Vos campagnes de Paid media en santé ne servent à rien car personne ne les voit vraiment... (pour l'instant)
Vous l’aurez compris cet article se veut naturellement un peu provocateur (ou un peu salé diront certains) mais il vise à faire réfléchir plus en profondeur sur l’utilisation des campagnes de Paid Media et en particulier dans le domaine de la santé. Aujourd'hui nous allons voir ce dont on ne vous parle pas (ou pas assez) et que vous n'envisagez certainement pas lorsque vous analysez les résultats d'une campagne de Paid Media.
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Mais avant cela une petite aparté pour rappeler au moins à l'aise d'entre nous ce qu'on entend par Paid Media. Le Paid Media correspond à l'acquisition d'espace publicitaire sur le web. Cela peut passer par divers canaux tels que les bannières web, les posts sponsorisés, les vidéos en pré-roll (diffusion d'une pub avant la vidéo) ou encore l'achat de mots clés (Paid Search) par exemple.
Alors que la première publicité en ligne apparaissait en 1994 sur le site du magazine Wired, aujourd’hui ce secteur représente un marché de 4.2 milliards d’internautes dans le monde pour un budget estimé à 250 milliards de dollars utilisés annuellement en publicités sur le web. Cette première bannière publicitaire a mesuré un taux de clic, ou CTR (click through rate) de 44%. Mais les choses ont bien évolué depuis : désormais, le CTR avoisine les 3% pour de l'adword sur Google et 0.4% pour une bannière web classique. Autant vous dire que l'âge d'or est aujourd'hui bien derrière nous, noyé dans une publicité massive et quotidienne sur le web.
Il devient de plus en plus complexe de se faire une place sur la toile, en particulier dans ce domaine très réglementé qu'est celui de la santé. Et la course au CTR, CPC (coût par clic), temps de visionnage, taux d'engagement.. peut vite faire tourner les têtes et échauffer les esprits. Mais une composante fondamentale de ces campagnes est toujours aujourd'hui bien trop négligée : la qualité de la donnée récoltée.
Une grande partie des utilisateurs d'internet n'existe pas réellement..
C'est un constat réalisé par la société de cyber sécurité Imperva pour l'année 2021 après l'analyse de milliards de données web. La société estime à environ 42% le nombre de bots à l'échelle mondiale (32,5% pour la France). Plus d'un utilisateur d'internet sur 3 ne serais donc pas un vrai humain derrière son écran. Mais plus inquiétant encore, sur les 2/3 restants une proportion importante serait également constituée de faux comptes et faux profils générés par des humains. Beaucoup d'entre nous ont l'image des "fermes à clics" à l'esprit. Ces entreprises spécialisées dans le faux engagement sur les sites et en particuliers les réseaux sociaux fleurissent à vitesse grand V. Sur les 2 dernières années Facebook aurait supprimé pas moins de 15 milliard de faux profils utilisateurs. Ce sujet étant d'ailleurs d'actualité avec l'interruption du rachat de Twitter par Elon Musk au motif que celui-ci considère que le réseau social n'est pas transparent sur la proportion de faux profils Twitter. Le réseau social affichant en effet un taux de 5% de profils fake contre environ 20% selon des études indépendantes.
Il est très simple aujourd'hui par exemple d'acheter des vues sur ses vidéos youtube ou des likes sur instagram, les entreprises proposant ce type de service ayant pignon sur rue.
De fait la probabilité que le succès affiché d'une campagne soit en réalité du fait d'un annonceur peu scrupuleux, vous vantant des résultats exceptionnels qui ne sont en réalité que de la poudre de perlimpinpin sous stéroïdes de bots et fermes à clics, devient non négligeable.. De même rien n'empêche l'un de vos concurrents de faire artificiellement monter vos taux de clics pour vous donner une facture salée basée sur du vent...
Les développeurs rivalisent d'ingéniosité pour créer des Bots plus vrais que nature, une étude de 2015 a permis de déjouer une activité illégale de boting de grande ampleur ayant générée entre 200 et 400 millions d'impressions par jour.
