Vieillissement de la population et niveau de retraite. Quelques réflexions issues du dernier rapport du COR !
A quelques jours de la remise du rapport par le haut-commissaire à la réforme des retraites, un autre rapport, celui du COR était particulièrement attendu et je vous propose une petite réflexion personnelle issue des deniers chiffres de ce rapport sur l’évolution attendue du niveau des pensions au regard du vieillissement de la population.
Pour comprendre les enjeux futurs il est important de comprendre ce qu’est la répartition !
Le principe de base concernant le fonctionnement de nos régimes de retraite est celui de la « répartition », mécanisme basé sur la solidarité intergénérationnelle. Contrairement à un système dit par « capitalisation » où vos cotisations alimentent votre future retraite et uniquement celle-ci, dans le cadre de la répartition vos cotisations financent directement les pensions des retraités. Les retraités sont donc entièrement dépendants de la solidarité des actifs et de leur acceptation tacite (par leurs cotisations sociales) d’assurer le versement mensuel de leurs pensions.
Quels impacts du vieillissement sur le fonctionnement actuel des régimes ?
Les ressources provenant essentiellement des cotisations des actifs et donc de leur nombre et les charges provenant, elles, essentiellement du nombre de retraités, le ratio actifs / retraités est un indicateur particulièrement suivi. Aujourd'hui, pour 1 retraité nous avons en face 1,7 actif. En 2070 ce ratio devrait décroître jusqu’à 1,3.
Au vu de ce chiffre, on peut légitimement s'interroger sur les évolutions futures de nos régimes en termes de financement et de niveau de pension, ce en quoi le COR apporte quelques éléments de réponse sur la stratégie à adopter. Selon les experts, il convient de jouer conjointement sur les 3 leviers suivants (le détail figure dans le tableau plus bas) :
- La hausse du taux de prélèvement global. Compte tenu des niveaux déjà élevés de prélèvements actuels correspondant à 31% des revenus des actifs (dont 80% de cotisations sociales), les hausses futures ne pourront qu’être marginales.
- La hausse de l’âge du départ à la retraite. Cette hausse devrait permettre de financer 30% des besoins liés au vieillissement de la population avec comme objectif un âge de départ à la retraite porté à 64 ans contre en moyenne 62,5 ans aujourd’hui. Cette hausse augmentera mathématiquement le nombre d’actifs tout en diminuant la progressivité du nombre de retraités (et celle de la durée moyenne de perception de la rente)
- La diminution de la pension moyenne relative. Exprimé autrement : une évolution plus lente de la pension par rapport à celle des salaires. Ce levier devrait permettre d’obtenir le maximum d’impact estimé entre 50% et 2/3 des besoins futurs en matière de financement (en fonction de chaque scenario économique étudié) et cela se traduira donc par une baisse du taux de remplacement net. Ce dernier représente actuellement pour un salarié non cadre du secteur privé près de 75% de son dernier salaire net, chiffre qui pourrait passer pour la génération 2000 à 65%....
Quelques questions en suspens :
Ces chiffres présentés par le COR ne tiennent pas compte de la réforme autour du futur régime universel mais quoi qu’il en soit la problématique du vieillissement de la population restera inchangée.
Un des enjeux majeurs pour les années futures reposera sur le taux d’activité des plus de 55 ans et plus particulièrement celui des plus de 60 ans sachant qu’aujourd’hui 28% des personnes ayant 60 ans ne sont ni en emploi ni à la retraite. Comment évoluera ce chiffre dans les années à venir avec d’un côté l’allongement de la durée de travail et en parallèle les évolutions du travail et de son organisation ? Quelle place y auront les seniors ?
Un autre enjeu concerne le taux de remplacement des pensions des cadres, ces derniers servant souvent de variable d’ajustement. On l’a vu en début d’année avec la disparition de la GMP (voire mon précédent article), plus récemment avec la réforme du chômage et demain avec un probable plafonnement des cotisations retraite autour de 120 000 € de revenus annuels ce qui aura des répercussions sur l’acquisition de droits retraite durant leur période d’activité et donc sur le montant de leur future pension….
