Vers une approche positive de la sécurité
Travailler dans la sûreté, la cybersécurité et la gestion de crise aurait tendance à rendre méfiant voire paranoïaque, suspicieux voire angoissé, en tout cas pessimiste quant à la nature de l’homme.
Et si l’on inversait le paradigme !
Si – sans angélisme – on se posait pour principe de voir la nature positive des choses, des situations, des êtres : nul doute que le monde paraîtrait plus facile à vivre. Sur la base d’une expérience forte des problématiques de sécurité tout azimut, après une formation en coaching et l’exercice régulier de cette activité m’aidant à allier mon expérience de manager et mon goût des autres, avec la sensation de retrouver un sentiment d’utilité dans le traitement de chaque cas, j’ai décidé d’ouvrir cette chronique que j’intitule : vers une approche positive de la (cyber) sécurité ! Oui, j’ai de la sécurité une approche globale, transversale, dynamique qui redoute les silos, leurs flots d’égos et de risques endémiques associés.
Régulièrement présenté comme un univers dangereux dans lequel il est difficile de faire régner la loi, taxé d’isoler les individus et de favoriser le repli sur soi, le monde numérique concourt de plus en plus à favoriser l’échange dans des conditions de sécurité renforcées.
Sans minorer les cyber-risques, retenons que la technologie apporte en effet son lot de contrôles propres à renforcer nativement les mesures de sécurité des plateformes d’échanges.
Quelques exemples illustreront le propos.
Pour voyager à moindre coût, le piéton des années pré numériques avaient recours à l’auto-stop. Il suffisait de se poser sur le bord de la route avec ou sans panonceau, et de lever le pouce. Ni le conducteur ni l’auto-stoppeur ne se connaissaient, ils n’avaient aucun moyen communément admis de contrôler leur identité. Ce n’était ni dans les usages du temps, ni dans l’esprit même de l’auto stop. L’auto-stoppeur ne contrôlait pas la validité du permis du conducteur ni la réalité de son assurance ; l'auto-stoppeur au mieux pouvait relever le numéro d’immatriculation du véhicule. Les archives de police débordent de faits divers, de vols commis par l’un au détriment de l’autre, de violences sexuelles voire de viols, de meurtres. L’affaire des disparus de Mourmelon en France en est la tragique démonstration.
Les plateformes de covoiturage présentent dorénavant de multiples avantages : identification du conducteur et des passagers covoiturés, confirmation de l’assurance du véhicule, assurance fournie par la compagnie de covoiturage. Sans verser dans un angélisme béat, le niveau global de sécurité a considérablement augmenté. Certes la fraude est toujours possible, mais le niveau global de sécurité est largement supérieur à celui de l’auto-stop. L’analyse de risque est simple à réaliser.
La confiance accordée dans le dispositif accroît également la confiance entre covoiturés et favorise une plus facile communication humaine, engendre des contacts possibles, d’autant facilités qu’ils sont alimentés par le sentiment d’appartenance à une communauté.
Il en est de même pour les dispositifs de « partage de canapé ». Après un enregistrement sur le réseau, chacun sous condition de réciprocité peut profiter lors d’un déplacement touristique ou professionnel d’un canapé à partager. Idéal pour les aventuriers, les étudiants, les voyageurs à faible revenu. C’est l’aventure de « j’irai dormir chez vous » l’émission d’Antoine de Maximy, mise à la portée de tous.
Ce type de partage s’étend tout azimut à travers les sites d’échanges entre voisins, de partage de services (coiffure contre bricolage, garde d’enfants contre garde d’anciens …).
La combinaison de la persistance de la crise économique et de l’essor du monde numérique porte les valeurs fondatrices de notre humanité, jusqu’alors globalement effacées par la société de consommation. Nos jeunes, car ce sont bien eux les catalyseurs de ces évolutions, réinventent un monde sur la base de la juxtaposition des modèles traditionnels du Sud et des technologies du Nord : on redécouvre le taxi collectif, le troc, l’échange de savoir-faire.
Nous réapprenons la confiance en l’autre, nous la revendiquons. Il y a au-delà de la simple volonté économique de limiter les coûts une ambition plus forte, celle de partager des valeurs, d’aller à la découverte de l’autre.
Cette démarche humaniste n’aurait de sens sans un système considéré comme sécurisé. « Prudence est mère de sûreté » dit le proverbe ; la sûreté est mère de confiance ; la confiance est génératrice de développement économique. En intégrant "by design", c'est à dire par nature, la sécurité dans nos réflexions quel qu’en soit le niveau (politique, économique, social, opérationnel, entrepreneurial, familial ...), nous remontons le niveau de confiance global. C'est me semble-t-il aussi dans cet état d'esprit que gagneront les entreprises modernes car c'est celui, au final, que recherchent nos concitoyens.
Christian Aghroum
Coordonnateur Sûreté Sécurité et Accès chez INTERSOS Hellas- Humanitarian Organization | Plans de mise en œuvre
8 ansMerci commissaire
Spécialiste des reconversions, transitions et orientations professionnelles. Career Coach. Bilans de compétences. Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale. IHEDN. evolutioncarriere.com
8 ansLe discernement et la confiance, tout un programme....
CPP, CBCI & NEBOSH - Corporate Physical Security, Business continuity, HSE, Risks, Security & Human Rights, Travel, HSES/Maritime, ASIS-Intern. member.
8 ansMerci cher Christian de replacer les choses dans leur contexte et de positiver!
Les "Lundi de la CyberSécurité" mensuels - Administrateur de l'ARCSI
8 ansJ'ajouterai à ces excellentes pensées que la question classique : "Quel est le coût de la sécurité des données numériques" me semble pas être la bonne question. Une meilleure interrogation est : "A combien estimez-vous le prix de la confiance que vous accordent vos clients, vos prospects, vos employés, vos partenaires parce que vos données, leurs données, présentent une sécurité suffisante ?