Vous (re)prendrez bien un peu d'espoir ?

Une nouveauté ? Une nouveauté !

Toutes les deux semaines, je vais m'efforcer, sans autre prétention que celle d'être un "passeur" de lumières que d'autres ont allumées, d'éclairer un concept de psychologie positive par le biais de cette newsletter. Peut-être aussi (et seulement si le succès est au rendez-vous, si vous êtes présents, si vous commentez, si vous en redemandez) organiserons-nous au fil du temps, des interviews de chercheurs et de praticien.ne.s en psychologie positive, en particulier, de celles et ceux qui explorent ses applications en coaching et dans les organisations.

Et puisque c'est le début d'année, commençons par des "v(o)eux" (et parlons de deux des quatre ingrédients du capital psychologique).

La newsletter suivante parlera de motivation !

Et si on remplaçait la magie

par le capital psychologique ?

En début d’année, il est fréquent que chacun d’entre nous formule des vœux. Si cela me semble être une bonne chose d’exprimer des souhaits positifs à l’intention de personnes que nous apprécions (et pourquoi pas des autres aussi d’ailleurs 😊 ), il n’en reste pas moins que ces incantations relèvent tantôt de la simple convenance, tantôt de la pensée positive … Comme si soudain, dotés de pouvoirs magiques, nous avions la capacité par ces quelques mots lancés à la volée, de protéger nos proches du malheur, voire d’attirer sur eux (et sur nous) un sort positif.

Voyons les choses positivement, ce faisant, nous faisons preuve d’optimisme et c’est une bonne chose : l’optimisme constitue en psychologie positive une importante ressource psychologique à condition qu’il ne voyage pas seul. S’il voyage seul, l’optimisme, cette « capacité à être confiant dans l’issue positive d’un évènement » peut en effet s’avérer fataliste en ce qu’il ne relève pas de notre contrôle et pourrait de ce fait nous maintenir dans l’inaction.

Et s’il est des inactions heureuses (qui valent mieux que des actions erronées), il en est aussi parfois de coupables.

Un exemple ?

Je suis optimiste quant au fait que je vais perdre du poids en 2022 (comme je le suis depuis quelques années d’ailleurs… sans que le résultat soit à la hauteur de mes espérances 😊).

En effet, et je suis désolé de décevoir les plus enthousiastes d’entre vous 😊, ce type de vœux et cet optimisme ne fonctionnent pas (ce qui je le rappelle n’empêche pas de les exprimer : ils ont le mérite de nous permettre de dire à autrui qu’on lui souhaite du bien et cela constitue un premier bénéfice énorme tant pour nous que pour autrui : cela renforce nos relations et les alimente positivement ).

Faut-il alors désespérer que l’année à venir soit bonne, voire meilleure ?

Que nenni 😊

Il y a toutefois plus efficace que les vœux si nous voulons qu’il arrive du bien à autrui…à soi et au monde. Il y a … les « veux ».

La bonne nouvelle : ça peut même commencer par un vœu, par un souhait également… Cela doit toutefois ensuite entraîner un passage à l’acte. L’intérêt : « des » (et non pas « les ») résultats sont garantis !

Et si vous formuliez des « veux » ?

J’ai évoqué le capital psychologique et l’un de ses composants, l’optimisme.

Cet ensemble de quatre ressources psychologiques est abordé durant les formations de praticien.ne en psychologie positive développées par Positran et que nous avons le plaisir d'assurer en Belgique. Première de ces quatre ressources psychologiques : l'optimisme donc.

Passons à l’ingrédient suivant : l’espoir.

Mais… optimisme, espoir,

c’est la même chose me direz-vous…

Pas tout à fait. Que dis-je, pas du tout ! Si dans le langage courant, ces deux termes sont proches, en psychologie positive (et plus précisément quand on traite de ressources psychologiques), optimisme dispositionnel et espoir-trait constituent deux « objets » de recherche bien distincts.

Soulignons toutefois et tout d’abord qu’ils présentent des points communs à toutes les ressources psychologiques : ce sont en quelque sorte les conditions pour être admis dans la prestigieuse famille de ces ressources.

