Video surveillance/Video protection
Les débats municipaux ne permettent pas toujours d’exprimer un point de vue quand il n’est pas en accord avec la majorité ; le sujet de la vidéo surveillance reste très polémique parce que les installations de caméras, qui peuvent aider à l’élucidation des délits et apporter un sentiment de sécurité, posent plusieurs questions sur l’efficacité, le coût, l’évaluation, les choix politiques.
D’abord notons le glissement sémantique de vidéo « surveillance » vers « protection », qui permet de donner une image rassurante, au lieu d’associer l’outil à une surveillance perçue négativement. Or une caméra, ni outil de protection ni de prévention, ne peut que surveiller et constater des faits.
Les élu.es s’engagent fortement pour ces dispositifs. Ils constatent que la vidéosurveillance est répandue, alors pourquoi s’en passer ? La propagande des marchands de systèmes vidéo incite ainsi les élu.es à filmer les citoyens, et à suivre ainsi, sans réflexion approfondie, des modèles mal évalués.
Le Sénat dans un rapport dédié indique que la vidéosurveillance a un impact relatif sur certaines atteintes à la propriété́ et aucun sur les atteintes aux personnes : certains espaces sont plus propices que d’autres (lieux fermés, parkings, centres commerciaux, avec contrôle des entrées et sorties). Elle est plus performante pour les délits prémédités, mais les attaques de bijouterie illustrent le contraire !
que pour les délits de type impulsif (sous l’emprise de l’alcool par exp). A notre connaissance, la question du genre n’a pas été pensée dans les usages de l’espace public, et aucune évaluation de l’impact sur les incivilités et le harcèlement sexuel n’est disponible.
En somme, une efficacité toute relative pour assurer la sécurité !
Enfin en ce qui concerne l’argent public, l’État et les collectivités engageraient près de 300 millions d’euros en matériel. Un rapport de la Cour des Comptes, jugeait le dispositif coûteux par caméra et pour l'exploitation. A Lyon chaque caméra couterait près de 60000 euros, à ajouter au cout de la maintenance et des salaires des employés.
En conclusion, l’installation de dispositifs de surveillance devrait pouvoir être évaluée, avec des indicateurs d’efficacité, de coût, de politiques de prévention et d’éducation. Et il devrait être possible de débattre de ces questions en toute transparence, sans s’accuser stérilement de dogmatisme.