Vélo de fonction : le véhicule urbain de demain ? 🚲
Nous sommes en 2035 en plein centre-ville de Rennes. L’interdiction de la vente de véhicules neufs émettant du CO2 est désormais une réalité.
Voitures, bus et autres véhicules électriques pullulent et font partie intégrante du paysage. Autre fait notable : les cyclistes, qui auparavant se faisaient rares, ont plus que jamais leur place dans le paysage urbain.
Que ce soit le long de la Vilaine ou sur les grands boulevards qui sillonnent la ville, les vélos musculaires, électriques (VAE), cargos et longtails sont partout ! Parmi tous ces cyclistes, nombreux sont ceux à enfourcher leur vélo de fonction pour se rendre au travail. Ils se prénomment eux-mêmes les « vélotafeurs ». Et pour rien au monde, ils ne retourneraient dans leur bonne vieille Peugeot à essence.
Ce portrait de la ville de demain vous semble utopique ? Vous n’imaginez pas un instant prendre le vélo pour aller au travail ?
Pourtant, cette vision est plus crédible que vous ne le pensez. Des vélotafeurs déjà convaincus à ceux qui hésitent encore en passant par l’instauration d’une véritable politique vélo, je peux vous assurer que la révolution est déjà en marche. Et elle va s’inviter jusque dans vos bureaux !
Le vélo de fonction : un véhicule qui présente de nombreux d’avantages
Retour en 2023. En France, enfourcher son deux roues pour se rendre au travail, ce n’est pas si commun. Et pour cause, depuis les années 60, la pratique du vélo s’est éclipsée au profit du véhicule thermique, beaucoup plus confortable. Toutes nos infrastructures sont pensées pour la voiture. Les piétons et les vélos sont secondaires.
Aurélien Bigo met ce point en exergue dans son livre Voitures publié aux éditions Fake or not : « Après la Seconde Guerre mondiale, l’automobile se diffuse largement en France : on passe d’environ une voiture pour vingt-cinq habitants à une voiture pour deux habitants. »
Néanmoins, ceux qui prennent le parti du vélotaf ont d’excellentes raisons de le faire. Une fois lancés, les avantages qu’ils trouvent au vélo surpassent de loin les trajets monotones en voiture.
Le premier bénéfice qui saute aux yeux est le faible impact écologique du deux roues. Dans un monde où le pétrole se fait de plus en plus rare, rouler à vélo fait chuter votre empreinte carbone.
Outre l’aspect écologique qui est important pour les vélotafeurs, ceux-ci y trouvent également un intérêt personnel. En pratiquant une activité physique au quotidien, ils restent en forme et gagnent en motivation. Eh oui, faire du vélo donne un sacré coup de boost le matin, d’autant plus si vous pouvez éviter les embouteillages à l’heure de pointe !
De manière plus pragmatique, se rendre au travail à vélo a aujourd’hui toute sa place en ville :
Ces bénéfices mis en avant, le vélotaf peut-il faire de nouveaux adeptes ? Il semble qu’une montagne reste à gravir…
Se rendre au travail à vélo reste malgré tout une exception
En 2020, seul 2,9 % des personnes en emploi utilisaient le vélo pour effectuer leur trajet domicile -travail. C’est une augmentation de 0,9 points par rapport à 2015. Mais est-ce pour autant suffisant ? La réponse est non bien entendu. Alors qu’est-ce qui empêche les Français d’enfourcher leur vélo ?
De prime abord, on pourrait penser que ce sont les conditions météo défavorables qui jouent. Après tout, personne n’aime la pluie, le vent et le froid. Arriver au boulot trempé n’est pas idéal, surtout si l’on enchaîne les rendez-vous client ! De même, l’été et ses chaleurs caniculaires ne sont pas propices à la pratique d’une activité physique. Mouiller la chemise avant de travailler, non merci !
Malgré tout, en creusant un peu, on se rend compte que ces arguments sont loin d’être ceux qui empêchent les urbains de sauter le pas. Car ces dernières années, l’arrivée du vélo électrique et d’accessoires ingénieux (pour se protéger de la pluie entre autres) change la donne.
