Vers une stratégie continentale pour l’intelligence artificielle en Afrique
Dans une note précédente (Pour un Conseil Africain de l’Intelligence Artificielle, 6 janvier 2023), je soulignais la nécessité pour l’Afrique d’être davantage entreprenante sur le front de l’intelligence artificielle (IA), la « nouvelle grande affaire » de la civilisation humaine. Ici, un regard quasi furtif est jeté sur ce qui devrait être un temps fort de l’ardeur interpelée, à savoir, la très attendue Stratégie continentale pour l’intelligence artificielle en Afrique.
En effet, sous l’égide de l’Union Africaine, dans le cadre du Panel de haut niveau de l’Union africaine sur les technologies émergentes (APET), « une réunion consultative d’experts sur l’élaboration d’une stratégie continentale pour l’intelligence artificielle en Afrique s’était tenue avec succès à Dakar, au Sénégal, du 10 au 13 mai 2022. Elle s’était tenue en marge du 6ème Dialogue exécutif de Calestous Juma (CJED), organisé par le Panel de haut niveau de l’Union africaine sur les technologies émergentes (APET).
L’APET a donné la priorité à l’IA et l’a recommandée en tant que technologie émergente qui mérite d’être exploitée pour le développement socio-économique de l’Afrique. Le groupe de haut niveau a en outre recommandé l’élaboration d’une stratégie continentale d’intelligence artificielle pour l’Afrique, ce qui a nécessité cette réunion consultative d’experts ».
Les propos du Dr William Wasswa, membre de l’APET et responsable de l’intelligence artificielle, cernent bien le bien-fondé d’une telle stratégie :
« Une stratégie continentale globale permettrait aux pays africains d’améliorer l’élaboration et la mise en œuvre des politiques et d’améliorer l’engagement des parties prenantes sur les défis et les opportunités liés à l’IA. La stratégie peut aider les pays africains à développer de manière globale des produits et services technologiques liés à l’IA dans divers secteurs économiques et également modéliser comment les pays africains pourraient améliorer la sécurité des données et protéger la technologie grâce à des cadres réglementaires favorables...
La stratégie peut permettre d’améliorer le renforcement des capacités et renforcer l’environnement réglementaire dans la technologie de l’IA et la gestion des données. De telles politiques habilitantes peuvent répondre aux défis de mise en œuvre existants et systématiques auxquels sont confrontés les innovateurs africains en matière d’IA. La stratégie guiderait également la production de produits de connaissances pour dissiper les mythes et les idées fausses concernant l’adoption de l’IA en Afrique, ainsi que pour améliorer la fourniture de conseils techniques sur la technologie dans les États membres de l’UA. La stratégie devrait être élaborée en consultation avec les experts et les parties prenantes continentales de l’IA. Son processus de développement comprendrait l’intégration des stratégies nationales existantes en matière d’IA et la consolidation de leurs meilleures pratiques au profit du continent ».
On retiendra que les experts ont élaboré un projet de plan pour la stratégie, décrivant 5 piliers clés. À la suite de cette consultation, il était prévu qu’un groupe élargi d’experts se réunirait pour lancer la rédaction de la stratégie avec le soutien de l’APET. Il était par ailleurs prévu que les engagements des parties prenantes pour soutenir la rédaction, l’examen et la finalisation de la stratégie se tiendraient jusqu’à la fin de 2022, après quoi elle serait lancée au premier trimestre de 2023.
Sur le plan de la vulgarisation, trois petites questions s’imposent
1. Qu’est-ce que l’APET?
Recommandé par LinkedIn
Notons que l’APET est présidée par Mme Yaye Kène Gassama, Vice Présidente de l’Académie Nationale des Sciences Techniques du Sénégal (ANSTS), Ancienne Ministre de la Recherche Scientifique du Sénégal
2. Qu’est-ce que le Calestous Juma Executive Dialogue (CJED) ?
A cette question, l’APET répond : « En cherchant à constituer un cadre de décideurs politiques et de décideurs qui défendraient la STI et les technologies émergentes, AUDA-NEPAD et l’APET, en collaboration avec la Commission de l’Union africaine, ont établi le Dialogue exécutif Calestous Juma sur l’innovation et les technologies émergentes (CJED) en 2018. Le CJED a été lancé lors du Forum scientifique sud-africain en décembre 2018. Le Dialogue exécutif Calestous Juma (CJED) consiste en un programme régional de renforcement des capacités nationales de 3 (trois) jours. L’objectif du dialogue exécutif est de renforcer les connaissances et les capacités des cadres, des hauts fonctionnaires, des décideurs et des décideurs africains afin de leur permettre de fournir des conseils techniques aux gouvernements concernant l’innovation et les technologies émergentes appropriées pour leurs pays respectifs ».
Notons aussi que le 7ème Dialogue exécutif Calestous Juma sur l’innovation et les technologies émergentes s’est tenu à Nairobi (Kenya) du 28 au 30 septembre 2022, sur le thème : Nutrition et sécurité alimentaire - Œuvrer pour la nutrition et la sécurité alimentaire en Afrique.
3. Vous avez-dit Calestous JUMA ?
Calestous JUMA (9 juin 1953 – 15 décembre 2017) était un scientifique et universitaire kenyan, spécialisé dans le développement durable. Il a été nommé l’un des 100 Africains les plus influents en 2012, 2013 et 2014 par le magazine New African. Il a été professeur de pratique du développement international et président du programme exécutif Innovation for Economic Development à la Harvard Kennedy School. JUMA a été directeur du projet Science, technologie et mondialisation de l’école à la Harvard Kennedy School ainsi que du projet d’innovation agricole en Afrique financé par la Fondation Bill et Melinda Gates. JUMA a été élu à la Royal Society of London, à l’Académie nationale des sciences des États-Unis, à l’Académie des sciences du tiers monde (TWAS), à l’Académie royale d’ingénierie du Royaume-Uni, à l’Académie africaine des sciences et à l’Académie des sciences de New York. Source : wikipedia.org
Ressources
Évaluation des besoins en intelligence artificielle en Afrique – Rapport Unesco 2021, Whatinote, Initiative IA, avril 2022