Vaincre le paradoxe de l'emploi
Gérard Julien/AFP (source : www.lesechos.fr)

Vaincre le paradoxe de l'emploi

Près de 150.000 postes ne trouvent pas preneurs en France alors que le pays compte 3 millions de chômeurs. Comment répondre à cette problématique ?

L'ambitieuse  réforme de la formation professionnelle sonnera-t-elle le glas du paradoxe de l'emploi en France ? Notre pays compte trois millions de chômeurs, et pourtant, chaque jour, des milliers d 'entreprises peinent à recruter les compétences qui leur permettraient de se développer. L'ampleur de ce phénomène se chiffrerait à hauteur de 150.000 postes.  Des postes qui ne trouvent pas preneur faute de candidats - les fameux métiers en tension.

Or ces métiers représentent bien souvent des goulets d'étranglement : s'ils ne sont pas occupés, les entreprises ne tournent plus. Comment faire face à cette problématique ? A mes yeux, trois mesures permettraient d'apporter une réponse concrète.

Former et valoriser

La première consiste à s'inspirer des bonnes pratiques étrangères. En Allemagne, Randstad a noué un partenariat avec un géant de la machine-outil. Les clients de cette entreprise n'achètent désormais plus seulement une machine-outil, mais une prestation qui comprend le recrutement et la formation du technicien en charge de la machine.

La deuxième mesure renvoie à l'image des métiers techniques. Réputés difficiles et mal rémunérés, ils souffrent d'une image dégradée qui ne correspond en rien à la réalité. En cause, une méconnaissance qui s'explique surtout par l'absence de valorisation. La solution ? Montrer la réalité telle qu'elle est !

Charge à l'ensemble des industriels et des experts de l'emploi d'expliquer que les métiers techniques, souvent manuels, exigent des savoir-faire pointus et extrêmement divers. Il faut apprendre aux jeunes qu'un chaudronnier peut tout aussi bien réaliser les cuves en Inox dans lesquelles sont entreposés les grands crus que forger les ailes du Rafale.

Il s'agit aussi de donner aux jeunes, au collège ou au lycée, les informations indispensables pour leur permettre de s'orienter en toute connaissance de cause. Combien de parents rêvent de voir leur enfant travailler à l'usine ? Peu probablement. Ils le seront sans doute davantage lorsque l'Education nationale mettra à disposition, filière par filière, les données relatives au taux d'insertion dans l'emploi, au salaire d'embauche ainsi qu'à la nature des emplois. L'industrie n'aura alors certainement pas à rougir de la comparaison.

Renationaliser et libéraliser la formation

La troisième et dernière mesure porte sur la formation, le nerf de la guerre pour résoudre la problématique des métiers en tension. Je vois deux manières d'y parvenir.

Il s'agit d'une part de « renationaliser » tout un pan de la formation initiale liée aux métiers techniques. L'Education nationale doit de nouveau former les jeunes à ces métiers, en appui sur un référentiel de compétences et des normes de savoir communes, qu'elle seule peut garantir. C'est ainsi que nous pourrons lutter contre la déshérence de certaines compétences techniques. Or ces compétences s'acquièrent aujourd'hui par le seul biais de formations que les entreprises paient à des centres privés, gérés par les fédérations professionnelles qu'elles financent avec leurs cotisations. Les entreprises paient donc deux fois. Inutile et coûteux !

L'autre changement consiste à « libéraliser » la formation professionnelle. Les contraintes administratives pesant sur le CPF - pour être remboursée, une formation suivie dans le cadre du CPF doit être certifiante ou qualifiante - constituent un frein dans l'acquisition de certaines compétences clés. Un exemple : alors que l'impression 3D existe depuis bientôt cinq ou six ans, il n'existe toujours pas de titre professionnel portant sur cette technologie. Impossible, du coup, d'utiliser son CPF pour se former à l'impression 3D, pourtant déjà utilisée par les entreprises industrielles.

Faire preuve d'agilité et de flexibilité est donc indispensable. Le big bang annoncé de la formation professionnelle en prend le chemin avec audace.

