eau à chaque averse et qui s’affaissait dans le sol et enfin, l’aménagement d’une salle pour accueillir les enfants toujours plus nombreux et pour lesquels la Case des Enfants devenait trop petite.

Et puis, il y aura la distribution de vêtements et de médicaments sur laquelle je reviendrai plus tard, sans oublier l’opération parrainage que j’ai mis en place avec succès. Je vais aller rencontrer les familles au nom des parrains qui ont bien voulu s’inscrire dans ce processus d’aide aux enfants défavorisés.

J’ai retrouvé hier soir Isidore, l’élève que je parraine depuis presque 10 ans et qui me donne des raisons d’être fier : il est le premier de sa promotion en deuxième année d’école de commerce internationale. Je lui ai demandé ce qu’il voulait faire plus tard, après ses 3 années d’étude et il m’a répondu dans un sourire gêné : “homme d’affaires“… je l’y aiderai.

Si vous souhaitez aider mon association : www.lesenfantsdetogbota.com