Non, ce qui bloque les particuliers dans la pratique du vélotaf, c’est davantage l’insécurité qu’ils peuvent ressentir lorsqu’ils pédalent. On a beau avoir pris conscience des problèmes que génèrent les véhicules thermiques en ville, ces derniers sont dangereux pour les deux roues.
Cette insécurité résulte surtout d’un paramètre : les voies cyclables, bien qu’elles se développent, restent encore peu répandues, surtout lorsqu’on sort des villes. Comme le souligne le rapport 2021 de la fédération française des usagers de la bicyclette mesurant le baromètre des villes cyclables : « Le manque d’aménagements cyclables est un frein pour se mettre au vélo, que l’on soit une femme ou un homme : 58% des répondantes ne faisant jamais ou presque du vélo trouvent qu’il n’y a pas assez d’aménagements cyclables, contre 53% chez les hommes. »
L’étalement urbain qu’ont connu nos métropoles ces soixante dernières années est également à prendre en compte. La pratique du vélotaf reste pour le moment réservée aux habitants des zones urbaines et péri-urbaines.
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Après ce constat quelque peu pessimiste, comment imaginer que dans quelques années, les vélotafeurs auront envahi nos rues ? Le changement semble en marche, autant du côté de l’État que des entreprises.
Vélos de fonction : la roue tourne !
Vous l’avez compris, pour que les Français enfourchent leur vélo pour aller travailler, la création d’une véritable culture vélo et la transformation de l’espace public sont nécessaires. Et les acteurs qui sont en mesure de bouger les lignes sont d’ores et déjà sur le pied de guerre.
➡️ Plan vélo 2023 : les politiques s’emparent du sujet
Rééquilibrer l’espace public pour que les trajets à vélo soient plus sécurisés est indispensable. Mais ce n’est pas suffisant. Il est aussi important d’encourager les particuliers à changer leurs habitudes. L’État entend déclencher ce changement par la mise en place d’incitations financières pour les salariés et les entreprises. Le gouvernement compte également soutenir la filière vélo, un secteur qui évolue à vitesse grand V.
En ce sens, le plan vélo et marche 2023, lancé par le gouvernement en mai dernier, est ambitieux. Alors que la France compte aujourd’hui 57 000 km d’aménagements cyclables sécurisés, l’État compte les doubler en sept ans pour atteindre les 100 000 km en 2030. Pour atteindre cet objectif, 250 millions d’euros seront, chaque année, mis sur la table.
Les salariés des secteurs privé et public peuvent quant à eux bénéficier du Forfait mobilités durables s’ils effectuent leur trajet domicile-travail en « mobilités douces », autrement dit un moyen de transport collectif ou non polluant. Le vélo arrive bien entendu en tête de liste. Ce dispositif est facultatif et mis en place dans les entreprises qui le souhaitent. Quant aux montants accordés, ils sont attractifs : un salarié du privé peut toucher jusqu’à 800 euros de prime par an.
Le plan vélo prévoit par ailleurs une réduction d’impôts pour les entreprises qui mettent à disposition une flotte de vélos de fonction pour leurs salariés. Ce dispositif, qui devait prendre fin en décembre 2024, sera prolongé jusqu’en 2027.
Dernier point et non des moindres : le gouvernement souhaite accompagner les acteurs de l’économie du vélo tout en renforçant la filière industrielle française. L’objectif est qu’en 2030, 2 millions de vélos soient assemblés dans l’hexagone.
➡️ Petit à petit, les entreprises s’y mettent
Aujourd’hui, la majorité des entreprises cherche à intégrer une démarche RSE (Responsabilité Sociétale de l'Entreprise) dans ses objectifs de développement durable. Dans ce cadre, nombreuses sont celles à encourager leurs salariés à utiliser le vélo pour effectuer leurs trajets domicile-travail.
Pour un dirigeant, instaurer une culture vélo au sein de son entreprise n’a pas que des enjeux financiers. En septembre 2015, le MEDEF (Mouvement des entreprises de France) et le CNOSF (Comité national olympique et sportif) ont réalisé une étude de l’impact économique de l’activité physique et sportive sur l’entreprise, le salarié et la société civile. Les résultats sont sans appel :
Inciter ses salariés à prendre leur vélo n’est donc pas seulement bénéfique pour eux, mais aussi pour l’entreprise.
