Urbanisme transitoire et projets temporaires : maturité & défis

La semaine dernière se tenait la 3eme édition des rencontres de la métropole lyonnaise sur l'urbanisme transitoire. Avec nos partenaires de Plateau Urbain, Intermède a été très impliqué dans cette rencontre. Avec un peu de recul, nous revenons ici sur quelques points saillants.

Les acquis de plusieurs années de pratique : volontarisme politique et mobilisation

Ce fût l'occasion de mesurer le chemin parcouru ces dernières années : l'urbanisme transitoire est devenu en terre lyonnaise un véritable levier de politique publique, au service des politiques métropolitaines dans le domaine de la solidarité, l'économie, la culture... Des propos politiques amples, une ambition claire et assumée, des moyens humains, techniques, financiers mobilisés. Joie de constater que l'intérêt n'est plus à démontrer.

L'urbanisme transitoire est en phase avec son époque aussi, et répond à un principe de raison. Morceaux choisis :

"Deux tendances lourdes sont à l'oeuvre : la raréfaction du foncier et les contraintes de plus en plus fortes sur la construction neuve amèneront logiquement à utiliser tous les fonciers disponibles. Notamment pour répondre aux urgences sociales en matière d'accueil et d'hébergement." Renaud PAYRE

"Nous sommes dans un moment où nous avons besoin de valoriser des figures / des filières pour les rendre "hypervisibles" dans des lieux dédiés, et montrer que les acteurs qui font de l'économie autrement pèsent." Emeline Baume de Brosses

Pas d'ambiguïté donc sur l'envie de faire. L'urbanisme transitoire accélérateur de politiques publiques, assurément !

L'approfondissement des pratiques & des défis à relever :

En écho à une première génération d'une douzaine de projets aujourd'hui lancés sur la métropole lyonnaise, et à de nombreux autres ailleurs, voici quelques défis repérés, évoqués dans les moments formels ou plus informels de cette rencontre.

Comme autant de points de vigilance et d'approfondissement pour la suite, pour épaissir encore les projets et leurs impacts :

• l'attention à la bonne intégration des projets temporaires dans leur environnement territorial et leur lien aux acteurs locaux, aux acteurs économiques, aux équipements publics, aux écoles, aux associations...
• l'équilibre à trouver entre sobriété des projets et qualité d'accueil des occupants et usagers des lieux et espaces d'accueil,
• la nécessité d'avoir des retours d'expériences (vraiment) qualifiés sur les coûts engagés et investissement en en ingénierie, sur les impacts territoriaux d'ensemble via l'analyse des externalités (positives ou négatives) générées par ces projets, les impacts sur l'action publique locale
• la complexité des expertises requises ( techniques, sociales, économiques, juridiques..) et la gestion des "frottements "qu'une conduite de projet nécessairement transversale peut occasionner
• la tension permanente entre le respect des cadres techniques et réglementaires qui permettent de conduire les projets en sécurité et la nécessaire innovation et la prise de risque propre à toute expérimentation
• la mise en débat des paradoxes ou des ambiguïtés qui se révèlent chemin faisant : les enjeux énergétiques des projets "coincés" entre la recherche de sobriété propre au transitoire et la réalité de lieux anciens et énergivores, l'institutionnalisation des projets versus des lieux-projets qui sont réellement des émergences...
• l'ouverture des sites d'occupation temporaire au plus grand nombre, pour éviter le risque de créer des "bulles" qui bien malgré elles, concourraient à séparer des mondes dans un même territoire
• l'ingénierie et les professionalités à encourager : les nouveaux montages financiers pour assurer le portage du foncier, les nouveaux métiers, le dimensionnement des équipes de gestion des lieux à la mesure des besoins réels..

Urbanisme transitoire et récit territorial : passeur d'histoire(s)

On commence seulement à voir et à nommer la façon dont les projets temporaires concourent à un récit territorial en évolution. Ces projets s'inscrivent en continuité d'une histoire existante et valorisent aussi son passé. Dans le même temps ils apportent de la discontinuité par leurs innovations, leur soutien à des émergences par l'accueil de groupes de personnes, d'activités, de moments inattendus. Cette position de "passeur" d'histoire(s) fait leur singularité et leur supplément d'âme.

De quoi alimenter nos réflexions au long cours dans les mois et années à venir. Un beau champ d'action et de réflexion prospective.

S'il y a des questions / sujets liés à l'#urbanisme transitoire que vous souhaiteriez traiter en particulier, faites-nous en part !