Vers la fin de la #Chronologiedesmédias ?
Retour sur la genèse de la chronologie des médias
la chronologie des médias est un phénomène bien français hérité des années 80’s avec l’avènement des chaînes privées et de notamment de #Canal+ .
Assez étonnamment, c’est l’arrivée des socialistes au pouvoir en 1981 qui marque la libéralisation de l’audiovisuel. Après la promesse tenue des radios libres dans son programme, François Mitterrand annonce lors d’une conférence de presse « la naissance d’une 4ème chaîne de télévision qui ne sera financée ni par la publicité, ni par la redevance ». 1 mois plus tard, la loi du 29 Juillet 1982 vient confirmer et élargir cette information avec son premier article mentionnant que désormais en « la communication audiovisuelle est libre ».
Fidèle à ses principes, la France régule très vite ce nouvel ensemble dès 1982 en créant la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle, plus connue aujourd’hui sous le nom de CSA.
Cette 4ème chaîne de télévision n’est autre que la future Canal+, un dossier soutenu entre autres par #JérômeClément (conseiller de #PierreMauroy à la Culture), #JackLang, alors Ministre de la Culture et bientôt confié à #LéoScheer par le président d’ #Havas. Trop précieuse et en pleine croissance économique, la branche publicitaire de l’ancienne agence nationalisée a été récupérée aux 2/3 par l’Etat, la partie information étant devenue l’actuelle #AFP.
Si, à l’origine, il s’agissait d’un projet axé sur la culture, il va vite devenir essentiellement la chaîne de cinéma à péage que l’on connaît sur le modèle de #HBO aux Etats-Unis. Elle est cependant « la seule chaîne payante au monde à faire du clair et du crypté », une spécificité que l’on doit à François Mitterrand qui n’a pas souhaité, accentuer la fracture entre ceux qui pouvaient s’offrir Canal+ et le reste de la population. De la même façon, quand il libéralise les chaînes, pour protéger le système audiovisuel vis-à-vis du privé, il souhaite favoriser la création et protéger les maisons de disque.
C’est précisément dans ce contexte que naît la #chronologie des médias « qui définit l'ordre et les délais dans lesquels les diverses exploitations d'une œuvre cinématographique peuvent intervenir. Cette réglementation a essentiellement pour but la sauvegarde de l'exploitation en salle des films ». Sous l'impulsion de l’union européenne, la chronologie des médias cessera néanmoins d'être déterminée par la voie législative ou réglementaire, pour être l'objet d'accords interprofessionnels.
« Les contrats conclus par un éditeur de services de télévision en vue de l'acquisition de droits de diffusion d'une œuvre cinématographique prévoient le délai au terme duquel la diffusion de celle-ci peut intervenir ». Le texte dispose encore que « lorsqu'il existe un accord entre une ou plusieurs organisations professionnelles de l'industrie cinématographique et un éditeur de services portant sur les délais applicables à un ou plusieurs types d'exploitation télévisuelle des œuvres cinématographiques, les délais de diffusion prévus par cet accord s'imposent à l'éditeur de services » (sic #Wikipedia).
L’évolution de la #chronologiedesmedias
Au début des années 2000, avec l’avènement de la télévision sur internet et des catalogues de films qui viennent compléter l’offre des #FAI , des accords sont trouvés avec le monde du #Cinéma qui vit, après la musique, une vraie mutation.
En 2009, la loi #Hadopi met un frein à l’échange de fichiers et les recadre selon les principes des droits d’auteurs… et sans surprise, dans le même esprit, la loi va favoriser la diffusion et la protection de la création sur Internet.
Très contraignante, elle fixe des fenêtres de diffusion trop larges et se trouve vite en décalage avec une industrie qui se mondialise.
La profession réclame vite de réduire les délais de diffusion ainsi qu’en atteste le rapport #PierreLescure . L’ accord de 2009 est jugé « de l’avis de tous, obsolète, déconnecté de la façon dont le public regarde les oeuvres cinématographiques aujourd’hui, et déconnecté de la vie des oeuvres après leur sortie en salle » dixit la société civile des auteurs multimédia.
Une révision de la loi et des dispositions de la #chronologiedesmedias donc très attendue … mais qui a ses limites.
Le nouveau décret sur la #chronologie des médias de 2009
Ce n'est pas nouveau, le carcan réglementaire français constitue également un vrai frein au développement de l’#audiovisuel . Mais cette fois, le décret publié vendredi dernier au journal officiel sert l’acteur historique de la télévision privée et de la #SVOD en France. #Canal+ sort en effet gagnant et voit son délai de diffusion d'une oeuvre passer d'un an à 8 mois voire 6 -si les entrées du film sont inférieures à 100 000-.
Pas de bras, pas de chocolat …
En revanche, pour la plupart des plates-formes de #streaming , #Netflix en tête, rien ne change : tant qu'elles n'investiront pas dans la production cinématographique française, le délai de diffusion restera fixé à 36 mois. Et si d'aventure certaines voulaient s'engager, elles pourraient réduire cette fenêtre à 15 mois !
Alors exception française, chantage ou protectionnisme culturel ?
Difficile de qualifier cette révision … Ce qui est sûr, c’est qu'il faudra encore du temps pour faire disparaître des principes obsolètes comme celui de la #chronologiedesmédias dans un univers entièrement mondialisé.