Village Canalisateur : retour sur première réussie et une photographie du secteur des réseaux d’eau et d’assainissement

Village Canalisateur : retour sur première réussie et une photographie du secteur des réseaux d’eau et d’assainissement

Les représentants des organisations professionnelles : Canalisateurs de France, Fédération Régionale des Travaux Publics (FRTP) Bretagne, FRTP Normandie et FRTP Pays de La Loire étaient réunis, pour la première fois, au Carrefour des Gestions Locales de l’Eau. Le point presse organisé sur le Village Canalisateur a permis de dresser une photographie du secteur des canalisations d’eau et d’assainissement.

Conjoncture économique : au niveau national, le CA des entreprises du secteur des canalisations d’eau et d’assainissement s’élève à 4,8 milliards d’euros et le nombre de collaborateurs à 32 000.  2016 marquerait la fin des baisses, consécutives à la crise débutée en 2008, avec une stabilisation de l’activité (entre -1 % et +1,5 % de CA par rapport à l’année précédente). Les appels d’offres « canalisations » en marchés publics accusent une légère baisse de 3 % en 2016, avec un deuxième semestre difficile. Si l’année 2016 a marqué la fin de la baisse, l’année 2017, loin d’être celle d’une franche reprise, devrait consolider la stabilisation. 

Perception des Français sur les réseaux d’eau et d’assainissement : principaux résultats de l’enquête d’opinion réalisée par Harris Interactive pour IDEAL Connaissance et Canalisateurs de France.

La plupart des individus interrogés (70 %) se disent globalement confiants quant à l’état des canalisations d’eau potable qui desservent leur domicile. À contrario, près de 3 Français sur 10 (29 %) se disent aujourd’hui inquiets quand ils pensent à l’état de ces canalisations d’eau potable. Une perception en deçà de la réalité quand on sait qu’1 litre d’eau sur 5 est perdu dans les canalisations à cause des fuites, dues à leur mauvais état, soit près d’1 milliard de m3 d’eau perdu chaque année. L’estimation du gaspillage financier lié à la non-distribution du milliard de m3 d’eau traitée perdue représente 100 millions d’euros par an.

De manière générale (91 %), les Français associent étroitement la qualité de l’eau potable à sa provenance, mais aussi à l’état des canalisations qui assurent sa distribution. Et l’état des canalisations est jugé comme ayant une importance à peu près aussi grande que la source. Cette perception reflète assez justement l’enjeu capital que représentent l’entretien et le renouvellement des réseaux d’eau et d’assainissement pour la qualité de l’eau.

Lorsqu’on leur demande au bout de combien de temps, selon eux, il faut renouveler les canalisations d’eau potable pour assurer la qualité de l’eau, les Français estiment qu’il faut le faire en moyenne tous les 24 ans. Une perception très loin de la réalité du renouvellement des canalisations, quand l’on rappelle que 0,6 % est le taux moyen de renouvellement des réseaux par an en France (soit 5 800 km) et qu’il faudra 160 années pour le changement d’une canalisation d’eau potable. 1,5 milliard d’euros devraient être investis chaque année pour le renouvellement des réseaux, soit le doublement de l’effort actuel.

Qualité des réseaux d’eau potable et d’assainissement : résultats des études réalisées sur la performance des réseaux avec les Agences de l’Eau Loire Bretagne et Seine Normandie, la DREAL, la Région Bretagne et les Fédérations des Travaux publics de Bretagne, Normandie et Pays de la Loire, les Cellules Économiques Régionales de la Construction.

Région Normandie : un taux de renouvellement insuffisant au regard de l’état de la valeur patrimoniale. À effort constant, le rythme de renouvellement des réseaux d’eau en Normandie oblige une durée de vie de 213 ans du matériau - alors qu’elle est estimée entre 60 et 80 ans par Canalisateurs de France. Le taux de renouvellement correspond à la moyenne annuelle du linéaire du réseau rénové dans les cinq dernières années, rapportée à la longueur totale de réseau. L’étude fait ainsi des projections sur les besoins en renouvellement des réseaux dans les années à venir. Afin de respecter leur durée de vie technique moyenne de 60 ans, le coût du renouvellement des réseaux d’eau potable arrivant en fin de vie d’ici les années 2020, soit 44 % des réseaux normands, est estimé à 2,3 milliards d’euros.

Région Pays de La Loire : un taux de renouvellement acceptable mais trop faible pour prévenir le vieillissement des canalisations. Les pertes d’eau potable représentent 39 millions de m3. L’indice linéaire de perte moyen régional atteint 1,5 m3/km/jour, pour une densité de réseau moyenne de 23,7 abonnés/km, soit un ratio considéré comme acceptable. Le réseau se renouvelle sur un rythme annuel moyen de 0.63% sur les cinq dernières années. Conscient de la nécessité de prévenir le vieillissement des canalisations, les services se dotent de schémas directeurs et d’inventaires des réseaux.

Conclusion : des pistes pour une gestion patrimoniale de long terme

Le regroupement des moyens qui prennent place suite à la réforme territoriale (loi NOTRe) devraient contribuer à une meilleure gestion patrimoniale. Sous réserve de taille adaptée, de pragmatisme et de réelle volonté, cette mutualisation devrait permettre de fixer les programmes annuels d’investissement : renouvellement, extensions, renforcement, et des priorités, établies de manière à pallier l’incapacité de certaines communes à faire face aux besoins de renouvellement.

Encourager les collectivités dans la connaissance de leur patrimoine parait indispensable pour évaluer le rythme annuel des travaux à entreprendre et leur financement. La transmission de données est essentielle au plan local comme national.

Rappelons que la loi prévoyait que les collectivités aient réalisé l’inventaire de leur réseau à l’échéance du 31 décembre 2014. Au regard de la remontée des informations et du niveau de connaissance actuelle, il s’agit de s’interroger sur les difficultés de certaines communes, notamment en milieu rural et les raisons pour lesquelles ils n’ont pas pu être réalisés.

Des outils indispensables au déploiement d’une gestion patrimoniale existent, tels que la numérisation des réseaux, la mise en place d’un SIG (historique des casses de conduite, des renouvellements,...), la modélisation et les diagnostics de réseau, la prospective budgétaire permettant de mettre en adéquation les besoins financiers liés à des programmes pluriannuels de renouvellement de canalisations et l’évolution du prix de l’eau.

 

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