Victoire environnementale - et en même temps - non

Corse

Une petite victoire environnementale grâce à l’association Corse U Levante. Je m’appelle Pierre Ferracci, suis à la tête d’un beau groupe, j’édifie dans mon village natal deux petites villas de plus de 300 m2 sur un terrain dominant une des plus belles anses d’Europe non loin de Bonifacio.

Ah vous me dites que ma bétonneuse met les pieds dans un espace naturel remarquable en principe inconstructible ?!

Hé on est en Corse, je suis chez moi et…bien non.

Ça bouge, les petits arrangements entre amis, se font de moins en moins sous le couvert d'une justice de clientèle débordée parfois complice et ce même en Corse où les insulaires eux mêmes laissent passer de moins en moins de choses. La cour d’appel de Bastia a condamné le bâtisseur à régler 1 million d’euros d’amende en juillet 2017 et la Cour de cassation ce 19 mars casse aussi à grands coups de marteau l'autorisation de garder ces villas. Un autre procès aura lieu pour juger de la démolition ou non.

Je résume à grand trait : ce n'est pas parce qu'on est riche et qu'on connait le Président que cela donne le droit de bousiller un coin de nature supplémentaire en toute impunité. Et c’est une victoire opiniâtre de l’association U Levante à qui monsieur Ferrari ne devrait pas renouveler sa cotisation 2019.

Les cétacés et aigles pêcheurs de la superbe réserve classée de Scandola cette fois-ci au sud de Calvi aimeraient qu'on les oublie un peu, qu’on régule les bateaux qui empêchent le balbuzard de vivre dans le silence. Surpopulation, joyau en perdition donc qu'on ne prenne pas leur territoire sacré pour un Luna parc à selfies et à touristes ! Stop ! Sinon moi je m’envole définitivement. 

Pesticide

Alors je sais, pas d’amalgame entre ce que je vais vous dire et une politique environnementale gouvernementale novatrice, fer de lance sur le climat saluée par l’ONU Environnement.

Ça s’est passé vendredi dernier à l'Assemblée nationale où il semble qu’on a encore pas mal de temps pour sauver la planète.

De joyeux pesticides cancérigènes mutagènes etc sont interdits en l’UE mais pas dans des pays plus pauvres à la réglementation plus cool. Le Vietnam pesticidé c’est pour les autres.

Et nous, on les fabrique ces saloperies qui feraient perdre les cheveux à tous les hérissons, enfants, lombrics de la Terre.

On a voté au nom de l’emploi, grâce au lobbying des faiseurs de biens qu’est l'Union des Industries de protection des plantes…mais pas toujours de la santé – On a donc repoussé la fabrication de 2022 à 2025 chez nous … sinon les boites continueront à produire leur chaudron du Diable dans un autre pays. Qu’on se prenne en boomerang ces cochonneries quand elles reviendront dans nos assiettes … ça ce n’est pas dans les éléments de langage. Il y avait 37 députés présents à ce vote, dont 20 En Marche. Résultat des courses aux molécules tueuses ?

27 pour, 3 contre et 7 abstentions. On est content « C’est un bon compromis avec le Sénat très chimie qui avait tout balancé aux orties et cela clarifie les choses » … surtout avec des dérogations possibles de continuer à fabriquer cette soupe après 2025. « Ce vote a défait partiellement ce que l’Assemblée nationale a elle-même voté il y a 5 mois » rappelle Barbara Pompili qui a résisté comme elle a pu, Brune Poirson récente vice-présidente de l'ONU environnement a déploré aussi ce vote…mais sans décision radicale, rappelait l’ami Tanguy Pastoureau tout ce qui est amoral continuera à générer des jobs de pollueurs dans ce domaine et bien d’autres.

Et ce vote a eu lieu quand ? Juste avant la semaine sans pesticide avec comme slogan « Zéro pesticide, c’est 1000 fois mieux pour ma santé et la planète »  zut ! c’était juste pour les jardiniers amateurs. Mais quand même le sens du timing c’est un métier !

Sinon autre actu, le printemps est arrivé officiellement cette semaine ; reconnaissons qu’il avait tenté une OPA inamicale comme on dit chez les tueurs de Wall Street sur l’hiver en nous faisant ressortir nos tee-shirts made in Bangladesh avant l’heure. Là aussi ils ont trouvé un compromis. L’hiver a dit « Laisse-moi encore un peu opérer en montagne au-dessus de 1600 mètres et toi le printemps, fais le boulot en bas et les jonquilles seront bien gardées » 

Denis Cheissoux

Hugo Viel / étudiant - Lionel Daudet / alpiniste - Bruno Ancel / ingénieur minier