 Tribune initialement publiée dans Les Echos du 04 avril 2018

Cecile yoro

assistante de direction

6 ans

Moi même je suis demandeur d'emplois J'ai de l'expérience dans le domaine d'hôtesse d'accueil et secretariat et archivage même dans la sécurité incendie et je recherche un emploie dans le secretariat mais pas de diplôme, à chaque fois que j'envoie mon cv J'ai tout le temps des refus ou sinon personnes vous répondent et des que vous avez rendez vous il disent qu' ont à pas assez d'expérience sur un petit domaine par exemple l'anglais ou la comptabilité sachant qu' il peuvent faire des formations sur les domaines qu' ont à peut d'expérience, moi même je suis d'espérer car il prend que des gens qui ont un diplôme ou qui ont 5 à 10 ans d'expériences. Les patrons pourait faire un effort et prendre des gens qui ont très peut d'expérience et faire une formation ca reduirais le chômage mais bon ils ne font pas, alors comment voulez vous que ça avance pour la réduction de chômage dite le moi.

Philippe Fayet

Responsable du service ressources chez Département de Loire-Atlantique

6 ans

La notion de métier en tension mériterait d'être un peu précisée . il y a en effet deux types d'offre d'emploi qui ne trouvent pas facilement preneur : les offres très peu qualifiées aux conditions de travail difficile (durée très courte, temps partiel et pénibilité) et les offres qualifiées nécessitant formation pointue et le plus souvent expérience (ça fait plus d'un an que je vois une entreprise demander un ébéniste qualifié avec 4 ans d'expérience minimum). Malheureusement, la formation professionnelle ne répond pas à ces problématiques : elle n'est pas utile dans le premier cas et il manque toujours l'expérience dans le second. La formation des jeunes et des chômeurs leur permettrait d'accéder à des emplois de premier niveau de qualification à condition de développer simultanément la mobilité professionnelle des salariés en place.

Jean-Francois valloire

technicien forestier chez Office national des forêts

6 ans

Je crois que tout cela commence très tôt, Je crois qu'il faut commencer par regarder nos enfants tels qu'ils sont, et non comme on voudrait qu'ils soient. On verrait rapidement que certains d'entre eux on leur intelligence dans la tête et d'autres ,plus au bout des doigts. Alors, plutôt que de tout vouloir remettre dans la tête, en condamnant ces derniers à croupir au fond d'une classe jusqu'en 3ème, on leur donnerait la possibilité d'exprimer leur don beaucoup plus tôt.... on ne se demanderait pas si on fait travailler des enfants, tout est affaire de dosage, on se dirait juste, en les voyant évoluer, que c'est là qu'ils sont bien. Actuellement, les études "forcées" auxquelles sont condamnés nombre de nos jeunes est destructeur pour eux, et juste catastrophique pour notre société. Plus tôt nous serons capables de faire cette révolution "à l'envers" plus tôt nous résoudrons ce problème de formation, qui conduit à l'emploi, en même temps que ce problème de déscolarisation qui conduit à la dépendance. Je crois que durant ces dernières decenies, nous avons oublié d'être simples et de raisonner simplement.

LYDIA BUMENN

Adjointe au Responsable Crédit chez Mitsubishi Electric Europe BV France

6 ans

L'entreprise a aussi un rôle dans la formation. Aujourd'hui, j'ai l'impression que l'entreprise souhaite du personnel qualifié sans s'impliquer. L'éducation nationale a certes sa part de responsabilité mais elle n'est peut-être pas la seule.

Alex Garel

Développeur et animateur communauté tech chez Open Food Facts

6 ans

Notre système scolaire ne cherche pas du tout à mettre en adéquation les talents des gens avec les possibles carrières qu'ils pourraient assumer. On n'appuie qu'un petit nombres de talents ceux qui rentrent dans un cadre "scolaire" très étriqué (pas de valorisation de capacités manuelles, relationnelles, créatives, introspectives etc.]. Je dis pas que c'est facile à réaliser, mais je dis que je ne vois absolument rien qui va concrètement dans ce sens. Quand on voit comment les jeunes finalement atterrissent dans des formations "par défaut", comme une punition même, ça n'aide pas. Et les entreprises aussi ne savent pas souvent prendre le risque d'un profil sur le long terme (et là aussi, je ne dis pas, ce n'est pas simple !).

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