Un troisième enjeu concerne la redistribution des ressources entre générations durant la période d'activité et son adéquation avec les charges projetées durant la période de retraite dans ce contexte de vieillissement global de la population. Durant la période d’activité : capacité à accompagner ses descendants financièrement mais également ses ascendants (problématiques d’aidances notamment) tout en subvenant à ses charges et en capitalisant pour sa retraite ; durant sa période de retraité : subvenir à ses charges en moyenne pendant 31 ans (pour une femme) ou 28 ans (pour un homme), chiffres attendus pour la génération 2000 et pouvoir anticiper la montée en charge de ses coûts médicaux et d’assistance tout en continuant à accompagner ses enfants, petits-enfants et de plus en plus également ses propres parents qui auront eux également bénéficié de l’augmentation de l’espérance de vie….
Conclusion : le vieillissement un enjeu sociétal qui nécessite une vision plus large de la retraite
A l'aube de la présentation du rapport du Haut Commissaire à la retraite, il est important d'englober le sujet de la retraite dans une réflexion plus large concernant le vieillissement de la population et de ses conséquences en matière d'emploi et d’employabilité, de liens intergénérationnels, de santé et de bien vieillir... autant de facteurs externes qui auront un impact sur notre futur modèle de retraite et qui doivent nous aider à réfléchir à l’évolution de notre société et d’en faire un lieu où chacun pourra trouver un projet de vie collectif et individuel qui l'accompagnera tout au long de sa vie.
CEO, Main Expert Consultant for Life Sciences, Pharma and Biotech, VIII Consulting SAS
3 ansIl faudrait que les cadres de plus de 50 ans ne se retrouvent pas avec personne qui ne veut les recruter en France (dans d’autre pays la séniorité est considéré comme un atout, pas comme un handicap) car ils sont considérés comme trop vieux (trop peu malléables?) et trop chers. Conclusion ils créent leur entreprise et ne cotisent que pour eux et plus pour la collectivité.
Manager de transition / Transformation Finance
4 ansFonds de pension mondiaux de 44,1 billions de dollars (au 31 décembre 2018) gérés, entre autres, par des leaders du marché tels que BlackRock, Rothschild et HSBC. En 2015, 8,5% de la population mondiale (617 millions) avait plus de 65 ans et bénéficie ainsi (au moins partiellement) de régimes de retraite. Ce pourcentage devrait atteindre près de 17% de la population mondiale d'ici 2050 (1,6 milliard). Donc, 1 milliard de bénéficiaires de plus pour une cagnotte de 44 billions de dollars de fonds de pension. L'espérance de vie moyenne en Europe occidentale est de 79 ans pour les hommes et 84 ans pour les femmes en 2019, contre 72,6 ans dans le monde. L'âge minimum de départ à la retraite: 62 ans en 2018. L'âge de la retraite à taux plein sera progressivement relevé à 67 ans d'ici 2023.
Une vérité évidente qu'il est bon de rappeler : si l'activité d'un pays plonge, que ce soit par répartition ou capitalisation, le système de retraite est à risque. Les règles qui définissent la façon de réagir déterminent le niveau de misère qui s'ensuit dans ce cas: réaction immédiate => pas d'amortisseur => situation de détresse. Écouter ceci aide à comprendre le problème https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/la-reforme-a-quel-prix
Directeur Gérant DOUZET Consulting QHSE Consultant Formateur senior Management Communication QHSE plus de 15 000 salariés formés
5 ansBravo Patrick pour votre article tres pédagogique. Par contre le système par répartition ne méritait pas ce qui lui arrive En effet il y a eu une époque ou les versements des actifs étaient très supérieur aux versements des retraités ! Les. gouvernements ont spolié ce solde positif: 1) dans des entreprises qui n'avaient ruen à voir avec les retraites 2) En minimisant le soulte apporté par EDF GDF ( pour exemple ) lors de leur privatisation 3) Ceci est ke cas pour toutes les entreprises publiques qui passent au privé Donc les problèmes d'aujourd'hui sont dus à une gestion aventurière et irresponsable! Il etait facile de prévoir le scénario de l'augmentation des retraités avec l'arrivée de l'effet Baby-boom. Quelle part est prise par le gouvernement dans ces erreurs ?
Ingenieur formation chez Orange Direction Formation France
5 ansPermettez moi de douter de l'alternative retraite par répartition / capitalisation. Cette dernière est un leurre. Ce que les retraités consomment est produit par les actifs dans les deux cas. Et le vieillissement aura le même effet dans que pour la répartition : s'il y a plus de retraités qui sortent leur épargne que d actifs qui épargnent, le résultat sera le même au final. Déficit dun côté,baisse des cours de l'autre. Retour aux fondamentaux, quelle répartition des richesses Les retraités peuvent aussi être créateurs de richesse non marchandes en répondant de manière bénévole a des besoins non solvables