Ces bots possédaient des comportement avancés rendant difficile leur détection tels que :
Vous l'aurez compris il est primordial de mettre en place des mesures afin de garantir que le trafic enregistré sur vos campagnes est bien un trafic réel et non artificiellement gonflé ! Cela passe par quelques réflexes à adopter, comme exclure le trafic issu de profils aux comportements définis comme suspects, s'inquiéter de résultats anormaux sur une très courte période ou encore comparer le résultat de campagnes similaires. S'entourer de spécialistes de la data et collaborer avec une régie publicitaire ayant des partenaires de confiance est indispensable à la réussite de vos campagnes de Paid Média.
Vous payez une campagne que personne ne verra..
La rhétorique est acerbe j'en conviens, mais pas si éloignée en réalité des comportements utilisateurs que l'on observe dorénavant. En effet, des études ont montrées que la vision des lecteurs s'était adaptée à la présence de bannières publicitaires. De par son entrainement à éviter à tout prix d'être exposé à des informations inutiles, en l'occurrence des publicités, l'œil est capable de cibler très rapidement les passages qui l'intéresse et de ne garder dans son tri uniquement les informations importantes, c'est ce que l'on appelle l'attention sélective.
Mesurer l'efficacité d'une campagne uniquement au nombre d'impressions n'est pas donc pas l'idée du siècle.. Avoir des displays qui sont directement intégrés à la charte visuelle du site peut être une solution de repli ou à l'inverse développer des formats plus innovants qui vont jouer sur cette attention sélective pour essayer d'obtenir l'attention de l'utilisateur peut être également envisageable pour espérer obtenir de meilleurs résultats.
Outre ce problème, il arrive également que certains acteurs peu scrupuleux facture une impression alors que votre display n'a même pas été visible de cet utilisateur (qui on le rappelle, ne le regarde de toute façon déjà pas). Par exemple dans le cadre de site dits en "one page", il peut arriver que l'impression soit facturée au chargement de la page et pas à l'apparition réelle du display à l'écran, votre display sera donc peut être affiché en pied de page, donc non visible de l'utilisateur... mais quand même facturé.
Un moyen de bien anticiper ce type de problème et de ne travailler qu'avec des entreprises s'engageant à respecter les normes dictées par l'IAB (Interactive Advertising Bureau). Cette association crée en 1998, a pour but structurer le marché de la communication sur Internet, favoriser son usage et optimiser son efficacité. Elle a donc édité un certain nombre de normes apportant une garantie minimale de service à respecter. Par exemple, dans le cadre des normes IAB, un temps minimal d'affichage réel d'une publicité à l'écran doit être réalisé afin que celle-ci soit comptabilisée comme une impression. Ainsi avoir un partenaire s'engageant à suivre ces normes devrait vous prémunir du problème précédant. Rien ne vous empêchera par ailleurs dans le cadre de votre campagne de l'auditer pour vérifier le respect de ces normes si il s'y est engagé bien entendu (on est jamais trop prudent).
Un autre point à prendre en compte, faites également attention aux annonceurs ne fixant pas un nombre de répétitions maximal (ou un nombre trop élevé). Une personne exposée pour la 60ème fois sera au mieux non réceptive à votre message, au pire détestera définitivement votre marque.
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Comme nous avons pu le voir, il est donc toujours très important de bien se renseigner sur le cahier des charges fixé par son annonceur et sa régie publicitaire afin de s'assurer que les objectifs de la campagne seront correctement respectés. Il convient également de privilégier des formats favorisant l'interaction devant les impressions, ce qui permettra de mesure plus facilement si un utilisateur a été exposé à son display.
Vos résultats de campagne ne correspondent probablement pas à la réalité..
Une question a toujours se poser lorsque l'on termine une campagne est " Est-ce que ces résultats ont du sens?". Lorsqu'une campagne parait beaucoup trop performante pour être vraie, c'est que c'est souvent le cas ! La prudence est donc de mise dans l'interprétation des résultats..
Si demain vous devez réaliser une campagne auprès de posts vidéos auprès des pharmaciens sur Linkedin par exemple et que vous obtenez un taux de complétion des vidéos de 70%. Soit votre vidéo est sans doute la plus intéressante du monde, soit la méthode de calcul n'est pas la bonne et vous comptabilisé les vidéos chargées en cache.. Ou alors peut être que le réseau social se trompe dans sa manière de vous faire remonter les chiffres. Cela a été le cas en 2016 lorsque Facebook a du reconnaitre une erreur dans son système de calcul du temps passé sur les vidéos. Celui-ci gonflait en effet artificiellement la durée de visionnage. De quoi faire de grandes assomptions sur de simples erreurs de calcul.
