Une autre "Plume" envolée:
La page 57, dans Le Livre Moderne Illustré, du roman "Les allongés" (prix Femina en 1923)
de: Jeanne Gazy
Je voudrais pouvoir dire les prières naïves qui bercent les regrets et permettent l'espoir des au-delà radieux. Je voudrais réels tous les songes dont l'humanité veut éclairer la mort.
Je me refuse à accepter le retour du néant, et je crois-- avec cette foi qu'on n'acquiert qu'en ayant cheminé soi-même un peu dans la pénombre menaçante-- que mystérieusement quelque chose subsiste et est sauvé.
Je ne précise pas. Je ne critique pas. Je m'abandonne. Je fais taire ma pauvre raison héritée de tant de siècles d'essais vains. Je n'ai pas la naïveté de croire en sa toute-puissance pour mesurer ce qui dépasse le domaine de la science. Je me réfugie dans ce qui dans notre âme semble seul pressentir l'ineffable et pénétrer l'invisible, et je prie, si prier c'est, pour s'apaiser, adhérer à tout le mystère qui nous enveloppe et, pour communier avec un être, se pencher au-dessus des barrières de la mort.