VIVA-TECH, TECH, TECH !

Une promenade sémantique chez Viva Tech, le salon de la technologie qui se tient Porte de Versailles. Petite cueillette subjective de vocabulaire tech.

Apprendre et à ne pas laisser

Dès l’entrée du salon, la pédagogie est décidément au rendez-vous ! Avec des « learning tour » en compagnie d’experts du digital.

On passe de la « gamification », à « l’adaptive learning », aux « serious game », à  « l’escape game »…

On peut  tenter des expériences, créer le futur donc, tout le monde possède son « Lab » : de TF1 à Africa@Techlab.

Pour pousser les jeunes pousses et les jeunes tout court vers la réussite, il y a le « coaching », « le mentoring » avec des personnalités inspirantes, des maîtres. Très présent aussi « le monitoring », autrement dit l’assistance, par exemple avec ce scooter électrique et connecté Ujet grâce à  son GPS, son bluetooth promet je cite : « the most intuitive ride and advanced safety monitoring » ! A vérifier !

Assistance, encore, avec mon chouchou , « le robot SNCF » capable de vous adresser un regard brillant de cœurs si vous lui faites des compliments !

Bref, vous l’aurez déduit de votre visite à Viva Tech malgré le digital et les applis les vraies rencontres physiques ont toujours du succès.

Papier et digital

On aime le digital mais à Viva Tech, les supports papiers restent présents. HEC confirme ce diagnostic. Au stand de la célèbre école de commerce, on renouvelle en permanence le stock des catalogues de formations. Et les journaux et dossiers de presse (même pour les start-up) s’échangent avec profusion. Même Viva Tech possède son journal papier. Quant au « Drench » c’est un nouveau journal distribué aux étudiants. Il lance un débat en donnant la parole aux pours et aux contres. « Drenche » pourquoi ? Parce que dans ce mot inventé on trouve « droite », « centre » et « gauche ». Nouvelle tendance ? La « droite », le « centre », la « gauche » valeurs mortes ou confuses ?  

Partout, tout autour de vous, des conférences avec les start-up qui défendent  leurs « pitchs ».

A deux pas du stand LVMH, une longue file d’attente….Des spécialistes parlent des bagages Vuitton connectés avec un « tracker » qui depuis votre smartphone géolocalise votre valise préférée ! Mais si autant de gens se  pressent dans cette file d’attente, c’est pour écouter les nouveaux gourous du numérique. Maîtres et inspirateurs sont toujours de mise. Une jeune fille et son fiancé sont excités à l’idée « d’écouter le CEO d’Uber ». Et puis « Zuckerberg c’est à quelle heure ? » se demandent des étudiants impatients. Ils trépignent, ils s’impatientent !

A propos de Zuckerberg, Facebook fait aussi dans le « présenciel »  et l’apprentissage. La firme annonce le « boost numérique » avec des ateliers gratuits autour des réseaux sociaux. Comme Google ? La bataille du savoir a bien lieu !

Les verbes made in Vivatech

Si vous êtes une start-up, vous êtes « accéléré » par un grand groupe ou « incubé »…A condition d’être « disruptif » et « à forte croissance » précise le représentant d’un incubateur lillois baptisé « Euratechnologie ». Il s’agit même d’être « growth enabler ».

A côté « d’accélérer » (ou « scale »), les autres verbes phares sont : « connecter », « augmenter », « modifier », « mesurer ».

D’ailleurs de nombreuses sociétés mettent en avant leurs algorithmes doués pour « mesurer » les « datas ».

Les mots qui taguent, les phrases cultes

Toujours en anglais ! Le bien-être devient « doing well by doing good », c’est la formule de la start-up française Skinjay s’associe à la Roche-Posay pour octroyer à chacun de diffuser des huiles essentielles dans sa douche !

Et l’atmosphère est au positif au « Tech for goods », au « positive banking » de BNP Paribas, à « l’harmonious progress » d’Engie, à « l’human beyond digital » de Vinci. Il faut suggérer que le digital se recentre sur l’humain.

Pour justifier les bienfaits de l’innovation, on raconte des « use case ». Un nouveau format de discours.

Chaque grand groupe héberge sa ruche de start-up comme si cela offrait aux marques établies un « ticket de juvénilité ».

En tous cas, bravo Orange, les projets fourmillent ! Bonne idée d’épauler sur son  stand « Roger Voice », une appli qui donne aux malentendants la possibilité de téléphoner. Oui, l’appli est gratuite et oui la voix de votre interlocuteur est aussitôt écrite. On peut être bon altruiste et gagner de l’argent !

Le territoire c’est la tech

Tout est tech : « Africa@Tech »,« HealthTech »,« Foodtech », « French Tech ». Les territoires s’exposent. Les pays et les régions semblent désormais  d’abord posséder une identité technologique. Pour s’en rendre compte, passez par la case Russie.

Pendant ce temps, des petits malins (sans doute extra-lucides) font la promotion, à la sortie du salon, d’un service de voyance destiné aux start-up. Dans la brochure « speachme », on trouve de très bonnes phrases comme :  « Is your company millennial-ready ? » et même « Capture  baby boomer’s expertise before it’s too late ». Evidemment, ces phrases sont en anglais, pourquoi pas ?

Mais seul regret, celui que j’adresse à la RATP. Société d’abord française qui  clame « #RATPlovesstartup » ! La French tech existe et la RATP sait habituellement célébrer la langue française et la poésie. On aurait aimé lire cette déclaration d’amour aux start-up en français. « #RATPkiffestart-up » ça marche aussi !