UN ZOMBIE EN HABIT : L’HISTOIRE DE FRÉDÉRIC
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UN ZOMBIE EN HABIT : L’HISTOIRE DE FRÉDÉRIC

Frédéric naît et grandit dans une petite ville du Québec. Prêt à voler de ses propres ailes, il quitte la région de son enfance pour étudier à Montréal et réaliser son rêve : tenir un jour les rênes d’une grande entreprise.

Un diplôme de HEC Montréal en poche, il décroche un poste junior et prend du galon ses 10 premières années, enchaînant promotions et nominations.

Fin 2017, Frédéric se voit offrir un rôle de vice-président qu’il accepte avec empressement. La tâche est colossale : positionner l’entreprise sur un nouveau marché pour en assurer la croissance et freiner celle d’un féroce concurrent. Frédéric sait bien que certains collègues verront sa nomination d’un mauvais œil, le trouvant déjà « trop » ambitieux… mais son goût du défi et de l’avancement lui donne le cran de plonger tête première.

Arborant un nouvel habit hors de prix, il met le paquet dès son entrée en fonction et travaille sans relâche pour prouver sa valeur. D’ailleurs, il s’avère très compétent. Rigoureux, motivé, performant. Mais sa tendance à jouer du coude dérange, tout comme la condescendance dont il use parfois quand il ne trouve pas les autres à la hauteur : à SA hauteur.

Le mécontentement enfle dans les rangs. Son équipe n’adhère pas toujours à ses stratégies, ses collègues le trouvent intransigeant, et sa supérieure commence à douter de son leadership. Mais Frédéric ferme les yeux sur tous les signaux d’alarme et continue de foncer droit devant. Pour lui, prendre du recul reviendrait à avouer qu’il n’a pas l’étoffe d’un vice-président.

Il ferme aussi les yeux sur la fatigue qui s’installe, sur sa vie familiale qui part en vrille… Malgré ses airs de mort-vivant dans le miroir. Les choses finiront par se placer, pense-t-il. Les autres V.-P. y arrivent. Pourquoi pas lui, qui est si persévérant?

  ***

Mais les choses ne s’améliorent pas. Voilà près de deux ans que Frédéric n’a pas pris de « vraies vacances » et qu’il dort quatre heures par nuit, son téléphone portable sur l’oreiller par crainte de manquer un courriel ou un texto. Comme tant d’accros aux écrans, il est hanté par la peur de rater quelque chose.

Et sur la commode, à portée de main, attend toujours un habit hors de prix fraîchement pressé, maintenant que le garde-robe en est rempli.

  ***

Lundi matin, 6 h 30. Frédéric arrive au petit café des lève-tôt, et comme d’habitude, il est le premier au comptoir à commander un espresso bien corsé. Quelques gorgées et le voilà fin prêt à affronter la journée.

Tout juste entré dans son bureau, il voit le téléphone clignoter. Étrange, il a pourtant vidé sa boîte vocale entre deux réveils cette nuit. Mais qu’a-t-il donc raté?

« Bonjour, Frédéric. J’aimerais que tu passes me voir quand tu arrives. Merci. »

Il reconnaît la voix de Gabriella, sa supérieure, qui a laissé un message 15 minutes plus tôt. Étrange, très étrange qu’elle le convoque à une heure si matinale et avec si peu de cérémonie…

Frédéric grimpe les marches du 6e jusqu’au 13e, trop impatient pour attendre l’ascenseur. Des perles de sueur au front, il renverse quelques gouttes de café sur sa chemise à rayures, qu’il camoufle maladroitement sous sa cravate assortie.

Et alors il met le pied dans le bureau de Gabriella.

« Frédéric, il faut faire le point, ça ne va plus. »

Directe et posée, comme toujours, Gabriella lui parle de ses préoccupations et de commentaires qu’elle a recueillis. En gros, à trop s’imposer, Frédéric est en train de perdre la confiance de ses employés et même de ses collègues V.-P. Et bien qu’il peine à l’admettre, il doit avouer que la situation est problématique.

Gabriella lui demande de prendre quelques jours pour réfléchir à la question, parce qu’elle croit toujours en lui, soutient-elle. Déboussolé, il acquiesce et retourne au 6e, mais décide ensuite d’écourter sa journée tant il est désemparé.

« Comment en suis-je arrivé là? Comment ralentir sans être perçu comme un incapable ? »

Frédéric décide d’appeler Jeanne, une ancienne collègue dont il a toujours estimé l’opinion et qui a longtemps été sa mentore. Ils se retrouvent plus tard ce jour-là, attablés autour d’un café, à tenter d’analyser la situation sans œillères.

— Tu m’as l’air rendu sur le pilote automatique, avance Jeanne avec douceur.

— Eh oui, un vrai zombie, au travail et à la maison aussi, répond Frédéric, le menton dans la main et le regard au loin.

— Un zombie en habit, c’est quand même plus chic, non?

Frédéric rit de bon cœur pour la première fois depuis longtemps.

***

Après quelques jours d’introspection, et de nombreuses lectures en ligne, Frédéric se rend au bureau de Gabriella pour lui exposer ses réflexions.

« Ce n’est pas facile à dire, Gabriella, mais oui, je dois changer mon approche. Je veux aller de l’avant et je suis prêt à travailler en ce sens, mais j’avoue que je ne sais par où commencer », confie-t-il avant d’expliquer ce qui, selon lui, nuit à son impact et à son influence.

De son côté, Gabriella écoute avec attention, contente de voir Frédéric aussi résolu. Elle lui propose un programme de coaching de neuf mois, pour qu’il développe son leadership avec l’aide d’un point de vue extérieur. Frédéric accepte… non sans un certain scepticisme.

  ***

Si l’histoire de Frédéric vous semble familière, c’est qu’elle ressemble à celle que vivent[un grand nombre d’hommes et de femmes dans le monde des affaires, où la pression de performance peut si facilement faire perdre pied. En tels cas, le coaching professionnel peut aider à reprendre le contrôle et à transformer une situation problématique en l’occasion de se réinventer pour mieux réussir.

  ***

À suivre…

« Le coaching consiste à amener le leader où il ne peut aller seul. » – Bill McCartney, coach

Marjorie Poitras, MBA, ACC, CRHA


Robert Racine

Déménagement La Capitale

5 ans

avec plaisir Bonne soirée

Robert Racine

Déménagement La Capitale

5 ans

Wow quelle beau texte, j'adore cette histoire, si je peux me permettre dappeler ça une histoire, oui on si reconnais à quelque part.

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