Plus largement, un dirigeant qui favorise l’écomobilité participe également à la baisse des émissions de gaz à effet de serre au sein de son entreprise. Les déplacements domicile-travail sont en effet pris en compte dans le calcul du bilan carbone. À l’heure actuelle, en France métropolitaine, ce bilan GES est obligatoire pour les entreprises du secteur privé de plus de 500 salariés. Nul doute que ce chiffre évoluera dans les prochaines années.
💡 Bon à savoir : pour mettre en place une politique vélo efficace au sein de leur établissement, les dirigeants ne sont pas seuls. De nombreuses entreprises proposent aujourd’hui de la location de flottes de vélos électriques. En plus de mettre à disposition différents modèles de deux roues adaptés aux besoins de chaque salarié, elles offrent aussi l’assurance et l’entretien régulier du vélo. De quoi soulager grandement la charge mentale des chefs d’entreprise !
De l’utopie à la réalité
À quoi pourrait ressembler une ville où l’espace public favoriserait le déplacement des vélos et des piétons ? Si je vous demande de me donner un exemple, je suis certaine que beaucoup d’entre vous citeront Amsterdam. Et pour cause, la ville est surnommée la capitale mondiale du vélo.
On pourrait penser que la culture vélo a toujours été présente dans le plat pays. Pourtant, tout a failli basculer dans les années 60. Le documentaire du média Entr raconte comment les habitants d’Amsterdam ont dû se battre pour conserver un espace public sécurisé, qui ne serait pas envahi par les voitures. Aujourd’hui, faire du vélo dans cette ville est facile. Les infrastructures sont adaptées (pistes cyclables séparées de la route, parkings en nombre, etc.) et les loueurs de vélo ont pignon sur rue.
Maintenant, retournons en France. Toutes les mesures mises en place par le gouvernement et les entreprises pour promouvoir le deux roues sont-elles à la hauteur d’un tel défi ? Nos grandes métropoles peuvent-elles, à l’instar d’Amsterdam, se transformer en « cités du vélo » ?
Nul doute qu’en raison du réchauffement climatique, notre modèle va s’adapter. Nos habitudes vont se transformer. Peu à peu, les citoyens vont prendre conscience que circuler en voiture pour un court trajet (même si celle-ci est électrique) n’est tout simplement plus soutenable. En parallèle de tout cela, le vélo de fonction va s’installer durablement, et naturellement, dans le paysage urbain.
Sans oublier la peur du vol qui reste encore le frein N°1 à la pratique du vélo au quotidien.. Mais face à cela, nous sommes là ! 💪
Entrepreneure RH - Conseil RH - People ops | Podcasteuse “Connecting Leaders"
1 ansInteressant. Oui tout le monde peut y contribuer sur nos trajets quotidiens (quand les conditions sont réunies!). (Et quelques pistes cyclables supplémentaires sécurisées encore aussi).
Rédactrice web SEO réactive et passionnée. Adaptabilité à de nombreux sujets et tous types de missions !
1 ansOn voit une évolution des ventes de vélo pour aller travailler grâce sans doute aux aides financières ( investissement vélo électrique). Les villes font des efforts d’aménagement pour sécuriser la circulation . Je pense sincèrement que le développement de ce mode de déplacement va encore augmenter .
👩🏻⚕️Médecin | 🪶Ghostwriter | J'accompagne les leaders de la santé à donner de la visibilité à leur expertise et leur vision sur LinkedIn.
1 ansMerci Laura pour cette mine d'informations ! C'est vrai, j'avoue, j'ai déjà prononcé une des phrases que tu cites 🤐 Pour ma part, là où j'habite, les infrastructures ne sont pas adaptées à mon trajet domicile-bureau. Mais ça viendra peut-être !
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1 ansJe suis complètement adepte du vélo en ville et je te rejoins, c'est le mode de déplacement du futur en zone urbaine ! Si avoir un vélo de fonction encourage les gens à sauter le pas, alors il n'y a pas à hésiter :)