Une tendance générale qui émerge dans le marketing digital (et peut être même dans le marketing en général) est la proportion à fuir les échecs, et donc à éviter leur interprétation, de manière plus ou moins indue. En effet, on assiste régulièrement dans les entreprises à des changements de fusil d'épaules lorsque l'on révèle les résultats d'une campagne. Un taux d'interaction exceptionnel avec sa campagne de display devient la panacé qu'on attendait tous (alors qu'à la base c'est l'engagement qui était visé), ou encore une vidéo particulièrement likée en proportion devient l'expérience de la décennie (mais dont le taux de visionnage frise le ridicule), sont autant d'exemples de rétropédalage auquel on peut être coutumier dans le milieu.
En réalité apprendre d'une mauvaise campagne est une très bonne chose qu'il faut pouvoir accepter. L'environnement du Paid Média est hyper concurrentiel et soumis à un nombre de facteurs et d'aléas importants, il est donc normal de ne pas performer à chaque campagne. L'essentiel étant de prendre le recul nécessaire pour faire son analyse approfondie dans de bonnes conditions. Si des comportements qui émergent d'une campagne vous semblent suspects, c'est qu'ils le sont probablement.
Fixer ses objectifs de campagnes en amont d'une campagne et ne surtout pas les modifier en cours de route est un requis obligatoire vous l'aurez compris. Il est également crucial de toujours se positionner face à un référentiel, et de chercher les raisons de tout écart à celui-ci. Enfin il faut également réaliser de manière régulière des panels de sondages ou des Market research afin de vérifier que l'exposition de sa cible a réellement eu lieu, et qu'une armée de bots bien entrainée par un concurrent n'est pas à l'origine d'une surperformance.
En conclusion
Si vous deviez suivre 3 conseils simples à mettre en place pour éviter que la prédiction du titre de cet article ne se réalise, ils pourraient être les suivants :
En adoptant ces réflexes vous devriez être en mesure de savoir si l'argent que vous dépensez au cours de vos campagnes est bien utilisé pour des utilisateurs qui seront susceptibles d'être engagés et non pas des utilisateurs fictifs, absents ou mal quantifiés.
Pour aller plus loin, je vous conseille fortement la lecture de cet article qui permet de prendre une peu de recul sur vos campagnes :
Sources :
https://www.sharing.agency/premiere-banniere-publicitaire/
Sales
2 ansHello Marc, Merci pour ce partage de grande qualité et preuve d’honnêteté, par dessus tout. Bruno
We bring Aesthetic Medicine to the next level, supercharged with innovative cares and medical support.
2 ansBonjour Marc, merci pour cet article intéressant! Effectivement, une analyse détaillée de bout en bout est nécessaire et il faut se méfier des résultats trop beaux (ou se poser des questions sur son tracking dans le cas contraire !). Des solutions existent pour limiter la fraude comme IAS (Integral Ads Science) mais rares sont les acteurs de notre verticale à le proposer, question de maturité mais aussi de volume (On peut se demander quel va être l'intérêt auprès d'une cible de niche d'onco-hémato par exemple). Les études de type "Brand lift" sont très intéressantes mais ne peuvent s'activer que dans le cadre de campagne de communication grand public ou presque, étant qu'il faut être en mesure d'isoler un échantillon cible représentatif qui ne sera pas exposé aux publicités. Quand on achète auprès d'un site éditeur (Medscape par exemple), plus qu'une audience c'est un comportement d'audience qu'il faut vérifier et acheter (à quoi me sert une database de 10 000 spécialistes si seulement 1 000 d'entre eux se connectent chaque mois au site éditeur ?). Enfin il est vrai que les formats innovants sont un très bons moyens de performer ! Les gens finiront toujours par se lasser d'un format, alors autant ne pas hésiter et tester !
Head of Sales Europe & Global Strategic Projects
2 ansC'est toute la question, ne pas confondre, quantité avec qualité! De plus bien préparer la campagne évite bien des écueils. Très bon article, mais un peu effrayant
Fondateur de VMed / Ad4Health
2 ansSuper article Marc ! Bravo
PharmD | Key Account Manager e-santé oncologie @Continuum+
2 ansSuper article Marc, merci ;)