Vers une interdiction du dioxyde de titane dans les aliments
Mieux vaut tard que jamais ! Après avoir autorisé l'usage de cette substance cancérogène, l'Agence européenne de sécurité alimentaire vient de publier une nouvelle évaluation du dioxyde de titane comme additif alimentaire. Elle ne le considère pas comme un additif sûr. La balle est dans le camp de la Commission européenne qui peut décider d'une mesure d'interdiction.
Cette substance n'apporte aucun bénéfice du point du vue des qualités nutritionnelles, du goût ou de la conservation des aliments. Elle sert uniquement à leur conférer une couleur blanche éclatante qui est considérée comme un argument commercial pour la vente de certains aliments (par exemple la mozzarella). Sous l'appellation très discrète de E171, on le retrouve dans de très nombreux aliments.
Ce premier pas en avant ne doit pas faire oublier la multitude d'utilisations du dioxyde de titane dans d'autres productions, notamment dans des cosmétiques, des peintures, des emballages, etc... Un grand nombre de travailleurs sont exposés à cette substance cancérogènes au cours de la production. Un des défauts majeurs du système de régulation des substances chimiques en Europe est de se centrer sur la santé des consommateurs et de négliger la santé au travail. Les expositions professionnelles sont beaucoup plus concentrées et différentes. Elles impliquent généralement des risques très supérieurs à ceux que présentent les articles finaux vendus aux consommateurs.
Voici l'article du Monde du 6 mai 2021 consacré à cette question.
L’Autorité européenne de sécurité des aliments ne considère plus le dioxyde de titane comme un additif fiable
L’E171, qui se présente sous forme de poudre, est constitué de particules de dioxyde de titane. Il est utilisé dans divers aliments pour ses propriétés colorantes (pigment blanc) et opacifiantes. L’EFSA estime qu’il ne peut plus être considéré comme sûr.
L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a estimé jeudi 6 mai que le dioxyde de titane, connu aussi en tant que colorant E171, ne pouvait plus être considéré comme un additif alimentaire sûr.
La France l’avait interdit en 2019 comme additif alimentaire pour une durée de un an, avant de renouveler son interdiction pour 2021. Des chercheurs avaient en effet établi que ce produit pouvait provoquer des lésions précancéreuses chez des rats de laboratoire. Mais il entre encore dans la composition de divers dentifrices, cosmétiques et autres médicaments. Ailleurs en Europe, l’E171 figure dans la liste des ingrédients de nombreux biscuits, chewing-gums, confiseries ou plats préparés.
« En prenant en compte toutes les études et données scientifiques disponibles, le groupe a conclu que le dioxyde de titane ne pouvait plus être considéré comme sûr en tant qu’additif alimentaire », affirme un communiqué de l’EFSA, lequel cite l’un de ses hauts responsables, le professeur Maged Younes.
« Un élément décisif pour arriver à cette conclusion a été que nous ne pouvions pas exclure les problèmes de génotoxicité après la consommation de particules de dioxyde de titane. Après une ingestion orale, l’absorption des particules de dioxyde de titane est faible, mais elles peuvent s’accumuler dans l’organisme », a-t-il ajouté.
La génotoxicité désigne la capacité d’une substance chimique à endommager l’ADN, matériel génétique des cellules, rappelle l’EFSA dans son communiqué, précisant qu’elle a mené cette évaluation à la demande de la Commission européenne.
« Aucun bénéfice aux consommateurs »
L’agence européenne précise que son évaluation sert uniquement à la Commission et aux Etats membres, qui sont les seuls à pouvoir prendre une décision concernant l’utilisation de cet additif. Le Conseil supérieur de la santé belge considère par exemple que le dioxyde de titane est « un cancérigène possible (catégorie 2B) ».
L’UFC-Que Choisir, qui redoutait que l’EFSA remette en cause l’interdiction en vigueur en France, s’est dite jeudi « satisfaite » de l’annonce de l’autorité européenne tout en regrettant qu’elle ne concerne pas également la présence du dioxyde de titane dans les cosmétiques et les médicaments.
De son côté, le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) appelle la Commission européenne à se saisir de l’avis de l’EFSA pour « proposer rapidement aux Etats membres d’interdire l’E171 » dans l’ensemble de l’UE, à la suite de la France.
« L’additif E171 n’est pas nécessaire d’un point de vue technique ; il est utilisé uniquement à des fins esthétiques, n’a aucune valeur nutritionnelle, ne permet pas aux aliments de se conserver plus longtemps », a observé Camille Perrin, une experte du BEUC. « En bref, il n’apporte aucun bénéfice aux consommateurs, et, comme l’exemple de la France l’a montré, les producteurs de l’agroalimentaire arrivent très bien à s’en passer », a-t-elle conclu.
OSH Federal employee & Public Health practioner at Fundacentro (Brazil)
3 ansSi je ne me trompe pas, c'est aussi présent dans les dentifrices