Caractéristiques des ressources psychologiques

1. Première caractéristique partagée par les ressources psychologiques ? Ce sont des ressources… C’est-à-dire que des recherches montrent qu’elles produisent des effets positifs sur la santé mentale, sur la santé tout court, sur le bien-être… Elles ont ainsi des effets protecteurs sur le stress et sur la santé psychologique et contribuent à la satisfaction et au bien-être.
2. Vous avez vu les termes « dispositionnel » et « trait » accolés aux termes « optimisme » et « espoir ». Les ressources psychologiques sont stables. Il ne s’agit donc pas ici d’étudier un optimisme qui n’aurait trait qu’à un évènement particulier.
3. Les ressources psychologiques sont malléables. Ce qui veut dire que, si elles sont stables, il s’agit toutefois de ressources sur lesquelles nous conservons un pouvoir d’action et que nous pouvons développer, améliorer, fut-ce parfois provisoirement.
4. Quatrième caractéristique : elles sont renouvelables. En d’autres termes, votre réservoir est bien chargé et vous ne tomberez pas (trop) facilement à court. Ce n’est pas parce que vous avez tiré une rafale d’optimisme que vous n’en aurez plus 😊. Bon, on a dit renouvelable, on n’a pas dit inépuisable…
5. Cinquième caractéristique de ces ressources : elles doivent être mesurables. C’est en effet une condition sine qua non pour qu’elles puissent être étudiées et que leur impact puisse être vérifié.

Optimisme et espoir ont donc ces choses en commun.

Pour le reste, optimisme et espoir

sont très différents !

L’optimisme, nous l’avons dit, n’induit pas d’action. Il s’agit d’une propension à penser, plus souvent que d’autres, que les choses vont bien se passer. Isolée, elle pourrait donner lieu à une certaine passivité, à un manque de lucidité, à un manque de proactivité et de réactivité. Et c’est ce qui pourrait se passer avec les vœux : je vous souhaite de bien réussir vos examens… Je vous souhaite une bonne santé… Comme si « quelqu’un » ou « quelque chose » allait y veiller.

Mais ajoutons-y l’espoir-trait et tout change.

L’espoir-trait est un concept que j’ai découvert grâce à Evie Rosset chez Positran, que j’ai approfondi avec l’ouvrage « Les ressources psychologiques » d’Antonia Csillik (comment ? Il ne figure pas dans votre bibliothèque ?) et que Yann Delas, Charles Martin-Krumm et Fabien Fenouillet décrivent très bien dans un article dont vous trouverez les références ci-dessous et qui est accessible en ligne.

L’espoir fait vivre ? L’espoir est vie !

Nous définirons ici l’espoir-trait comme :

«une anticipation (générale) positive (relativement stable) vis-à-vis de la capacité à :

•     s'engager (composante motivationnelle) dans
•     trouver (composante opératoire)

des façons d'atteindre des buts que je choisis et sur lesquels j'ai prise ».

Cette définition inclut différentes dimensions qui constituent pour l'individu (et pour l’intervenant : un coach par exemple) autant de portes d'entrée pour la réflexion et pour l'action :

•     Les buts et la capacité à s’en représenter, à s’en fixer ;
•     La composante motivationnelle (I can) ;
•     La composante opératoire (I will).

En clair ?

Je nous souhaite donc

de formuler des « veux » …

 … et d’activer ainsi les composantes opératoire et motivationnelle de l’espoir, de ne pas nous en remettre au sort. Je nous souhaite d’agir (à commencer par moi).

Je te…je vous… je me souhaite une bonne année … et je vais faire en sorte d’y contribuer ? C’est ça !

Et vous ? Quels sont vos « veux » ?

Références :

Csillik, A. (2017). Les ressources psychologiques. Apports de la psychologie positive. Malakoff : Dunod.

Delas, Y., Martin-Krumm, C., & Fenouillet, F. (2015). La théorie de l’espoir : Une revue de questions. Psychologie française, 60(3), 237–262.